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La sécurité des voitures électriques : un sujet brûlant après l’incendie en Corée du Sud
Récemment, l’incendie d’une Mercedes-Benz électrique en Corée du Sud a ravivé les inquiétudes concernant la sécurité des batteries utilisées dans les voitures électriques. Cet événement tragique a suscité de vives réactions médiatiques et a conduit les autorités à envisager des mesures restrictives. Analysons la situation pour mieux comprendre la sécurité des voitures électriques.
L’incident qui a mis le feu aux poudres
Le 1er août 2024, un incident a eu lieu à Incheon, près de Séoul, lorsqu’une Mercedes-Benz EQE, laissée stationnée depuis trois jours dans un parking souterrain, a pris feu de manière spontanée. L’incendie a duré huit heures, causant la destruction de 40 véhicules et des dommages à environ 100 autres. Bien que cet événement n’ait fait aucune victime, 20 résidents ont nécessité une hospitalisation pour inhalation de fumée.
Cette catastrophe a rapidement engendré des réactions à l’échelle nationale, incitant le gouvernement sud-coréen à mettre en place des mesures strictes. Cela inclut la nécessité pour les fabricants de fournir des informations sur leurs fournisseurs de batteries haute tension et de présenter un certificat de fiabilité. De plus, la ville de Séoul envisage d’interdire le stationnement souterrain des voitures électriques dont la charge dépasse 90%. Elle souhaite également mettre en place une coupure automatique des bornes de recharge rapide à 80% de leur capacité dans les espaces publics.
Les voitures électriques sont-elles vraiment plus dangereuses ?
Malgré l’inquiétude provoquée par cet incident, les statistiques offrent une autre perspective. D’après une étude de la société américaine AutoinsuranceEZ, parmi 100 000 voitures électriques vendues, seulement 25 sont sujettes à un incendie. À titre de comparaison, le taux est de 1 530 pour les voitures à moteur thermique et même de 3 475 pour les hybrides.
De plus, le fabricant Tesla, un leader du marché des voitures électriques, présente des chiffres encourageants. Aux États-Unis, une Tesla prend feu tous les 209 214 720 kilomètres parcourus, alors que la moyenne nationale affiche un incendie tous les 28 968 192 kilomètres, montrant une réduction de 86% du risque d’incendie.
La chimie des batteries : un facteur clé
Il est impératif de souligner que toutes les batteries ne possèdent pas le même degré de sécurité. Le marché actuel se divise principalement entre deux types de technologies de batteries :
- Batteries NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) : Elles offrent une densité énergétique élevée, adaptées aux véhicules performants, mais présentent une instabilité chimique accrue.
- Batteries LFP (Lithium-Fer-Phosphate) : Bien que moins denses en énergie, elles se distinguent par leur stabilité et leur sécurité, ce qui les rend courantes dans les modèles d’entrée de gamme.
La Mercedes EQE impliquée dans l’incident en Corée était équipée de batteries NMC fournies par Farasis, un fournisseur dont la réputation suscite des interrogations en Asie. Ce choix pourrait avoir influencé l’incident, mettant en exergue l’importance de la qualité des composants pour la sécurité globale du véhicule.
Les mesures de sécurité existantes
Les fabricants automobiles ont pris des initiatives pour faire face à ces préoccupations de sécurité. Le système de gestion de la batterie (BMS – Battery Management System) joue un rôle crucial. Ce système avancé surveille l’état de la batterie, gérant la charge, la décharge et les besoins en refroidissement en permanence.
Suite à l’incendie en Corée, Hyundai et Kia ont annoncé une mise à jour de leur BMS pour renforcer la sécurité. Selon les fabricants, les nouvelles réglementations soulignent que « la probabilité de problèmes causés par une surcharge est proche de zéro pour cent » grâce à cette avancée.
De plus, les bornes de charge modernes communiquent directement avec le véhicule. Si le BMS détecte un problème éventuel, la charge s’interrompt automatiquement, apportant une couche de sécurité supplémentaire.
L’Europe face à ces enjeux
Au niveau européen, l’Union Européenne s’engage également à améliorer la traçabilité et la sécurité des batteries. L’introduction d’un « passeport batterie », obligatoire dès 2026, permettra une traçabilité optimale des composants et des renseignements essentiels sur les fournisseurs.
Cependant, l’idée d’augmenter le tampon de sécurité des batteries pour éviter les surcharges, comme proposé à Séoul, semble peu envisageable en Europe. Une telle décision obligerait les constructeurs à réduire les autonomies annoncées de leurs véhicules, ce qui pourrait ralentir l’adoption des voitures électriques.
Vers un avenir électrique plus sûr
En dépit des préoccupations soulevées par des incidents isolés, les chiffres indiquent que les voitures électriques demeurent globalement plus sûres que les véhicules thermiques en matière de risque d’incendie. Les avancées continues dans les technologies de batteries, les systèmes de gestion performants ainsi que des réglementations strictes visent à rendre ces véhicules de plus en plus fiables.
Il est essentiel de maintenir une approche rationnelle, fondée sur des faits, face aux réactions émotionnelles liées à des événements isolés. Bien que l’incendie survenu en Corée du Sud soit regrettable, il pourrait servir de catalyseur pour renforcer la sécurité des voitures électriques et inciter l’industrie à redoubler d’efforts en matière d’innovation dans ce domaine critique.