Afghanistan, futur moteur économique de l’Asie centrale?
Après 20 ans de guerre menée par les États-Unis en Afghanistan, l’Asie centrale est de plus en plus liée à l’Afghanistan, jetant les bases d’une croissance économique durable. De nombreux projets majeurs sont en attente d’exécution dans la région, avec l’Afghanistan en son centre.
Dans un rapport publié sur le site américain « Oil Price », l’auteur James Dorsey a déclaré que le ministre des Affaires étrangères afghan Amir Khan Muttaqi a dirigé en février une délégation à Achgabat, la capitale du Turkménistan, pour des discussions sur l’achèvement du gazoduc entre le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, long de 1600 kilomètres. Même si l’Afghanistan ne recevra que 5% du débit annuel de 33 milliards de mètres cubes, la réalisation du projet serait une victoire politique pour les talibans au pouvoir en Afghanistan.
Voisinage constructif
Récemment, Kaboul a montré sa capacité à être un bon voisin en honorant ses factures d’énergie, s’élevant entre 40 et 50 millions de dollars. Le gazoduc entre le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde a connu plusieurs retards, le dernier en date étant la prise de contrôle par les talibans en août 2021. Washington et Achgabat discutent actuellement d’un éventuel assouplissement des sanctions contre l’émirat islamique, ce qui pourrait permettre au projet de reprendre.
Sécuriser les infrastructures
Les tensions persistantes entre le Pakistan et l’Inde pourraient amener Delhi à douter de la volonté d’Islamabad de maintenir le gazoduc ouvert en cas de crise. La capacité des talibans à sécuriser le pipeline contre les attaques de l’État islamique est également une source de préoccupation.
Un autre projet, le « CASA-1000 », prévoyant de fournir 1300 mégawatts d’électricité excédentaire produite par l’hydroélectricité au Kirghizistan et au Tadjikistan au Pakistan et en Afghanistan pendant les mois d’été, pourrait être retardé en raison de la nécessité de lever les sanctions imposées par Washington pour achever la phase afghane du projet.
Tachkent a récemment obtenu le soutien du Qatar pour une ligne de chemin de fer traversant l’Afghanistan et reliant l’Ouzbékistan au Pakistan via l’Afghanistan, renforçant le commerce entre le Pakistan et l’Asie centrale, avec des retombées positives pour l’Afghanistan.
Canal « Qush Tepa »
L’Iran, qui a renforcé ses liens commerciaux avec l’Ouzbékistan et le Turkménistan, officialise ses relations avec Kaboul. L’Iran estime qu’une Afghanistan stable nécessite un gouvernement inclusif. Téhéran a accueilli favorablement l’investissement de Kaboul de 35 millions de dollars dans le port de Chabahar et a remis l’ambassade afghane au gouvernement taliban.
Si l’Afghanistan parvient à maîtriser les groupes comme l’État islamique et Al-Qaïda, il pourrait devenir un pôle de sécurité régional. Tout progrès significatif dépendra de sa coopération constructive avec les républiques d’Asie centrale, l’Iran et le Pakistan pour aborder des défis cruciaux tels que le changement climatique et la gestion de l’eau.
Début de ce mois, le ministre des Affaires étrangères ouzbek, Bakhtiyor Sahidov, a dirigé une délégation à Kaboul pour rencontrer les dirigeants de l’Émirat. L’Ouzbékistan s’est engagé à soutenir le canal d’eau « Qush Tepa » en envoyant une équipe technique pour appuyer le projet, et a accepté l’ambassade de l’Émirat.