Des inondations dévastatrices suite à la rupture du barrage d’Alau au Nigeria
La récente rupture du barrage d’Alau, survenue le 12 septembre 2024, a provoqué le déplacement de plus de 400 000 personnes dans la ville de Maiduguri, au nord-est du Nigeria. Cet événement tragique met en lumière la vulnérabilité des infrastructures, souvent vieillissantes et mal entretenues, face aux conditions climatiques extrêmes.
Une catastrophe engendrée par des pluies diluviennes
Les fortes pluies qui s’abattent depuis plusieurs semaines sur la bande sahélienne et une partie de l’Afrique centrale mettent à rude épreuve des barrages anciens. La rupture du barrage d’Alau a inondé une grande partie de Maiduguri, entraînant la destruction de milliers de maisons ainsi que de nombreuses infrastructures essentielles, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Suite à cet incident, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’une commission pour évaluer l’état de tous les barrages du pays, incluant un diagnostic complet du barrage d’Alau avant sa reconstruction.
Des événements alarmants à travers le continent
Cette situation n’est pas isolée. Fin août, le barrage d’Arbaat au Soudan a également cédé, touchant 50 000 personnes et détruisant une vingtaine de villages. Ce contexte humanitaire difficile, déjà fragilisé par une année de guerre civile, rappelle la tragédie survenue à Derna en Libye, où une crue éclair a causé la mort de 6 000 personnes suite à la rupture de deux barrages lors de la tempête Daniel.
La gestion des risques de rupture de barrages en Afrique
Ces événements soulèvent des questions cruciales concernant la sécurité des barrages africains. Selon Micha Werner, professeur à l’institut IHE de Delft, bien que les normes de sécurité intègrent des scénarios de crues exceptionnelles, de nombreux ouvrages ont plus de cinquante ans et sont inadaptés aux nouvelles réalités climatiques. Cela complique l’anticipation des catastrophes.
De plus, il souligne que le manque de moyens humains et financiers entrave la bonne gestion de ces infrastructures, essentielles pour réguler le débit des cours d’eau et prévenir les inondations. Les données locales, nécessaires pour évaluer précisément les risques, sont également de moins en moins disponibles.
Urgence de réhabilitation des infrastructures
Outre les préoccupations liées aux inondations, la question de l’approvisionnement en électricité sur le continent est également mise à l’épreuve. En 2019, l’Association internationale de l’hydroélectricité a publié un guide visant à améliorer la résilience des infrastructures face aux changements climatiques. La Banque africaine de développement (BAD) a aussi lancé un programme de modernisation des centrales hydroélectriques, ciblant 87 unités construites il y a plus de trente ans.
Ce programme révèle que vingt et une infrastructures présentent un besoin « urgent » de réhabilitation, un coût qui souligne l’impact du changement climatique sur les pays africains. Des pays comme le Ghana tentent déjà d’évaluer l’impact du climat sur leurs barrages, avec des résultats inquiétants : cinq des trente-quatre barrages du pays sont menacés, dont celui de Weija, essentiel pour l’approvisionnement en eau potable d’Accra.
Les défis posés par le dérèglement climatique vont donc bien au-delà des simples inondations, affectant directement le développement et la sécurité des populations dans toute l’Afrique.