Europe, France
Taux d’émissions des data centers : une réalité inquiétante
Les grandes entreprises technologiques proclament souvent leurs engagements envers l’écologie, mais les vérités cachées derrière les data centers, moteurs de la révolution digitale, sont préoccupantes. D’après une analyse du Guardian, les émissions réelles des centres de données de Google, Microsoft, Meta et Apple seraient 7,62 fois supérieures à celles officiellement déclarées. Si on considérait ces entreprises comme un pays, elles se classeraient au 33e rang mondial des plus gros émetteurs en 2022, entre les Philippines et l’Algérie.
Une hausse de la consommation énergétique de 160 % d’ici 2030
La demande croissante en électricité pour alimenter ces infrastructures pourrait avoir un impact significatif sur les émissions de carbone. L’Agence Internationale de l’Énergie estime que les data centers représentent déjà entre 1 et 1,5 % de la consommation mondiale d’électricité. Selon Goldman Sachs, cette demande pourrait grimper de 160 % d’ici 2030. Les prévisions du cabinet Morgan Stanley corroborent ces chiffres, anticipant que les émissions des data centers atteindront 2,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 à cette échéance.
Les entreprises technologiques et la neutralité carbone : un discours en décalage
Malgré ces prévisions alarmantes, les cinq géants de la technologie ont souvent revendiqué la neutralité carbone, bien que Google ait retiré ce label l’année passée, notamment en ajustant ses méthodes de comptabilisation des émissions. Un représentant d’Amazon Employees for Climate Justice a qualifié cette approche de « comptabilité fictive ».
Des pratiques de comptabilité carbone biaisées
Les certificats d’énergie renouvelable constituent un outil crucial pour embellir les chiffres des émissions de consommation des data centers. En effet, ils permettent aux entreprises de justifier qu’elles achètent de l’électricité produite à partir de sources renouvelables, sans que cette énergie ne soit réellement utilisée par leurs installations. Cette pratique fausse les statistiques officielles d’émissions.
En excluant ces certificats du calcul, on obtient les « émissions localisées », c’est-à-dire celles réellement générées dans les zones où les données sont traitées. Un graphique du Guardian montre que les « émissions localisées » d’Apple pourraient être 2,2 fois plus élevées que les chiffres officiels. Amazon, de par son activité d’e-commerce, affiche des chiffres encore plus élevés, intégrant également les émissions des centres de tri et de logistique. Pour Google et Microsoft, les données présentées restent probablement sous-estimées, car leur comptabilité n’offre pas une image complète de leur bilan carbone.
Vers une consommation électrique exponentielle
De nombreux experts du secteur des data centers s’accordent à dire que les mesures basées sur la localisation reflètent mieux la réalité que les chiffres officiels. Jay Dietrich, directeur de recherche à l’Uptime Institute, affirme que cette méthode fournit une vision précise des émissions associées à l’énergie réellement consommée par les centres de données. Malgré le flou entretenu par ces entreprises sur leurs émissions, celles-ci devraient continuer à augmenter. Selon l’Electric Power Research Institute, la demande d’électricité pour les centres de données pourrait doubler d’ici 2030, en grande partie à cause des besoins croissants liés à l’intelligence artificielle.