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Arrestations en Israël : fuite de documents Hamas sous enquête
Une nouvelle tempête politique a frappé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu suite à l’arrestation de plusieurs personnes en lien avec une présumée fuite de documents classifiés provenant de son bureau.
Les documents en question seraient des documents de stratégie militaire du Hamas, découverts par le renseignement militaire israélien à Gaza et ensuite manipulés par des suspects proches du bureau du Premier ministre et du ministère de la Défense. Ces documents auraient été divulgués au journal allemand Bild et au Jewish Chronicle britannique, juste au moment où un accord de cessez-le-feu potentiel pour Gaza, qui a finalement échoué, était en cours de négociation en septembre de cette année.
Il est flou comment des modifications ont pu être apportées à ces documents, mais il semble qu’elles aient donné l’impression que le Hamas avait l’intention de transférer les captifs israéliens détenus à Gaza vers l’Égypte puis soit vers l’Iran, soit vers le Yémen.
Les arrestations et leurs implications
Parmi les cinq personnes arrêtées sur soupçon de fuite et de manipulation des informations, figure le porte-parole du Premier ministre, Eli Feldstein.
En annonçant les arrestations vendredi, un tribunal israélien à Rishon LeTsiyon a déclaré qu’une enquête conjointe menée par l’armée, la police et les services de sécurité intérieure d’Israël, le Shin Bet, les avait conduits à suspecter une « violation de la sécurité nationale causée par la fourniture illégale d’informations classifiées », qui avait également « nui à l’atteinte des objectifs de guerre d’Israël ».
Le juge Menachem Mizrahi a indiqué que la fuite posait un risque pour « des informations sensibles et des sources de renseignement », et nuisait aux efforts pour atteindre « les objectifs de la guerre dans la bande de Gaza ».
Une crise politique majeure
« C’est très grave », a déclaré Mitchell Barak, sondeur israélien et ancien conseiller politique auprès de plusieurs figures politiques israéliennes de premier plan, dont Netanyahu, à Al Jazeera.
« Cela pourrait être pire que le Watergate, ce qui est ironiquement l’hôtel où Netanyahu a séjourné lors de sa dernière visite à Washington », a-t-il ajouté, faisant référence à l’affaire qui a conduit à la chute du président américain Richard Nixon dans les années 1970.
« Nous ne savons pas où cela va nous mener. Nous ne savons pas comment (Eli Feldstein) a pu se rapprocher du centre du pouvoir sans les autorisations de sécurité appropriées », a-t-il poursuivi.
Motifs de la fuite
De nombreux observateurs, y compris des critiques de Netanyahu en Israël, l’ont accusé de prolonger délibérément la guerre pour ses propres intérêts. En septembre, Yair Lapid a qualifié le carnage à Gaza de « guerre éternelle », destinée à se poursuivre tant que Netanyahu et son gouvernement resteraient au pouvoir.
Les familles des captifs bloqués à Gaza ont régulièrement accusé le Premier ministre de retarder la guerre, en faisant retentir une alarme de raid aérien devant sa maison le mois dernier et en annonçant une série de rassemblements pour ce samedi en appelant à un accord de cessez-le-feu final.
Les tensions internationales
Le président américain Joe Biden a également exprimé sa frustration face à l’évitement par Netanyahu des conditions de cessez-le-feu, déclarant à Time magazine en juin qu’il y avait « toutes les raisons de penser que Netanyahu prolongeait la guerre pour des gains politiques ».
Netanyahu fait face à des accusations de fraude et de violation de confiance dans deux affaires, ainsi qu’à des accusations de corruption dans une troisième. Ses avocats ont demandé à plusieurs reprises que les audiences judiciaires soient retardées en raison de son rôle en tant que leader en temps de guerre.
Les conséquences à Gaza
Le 11 septembre, au moment où un cessez-le-feu aurait pu être possible, Israël avait tué plus de 41 000 personnes dans sa guerre contre Gaza. Ce chiffre a maintenant atteint 43 341.
Les conditions dans le nord de Gaza, actuellement sous siège israélien, sont devenues si graves que les dirigeants de l’ONU les ont qualifiées d’« apocalyptiques ». « Les gens sont morts à cause de cela », a déclaré Mairav Zonszein, analyste senior d’Israël à l’International Crisis Group.
Impact sur Netanyahu
Probablement, cela n’affectera pas Netanyahu. Malgré les accusations de corruption qui l’entourent, il reste le Premier ministre israélien en fonction depuis le plus longtemps.
Si des preuves concrètes émergent prouvant qu’il a menti et trompé au détriment des otages, cela risque de lui nuire gravement. Toutefois, il est probable que son cabinet, composé de fidèles, prenne la responsabilité des actions qui lui sont imputées.