Sommaire
Le métier du canneur en Egypte, quand les mots se tissent sur soie
La profession de canneur en Egypte continue d’attirer les palais arabes et occidentaux, à chaque visite des ruelles historiques de Khan El Khalili au cœur de la capitale égyptienne, Le Caire.
Dans ces ruelles, la beauté de l’écriture en fil d’or sur des tissus de soie brille, à l’intérieur d’une petite fabrique où Ahmed Choukry Othman, sexagénaire, travaille. Derrière lui, l’histoire de sa famille dans ce métier lui confère une renommée en Egypte et à l’étranger s’étalant sur près de deux siècles.
Le canneur, Ahmed Choukry Othman, est entouré à l’intérieur de cette petite fabrique, de toiles éclairées par une lueur dorée, brodées de versets coraniques et d’expressions religieuses écrites avec adresse, ainsi que d’autres représentations d’oiseaux, issus de l’art du tissage.
Au sein de son petit atelier, les murs ne sont pas simplement ornés de peinture habituelle, mais sont décorés de ces expressions telles que « Mohammed, Messager d’Allah », « Allah le Tout-Puissant », « Mohammed », « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux », « Certes, c’est par l’évocation d’Allah que les cœurs se tranquillisent ». Ils sont également ornés d’oiseaux dessinés par les fils, comme le paon.
Othman, héritier de cette profession historique, tient dans une main un bâton avec un fil doré, et dans l’autre une aiguille, lançant ainsi le processus de tissage pour créer des tableaux en tissu richement décorés, et des reproductions des étoffes de la Kaaba, dont l’histoire de fabrication remonte à de nombreuses années en Egypte avant que l’industrie ne se développe en Arabie Saoudite, les Terres Sacrées.
La pièce de tissu de soie qu’Othman tisse, de couleur noire, est inscrite de phrases telles que « Au nom d’Allah, et Allah l’a décrété », en blanc. Le rôle du canneur ici consiste à broder ces phrases et d’autres avec ce fil doré, passant l’aiguille contenant un fil blanc de haut en bas du tissu, entourant le fil doré et le fixant de manière si experte qu’aucune trace du tissage à la main n’apparaît.
Othman, le petit-fils héritier du métier de canneur, déclare : « Mon grand-père, Othman Abdel Hameed, a été chef du département de la Kaaba pendant 10 ans et, loué soit Dieu, il a exporté la tenue de la Kaaba en Arabie Saoudite pendant 3 ou 4 années consécutives. »
Art ancestral et histoire familiale
Il ajoute : « Le métier de canneur consiste à broder avec des fils de canne (de couleur dorée) sur du tissu de soie, c’est un métier ancien et notre histoire familiale remonte à plus de 200 ans, l’industrie en Egypte remonte aux jours de Shajarat al-Durr (décédée le 28 avril 1257).
Il explique que la pièce de tissu de soie brodée de phrases et de dessins avec ces fils dorés prend entre une semaine et 3 mois de travail, selon sa taille et le matériau brodé, ajoutant que, par exemple, une reproduction de la tenue de la porte de la Kaaba prend 3 mois.
L’héritage familial et le prix de l’art
En plein récit d’Ahmed Choukry Othman, des images de ses ancêtres ressortent dans un vieux journal d’archives, capturant l’instant où il tissait une oeuvre en tissu, avec le titre en gros « Avec de l’or et de la soie, il écrit les paroles d’Allah ».
Othman se remémore l’histoire de ses ancêtres, mettant en avant son grand-père (commandant ottoman en Egypte) Abdel Rahman Katkhuda, en disant : « L’un de mes ancêtres, Abdel Rahman Katkhuda, était à la base de la fondation de ce métier en Egypte et a veillé à ce que la famille perpétue cette profession en Egypte. »
Les prix de ces tableaux artistiques varient de 200 livres égyptiennes (environ 4 dollars) à plus en fonction de la taille et du matériau brodé. Le canneur conclut son récit parmi des tableaux brodés qui crient la créativité et la beauté.