Menaces sur le marché boursier : l’impact de la Chine et du Moyen-Orient
Les marchés financiers ont récemment montré une réaction similaire à celle de la Ligne Maginot, pensant à tort que la plus grande menace pour l’économie mondiale provient d’une récession aux États-Unis, alors que les véritables dangers se cachent ailleurs.
Situation économique aux États-Unis
Bien que l’économie américaine montre des signes de ralentissement, elle n’est pas proche d’une récession. Le taux de chômage augmente, mais reste historiquement bas. La Réserve fédérale des États-Unis a tardé à agir en matière de réduction des taux d’intérêt, mais devrait pouvoir remédier à cette situation dans les mois à venir. Les perspectives pour l’économie américaine semblent donc optimistes, et après une période d’incertitude, Wall Street commence à envisager un atterrissage en douceur, apparence qui paraît de loin la plus plausible.
Les risques au Moyen-Orient
Un autre facteur à ne pas négliger est la situation au Moyen-Orient, où les tensions liées au conflit à Gaza pourraient potentiellement s’intensifier et entraîner une confrontation majeure entre Israël et l’Iran. Dans le passé, une telle escalade aurait eu pour conséquence une forte hausse des prix du pétrole, mais cela ne se produit pas actuellement. Un choc lié au pétrole au Moyen-Orient reste une menace latente.
Problèmes économiques en Chine
Les perspectives de croissance en Chine se détériorent également. Les marchés financiers pensent que les décideurs chinois prendront des mesures pour stimuler l’économie et que le ralentissement ne sera que temporaire. Cependant, cette hypothèse est contestable. Les problèmes économiques en Chine sont structurels et pourraient avoir d’importantes répercussions à l’échelle mondiale.
Pendant des décennies, la Chine a reposé sa croissance sur un modèle basé sur l’accroissement de sa capacité industrielle, soutenue par des investissements massifs de l’État et un crédit bon marché. Cette concentration sur la fabrication a conduit à une consommation nationale relativement faible et à une bulle immobilière en déflation rapide. Un réajustement de ce modèle, en déplaçant l’équilibre de l’investissement et des exportations vers la consommation, est amplement nécessaire.
Conséquences pour l’économie mondiale
Les filets de sécurité sociale en Chine offrent bien moins de protection qu’en Occident, rendant impossible pour l’économie domestique d’absorber toute la production des usines. L’excès de capacité s’est retrouvé sur les marchés d’exportation, générant d’énormes excédents commerciaux. Cette inadéquation entre l’offre et la demande a forcé les entreprises chinoises à baisser leurs prix.
Les dirigeants chinois envisagent parfois de changer de cap, mais restent attachés à un modèle qui a permis à leur pays de devenir la deuxième plus grande économie mondiale. Ce même modèle d’exportation a, dans les années 1990, contribué à réduire l’inflation en Occident, et cela se produit encore aujourd’hui. Les prix des biens au Royaume-Uni ont d’ailleurs baissé de 1,4 % en juin par rapport à l’année précédente, en partie grâce aux produits chinois vendus à bas prix.
Progrès dans la lutte contre les surcapacités
Selon Zongyuan Zoe Liu, chercheuse au Council on Foreign Relations, la Chine produit actuellement deux fois plus de panneaux solaires que le reste du monde ne peut en utiliser, tandis qu’un tiers des fabricants automobiles sont déficitaires. Elle souligne que l’économie chinoise risque de s’enliser dans un cycle vicieux de baisse des prix, d’insolvabilité, de fermeture d’usines et, in fine, de pertes d’emplois.
Les signes de stress sont déjà visibles, avec des prévisions de croissance inférieures aux 5 % fixés par Pékin pour cette année et des chiffres d’exportation ne répondant pas aux attentes du marché. Un indicateur de la masse monétaire, qui est souvent un précurseur de la croissance, affiche des alertes rouges.
Les tensions entre l’Occident et la Chine
Deux éléments à noter distinguent la Chine actuelle de celle des années 1990. D’une part, les problèmes de surcapacité et de surproduction se sont intensifiés. D’autre part, les gouvernements occidentaux ne se contentent plus d’observer l’effondrement de leurs industries. Des droits de douane ont été imposés sur les produits chinois, et les États-Unis offrent même des subventions généreuses aux producteurs nationaux.
Il existe plusieurs scénarios possibles pour l’avenir. La Chine pourrait céder à la pression occidentale et limiter ses exportations, mais cela semble hautement improbable. Il est bien plus envisageable que les tensions entre l’Occident et la Chine s’intensifient. Pékin insiste sur le fait qu’elle ne pratique pas le dumping de sa production excédentaire, tandis que Washington et Bruxelles affirment le contraire.
À court terme, les actions protectionnistes de l’Occident pourraient entraîner une hausse des prix, de l’inflation et des taux d’intérêt. À long terme, l’Occident pourrait aggraver l’excédent mondial en augmentant sa propre production, ce qui pourrait faire chuter les taux de profit et provoquer une crise du capitalisme, comme l’avait prédit Karl Marx.