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Le gouvernement Barnier et la question du cumul des mandats
Plusieurs membres du gouvernement Barnier se trouvent à la tête d’exécutifs locaux, une situation permise par la loi mais qui s’écarte d’une tradition politique en vigueur depuis 1997.
Des ministres aux mandats locaux
Récemment nommés, plusieurs ministres ont exprimé leur désir de cumuler leurs nouvelles fonctions avec leurs mandats locaux. Parmi eux, Gil Avérous, le maire de Châteauroux, qui a pris les rênes du ministère des Sports. Il a détaillé sa position dans une interview sur France Bleu. Fabrice Loher, ministre délégué à la Pêche et maire de Lorient, a également confirmé sa volonté de maintenir son mandat local, tout comme François Durovray, qui occupe le ministère des Transports tout en étant président du conseil départemental de l’Essonne. De son côté, Nicolas Daragon, en charge de la Sécurité du quotidien, compte rester maire de Valence.
Réactions au sein de la classe politique
Cette situation a suscité des critiques de la part de certains membres de la classe politique. Damien Girard, député écologiste du Morbihan, a déclaré que Fabrice Loher ne pourrait pas assurer ses fonctions de ministre et de maire à temps plein. Dans la Drôme, le député socialiste Paul Christophe a dénoncé le choix de Nicolas Daragon, soulignant que « être ministre est devenu un passe-temps ».
Les ministres justifient leurs décisions par leur attachement à leurs villes. Gil Avérous rappelle sa promesse de rester maire jusqu’en 2026, tandis que Nicolas Daragon refuse de « trahir l’engagement pris devant les Valentinois ». Toutefois, cette volonté de conserver leurs mandats pourrait également être influencée par l’instabilité politique actuelle et le calendrier électoral, les prochaines municipales étant programmées pour 2026.
La légalité du cumul des mandats
Sur le plan légal, rien n’interdit à un ministre de conserver son mandat local, la Constitution stipulant que la fonction ministérielle est incompatible uniquement avec celle de parlementaire. Cependant, une coutume politique a été instaurée depuis près de trente ans, stipulant que les ministres ne doivent pas cumuler leurs fonctions avec des mandats locaux. Cette règle a été adoptée par le gouvernement de Lionel Jospin en 1997, prolongée et renforcée par Jacques Chirac en 2002, puis formalisée en 2012 sous François Hollande.
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier n’a pas encore pris de position officielle sur ce sujet. Gil Avérous a affirmé qu’il resterait maire si cela lui était permis par le Premier ministre. Contacté, Matignon n’a pas fourni de réponse claire à ce sujet, soulevant des interrogations quant à l’avenir du cumul des mandats dans la politique française.
Un débat récurrent sur le cumul des mandats
Le débat sur le cumul des mandats reste très vivant. En 2014, une réforme avait été adoptée pour limiter cette pratique, interdisant aux députés, sénateurs et eurodéputés d’être également maires ou adjoints. Malgré cette réforme, certaines voix de droite et du centre continuent de revendiquer l’abrogation de cette loi. En mars dernier, le groupe Horizons a même proposé une nouvelle loi visant à permettre aux parlementaires de devenir adjoints d’exécutifs locaux.
En mai, un rapport du député Renaissance Eric Woerth a suggéré d’aller plus loin en supprimant la loi de 2014, bien que d’autres partis appellent à un contrôle accru de l’action des élus. Par exemple, les députés écologistes ont proposé d’interdire aux parlementaires d’effectuer plus de trois mandats consécutifs.
Alors que le gouvernement Barnier navigue dans cette dynamique concernant le cumul des mandats, il reste à voir comment cette situation évoluera et quel impact cela aura sur la politique française.