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Les récentes sanctions américaines pourraient entraîner la fermeture du principal canal de paiement pour les clients européens souhaitant acquérir du gaz russe, provoquant ainsi une volatilité accrue sur le marché des changes en Russie et un rapprochement de Moscou avec Pékin, selon des économistes russes.
Des sanctions ciblées sur Gazprombank
Les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions contre Gazprombank, la banque contrôlée par l’État, qui l’empêchent de traiter toute nouvelle transaction liée à l’énergie touchant le système financier américain. En outre, environ 50 autres banques russes et le Système de transfert de messages financiers de la Banque de Russie (SPFS) ont également été ciblés.
Les pays comme la Hongrie et la Slovaquie, qui ont des contrats à long terme avec le géant énergétique russe Gazprom, analysent les implications de ces changements. Le ministre adjoint russe de l’Énergie, Pavel Sorokin, a refusé de commenter la possibilité que Gazprombank continue de recevoir des paiements de clients européens.
Impacts sur les paiements européens
Les analystes de Sinara Investment Bank estiment que les paiements de l’UE pour les ressources énergétiques via Gazprombank deviendront probablement impossibles d’ici la fin de 2024. Les sanctions prévoient une période de transition pour les transactions concernant Gazprombank jusqu’au 20 décembre et pour celles liées au projet pétrolier et gazier Sakhalin-2 jusqu’au 28 juin 2025.
Le Kremlin a affirmé que ces sanctions visaient à freiner les exportations de gaz russe, mais a assuré qu’une solution serait trouvée. Gazprombank a réagi en indiquant que les sanctions n’affecteraient pas ses opérations bancaires, sans toutefois répondre aux questions concernant les solutions de paiement pour le gaz.
Contexte géopolitique et économique
Les tensions géopolitiques croissantes sont évidentes. Selon les économistes d’Renaissance Capital, le renforcement des sanctions fait partie d’une escalade des tensions internationales et semble être une manœuvre de l’administration sortante pour utiliser les outils à sa disposition avant son départ.
Yevgeny Kogan, professeur à l’École supérieure d’économie de Moscou, souligne que l’UE devra faire face à des perturbations dans l’approvisionnement en gaz, alors que la Russie devra surmonter des problèmes supplémentaires de règlement et de paiement. Cela impacte déjà le rouble et les flux de devises étrangères dans le pays.
Vers une dépendance accrue envers la Chine
Les sanctions contre Gazprombank ainsi que le système de messagerie financière de la Russie complexifient les interactions financières avec les contreparties russes, ce qui pourrait accroître la part des entreprises chinoises dans le commerce extérieur de la Russie. La Russie fait déjà face à des problèmes de paiement en raison des restrictions occidentales qui bloquent ses banques des marchés en dollars et du système de paiement mondial SWIFT.
À long terme, ces nouvelles sanctions pourraient inciter les entreprises chinoises à envisager des options d’investissement direct dans l’économie russe, renforçant ainsi les relations économiques entre la Russie et la Chine.