Comment la résistance affaiblit-elle l’occupant après 8 mois?
Les factions de la résistance palestinienne continuent de déclarer des attaques infligeant des pertes à l’armée d’occupation. La plus récente de ces déclarations émane des Brigades Al-Qassam, qui ont annoncé, mercredi dernier, avoir tué et blessé plus de 15 soldats à l’est de Rafah. Dimanche passé, elles avaient également affirmé avoir capturé, tué et blessé des soldats lors d’une opération complexe après les avoir attirés dans un tunnel du camp de Jabalya, au nord de la bande de Gaza, et ce, malgré huit mois de guerre que l’armée israélienne espérait affaiblir la résistance.
Malgré les affirmations de l’armée d’occupation, selon lesquelles elle aurait étudié les méthodes de combat des factions de la résistance après la perte de soldats dès le premier mois de l’offensive terrestre débutée le 27 octobre dernier, pour revenir avec des tactiques plus efficaces après la fin de la trêve le 1er décembre, les opérations complexes de la résistance continuent d’infliger des pertes militaires à Israël.
Plans Durables et Production Militaire
La doctrine militaire avancée et les tactiques de combat des factions de la résistance tiennent compte des spécificités du secteur, du niveau de menace israélienne et de l’armement disponible, aboutissant à des plans militaires durables et organisés. Selon Osama Khaled, spécialiste des affaires militaires et sécuritaires, ceci est particulièrement visible à Rafah (dans le sud de la bande), où l’occupation a lancé une opération militaire à l’est le 7 mai en ignorant les avertissements internationaux, prétendant que la pression militaire obligerait le Hamas à accepter ses conditions. La résistance a annoncé des dizaines d’opérations contre les forces d’occupation, notamment l’élimination de 15 militaires le 18 du même mois après une confrontation rapprochée.
Les brigades Al-Qassam ont consacré 50 jours à la planification et à la surveillance pour exécuter une embuscade complexe à al-Zanah, dans Khan Younes (au sud), en avril dernier, qui a entraîné la mort de plus de 10 militaires après l’explosion d’une maison piégée.
En plus de cette doctrine militaire, Osama Khaled souligne que la production militaire interne, dans différents types d’armements, a renforcé le soutien au combat, cette démarche étant une stratégie adoptée depuis 24 ans.
Changement de Tactiques
Sami Ziad, chercheur en politique et stratégie, explique que la capacité des factions de résistance à infliger des pertes à l’armée israélienne réside dans leur capacité à changer leurs tactiques militaires, rendant ainsi inefficace le travail de renseignement de l’occupation. Les informations collectées sur les combattants et leurs méthodes sont rapidement obsolètes.
Il précise que les factions ont pu modifier leurs plans après avoir étudié les tactiques de l’armée israélienne et compris son mode de combat, aboutissant à un affrontement plus vigoureux après la trêve. Au début de l’offensive terrestre, elles avaient subdivisé la bande en trois zones défensives distinctes. Après la trêve, elles ont divisé le secteur en unités de combat indépendantes, où chaque unité se bat de manière autonome en recevant simplement un soutien des autres, rendant ainsi leur épuisement difficile.
Opérations Complexes et Dissimulations Israéliennes
Les changements de tactiques sont clairement visibles avec l’orientation de la résistance vers des embuscades complexes, causant un grand nombre de victimes parmi les soldats et les officiers, au lieu d’attaques sporadiques.
L’armée israélienne ne reconnaît pas le nombre réel de ses pertes, contrairement aux indications des hôpitaux israéliens qui reçoivent un nombre de blessés plus élevé que ce qui est admis par l’armée, corroboré également par les médias israéliens. L’armée annonce avoir perdu 644 militaires et avoir 3657 blessés depuis le début de la guerre le 7 octobre dernier, dont 293 tués et 1843 blessés pendant l’opération terrestre en cours. Toutefois, les brigades Al-Qassam estiment que ces chiffres sont supérieurs.
La majorité des victimes déclarées de l’armée israélienne sont des officiers, ce qui représente une perte importante nécessitant des années de formation et d’expérience militaire pour être remplacée.
La Morale
Tandis que les résistants combattent avec une haute morale qui rend possible l’exécution d’opérations complexes, les soldats israéliens luttent avec un moral faible, d’autant plus que leur société et les familles des prisonniers exigent la fin de la guerre, selon Ziad.
Les autorités israéliennes dissimulent le nombre réel des blessés et des tués pour manipuler le moral de l’armée israélienne. Selon Osama Khaled, la haute moralité des combattants de la résistance a brisé la peur envers les chars de l’occupation, augmentant ainsi le niveau de combat, l’armée israélienne déclarant avoir perdu la moitié de ses chars en dix ans en raison des batailles de Gaza.