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Dar Wadaï au Tchad, berceau de l’Islam et de l’arabe en Afrique

par Sara
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Dar Wadaï au Tchad, berceau de l'Islam et de l'arabe en Afrique

Dar Wadaï au Tchad, berceau de l’Islam et de l’arabe en Afrique

Un des territoires de la République du Tchad, situé dans la partie orientale du pays avec pour capitale la ville d’Abéché, abritant environ 997 000 habitants, Dar Wadaï a été le bastion du royaume de Wadai fondé en 1611 par Abdel Karim ibn Jumah. Selon les sources historiques, il est issu des abbassides qui ont fui l’Irak après l’invasion des Mongols.

Abdel Karim et ses successeurs ont établi l’un des royaumes islamiques les plus puissants au Moyen-Soudan pendant l’époque médiévale, promouvant l’Islam parmi les tribus africaines et encourageant la construction de mosquées. Le royaume est devenu un centre majeur de la culture islamique et de la langue arabe, rayonnant vers les pays d’Afrique centrale.

Image aérienne des oueds Moura, entre Abeche et Farchana, près de Hadjer Hadid, dans la région du Ouaddaï, à l'est du Tchad, le 22 mars 2019. (Photo by Amaury HAUCHARD / AFP)

Position géographique et division administrative

Le territoire de Dar Wadaï se situe dans la partie orientale de la République du Tchad, bordé à l’est par la République du Soudan, au nord par le Wadi Fira, à l’ouest par le Biltine et au sud par le Sila. S’étendant sur environ 30 000 kilomètres carrés, c’est l’un des 23 territoires du Tchad. Sa capitale administrative est la ville d’Abéché, divisée en 3 unités administratives comprenant 16 provinces et 16 municipalités, ainsi que des centaines de villages.

Avant 2002, il était connu sous le nom de province de Wadai. Par la suite, un nouveau découpage administratif a été adopté, entraînant le démembrement de deux régions pour former le territoire de Sila.

Le climat

La région bénéficie d’un climat désertique chaud et sec avec des précipitations abondantes, atteignant en moyenne 803,8 millimètres de pluie.

Population

La population de Dar Wadaï s’élève à environ 997 000 habitants selon les statistiques officielles de 2018, dont 482 000 hommes et 515 000 femmes. Les habitants se répartissent en groupes ethniques principaux, tels que les Ouadai, les Zagawa, les Massalit, les Hausa, les Fur, les Arabes et les Tama.

Désignations

Dar Wadaï est connu sous plusieurs noms tels que Dar Mabuk, Dar Wadaï, Dar Barqo et Dar Saleh. Certains l’appellent Sultanat, royaume ou empire. Plusieurs interprétations existent quant à l’origine de ce nom, l’une affirmant que le royaume payait un tribut annuel au sultan de Darfour depuis sa fondation par Abdel Karim Jumah, une autre relate que le nom provient du mot « wadae », désignant l’argent envoyé par les sultans du royaume à Darfour.

Graines de millet mûres dans les champs en automne au Tchad (Shutterstock)

Capitale du territoire

Warra a été la capitale du royaume de Wadai depuis sa fondation jusqu’au milieu du XIXe siècle, prospérant économiquement et culturellement pendant plus de deux siècles. La capitale a ensuite été transférée à Abéché. Située au carrefour des routes commerciales transsahariennes, la ville était également une étape importante sur le chemin des pèlerins en partance pour La Mecque.

Abéché a été le théâtre en 2007 d’une tentative d’enlèvement de plus de cent enfants tchadiens par une organisation caritative française, visant à les emmener en France pour l’adoption. Cependant, les autorités tchadiennes ont mis fin à l’opération alors qu’ils se dirigeaient vers un avion qui devait les emmener hors du pays.

Cavaliers Siliens abattus à quelques mètres de la place formée par les éclaireurs, en 1917. De 'L'Album de la Guerre 1914-1919, Volume 2' par L'Illustration, Paris, 1924 (Photo by The Print Collector/Heritage Images via Getty Images)

Histoire

L’histoire de la région était obscure avant l’arrivée de l’Islam. Les premiers gouvernants du pays étaient les Abyssins en 733, suivis des Halayibin aux IXe et Xe siècles, des Cananéens au XIe siècle, puis des Zagawa et des Sennarites, qui ont établi le premier sultanat islamique influent dans la région selon Al-Maqrizi, puis les Hulba et les Tungur.

Les origines des Tungur ont été variées et sujettes à débat, certains affirmant qu’ils étaient des Berbères, d’autres les associant aux Nubiens, ou encore aux Toubous vivant au nord du Tchad. Selon certaines sources, leur ascendance remonte aux Arabes hilaliens venus de Tunisie et ayant trouvé refuge au Darfour et à Wadaï, où ils ont fondé le royaume de Kedmi.

Lorsqu’Abdel Karim ibn Jumah gouverna Wadaï et s’engagea fortement dans l’Islam, il consolida son règne pour en faire l’un des royaumes islamiques les plus puissants du Moyen-Soudan médiéval.

Après la résistance farouche du royaume de Wadaï contre la colonisation française, le sultan Douada Mora lança une jihad contre les Français, formant une alliance avec les forces de Senoussi en Libye, le sultan de Darfour et le sultan des Masalits. Malgré la défense opiniâtre, les massacres perpétrés par les Français contraint le sultan à se rendre.

Les Français capturèrent la capitale Abéché en 1909, incorporant Wadaï dans les territoires militaires du Tchad en 1912. Bien que Mohamed Asile, cousin du sultan Douada Mora, ait été nommé sultan de Wadaï par les autorités coloniales, ses pouvoirs exécutifs ont été annulés par un traité signé avec le gouverneur français.

La colonisation française s’est efforcée de combattre la langue arabe et la culture islamique, imposant sa propre culture et langue. Les habitants et les érudits ont résisté en rejetant l’éducation française et en préservant leur patrimoine culturel. Malgré la lutte, la langue française a été introduite dans l’éducation, reléguant l’arabe au second plan.

Après le retrait des troupes françaises, le royaume est devenu partie intégrante du nouveau Tchad, formé à partir de trois royaumes islamiques principaux dont le Wadaï, le Kanem fondé au VIIIe siècle dans le nord, et le Baguirmi dans la région du lac Tchad, fondé au XIe siècle.

La descendance des abbassides continue de régner symboliquement sur le territoire de Wadaï, bien que le sultanat soit devenu honorifique. En 2020, un décret présidentiel a nommé Cherif Abdel Hadi Mahdi sultan du sultanat abbasside de Wadaï, qui a été intronisé lors d’une cérémonie publique.

Les cultures de millet mûr dans les champs en automne au Tchad (Shutterstock)

Économie

L’économie de la région repose sur l’agriculture, l’élevage et le commerce. Avec des terres fertiles vastes, diverses cultures sont cultivées, le sorgho étant la culture principale, réputée pour sa qualité supérieure au Tchad. La région est également connue pour l’arachide, le sésame, l’oignon, les légumes, les mangues, les pastèques et le mil, en plus d’une riche variété animale.

La ville d’Abéché est le principal centre commercial du pays, fournissant de nombreux biens essentiels et de luxe aux habitants de la région et du nord-est du pays. La ville produit également des produits artisanaux de haute qualité, notamment des chaussures pour hommes et femmes, des sacs, des ornements de chevaux, tous fabriqués à partir de cuir pur et de qualité.

Abéché est une porte d’entrée pour de nombreuses marchandises importées telles que les meubles, les boissons gazeuses, le sucre, le thé, le carburant, les matériaux de construction, le riz, les denrées alimentaires, les vêtements et plus encore.

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