Découvertes pétrolières majeures à Somaliland risquent conflit régional
Une fuite d’informations sur les détails de l’accord entre l’Éthiopie et la Somalie non reconnue internationalement, prévoyant la location par Addis-Abeba d’une zone de 20 kilomètres près du port de Berbera en échange de la reconnaissance de la Somalie en tant qu’État indépendant et d’une part de 20% dans la compagnie aérienne éthiopienne, n’est pas la seule motivation derrière cet accord.
Malgré les gains stratégiques et économiques potentiels pour les deux parties contenus dans cet accord, des sources africaines ont révélé à Al Jazeera que de gigantesques découvertes pétrolières au large des côtes de la Somalie, plus précisément le long de la vallée de Nogal entre la Somalie et le Puntland, constituent une incitation pour l’Éthiopie à conclure cet accord, étant donné qu’elle importe tout son pétrole.
Un risque de conflit armé régional
La poursuite de la mise en œuvre de l’accord annoncé de manière inattendue le 1er janvier dernier pourrait entraîner un conflit armé pouvant se transformer en guerre régionale dans cette région. La ville de Las Anod, capitale administrative de la région du Sool en Somalie, située le long de la vallée de Nogal riche en pétrole entre la Somalie et le Puntland, en constitue le centre.
Les craintes ont été exprimées quant à la possibilité que cet accord et ses conséquences entraînent un recul dans le processus de reconstruction de l’État somalien et de ses institutions, et qu’elles offrent une nouvelle chance au groupe extrémiste, les Shebab, de revenir à la vie.
Des réactions et des préoccupations
Le Professeur François Fray, de l’Université sud-africaine de Stellenbosch, estime que l’accord ne bénéficie pas du soutien des acteurs clés en Somalie et dans la région. Il souligne que la violation de la souveraineté nationale due à l’adoption par une région semi-autonome d’un comportement étatique est le principal problème.
Interrogé sur la possibilité de conflits dus aux importantes découvertes pétrolières au large des côtes somaliennes, Fray souligne que la revendication territoriale de l’Éthiopie découle de ses besoins en pétrole, ce qui pourrait entraîner des tensions liées au contrôle des réserves maritimes.
Les enjeux régionaux et internationaux
Le professeur exprime son scepticisme quant à une possible guerre entre les pays de la Corne de l’Afrique pour le contrôle des réserves de pétrole en mer sans le soutien de puissances extérieures majeures. Il souligne le rôle de la Turquie dans la protection des eaux territoriales et économiques somaliennes en échange d’avantages économiques encore inconnus.
Il souligne également que la présence éthiopienne en Somalie pourrait conduire à une alliance entre les Shebab et le gouvernement fédéral somalien contre cette présence étrangère, risquant ainsi d’intensifier les tensions régionales.