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Des chercheurs normands conçoivent une vache moins polluante
Dans un champ de Normandie, des chercheurs se mobilisent pour créer une vache moins polluante, non pas pour briller dans les concours, mais pour l’environnement. Ils travaillent sur une race de vaches plus petites, principalement nourries à l’herbe et émettant moins de méthane que leurs homologues. Les bovins sont en effet les principaux responsables de l’empreinte carbone liée à l’élevage, qui représente environ 12% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, d’après la FAO.
Recherche innovante à l’Inrae
Sur les 340 hectares d’une unité expérimentale de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), les chercheurs élabore la vache de demain. Une vingtaine de techniciens et ingénieurs s’occupent du troupeau de 600 bovins, assurant la traite et collectant des données essentielles telles que la quantité de nourriture ingérée et l’état de santé des animaux. Chaque détail compte, y compris les émissions de méthane lors des rots des vaches, participantes à l’effet de serre.
Une gestion agricole optimisée
Les chercheurs testent différentes méthodes de pâturage, comme le fait de regrouper les vaches sur une seule parcelle durant une dizaine de jours. Ce régime strict garantit une meilleure repousse de l’herbe, permettant une utilisation plus efficace des ressources naturelles. Selon Luc Delaby, chercheur à l’Inrae, cette méthode pourrait inciter les vaches à consommer entièrement leur pâture avant de passer à la suivante.
Pour les éleveurs, cela se traduit par une meilleure gestion des stocks d’herbe, facilitant ainsi la réduction des achats d’aliments complémentaires, notamment ceux provenant de soja sud-américain cultivé dans des zones déforestées.
Un exemple inspirant
Sylvain Quellier, éleveur de 80 vaches laitières pour la production de camembert en Normandie, tire parti des recherches menées par ses voisins. Il utilise des outils modernes pour mesurer l’herbe et gère ses pâturages de manière optimal. Cette approche lui a permis de réduire presque de moitié ses achats alimentaires tout en augmentant ses revenus.
Avancées génétiques prometteuses
Du côté de la recherche génétique, des avancées significatives sont à prévoir. L’année prochaine, les éleveurs disposeront d’un « index méthane » pour inséminer leurs vaches. Les chercheurs ont identifié des caractéristiques génétiques liées à une émission moindre de méthane, qui pourraient être transmises aux générations futures. Philippe Mauguin, PDG de l’Inrae, affirme qu’il s’agit d’une véritable révolution. Cependant, il souligne qu’il sera crucial d’explorer d’autres solutions pour atteindre l’objectif ambitieux de 30 % de réduction des émissions de méthane d’ici 2030.
En intégrant ces innovations, la quête pour une vache moins polluante va non seulement contribuer à la durabilité environnementale, mais aussi redéfinir les pratiques agricoles en France.