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Le drame d’une réfugiée palestinienne face à l’impossible choix de sa famille à Gaza
Dans un témoignage touchant publié par le journal « The Guardian », Ghada Aqil, réfugiée palestinienne de troisième génération et actuellement professeure invitée dans le département de sciences politiques à l’Université d’Alberta au Canada, évoque le choix déchirant auquel sa famille a été confrontée. Après leur évacuation du camp de réfugiés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, leur domicile a subi de lourds dommages suite à un bombardement israélien le 26 octobre 2023, au cours duquel 36 de leurs proches ont été tués.
Face à la destruction et au désespoir, les survivants de la famille Aqil ont choisi de rester dans ce qu’il restait de leur foyer, malgré un avenir incertain. Mais le jour de Noël, des tracts ordonnant l’évacuation furent lancés depuis les cieux, les plongeant à nouveau dans l’angoisse.
Où aller lorsque le choix est entre la vie et la mort ?
Ghada se demande où peuvent-ils aller, quand nulle part semble sûr. Pour ses frères et leurs familles, il n’y avait pas de temps pour réfléchir, et la situation ne se résumait pas à un simple choix entre la vie et la mort. En effet, il s’agissait d’une décision bien plus tragique : mourir ensemble à leur domicile ou séparément, dans un endroit inconnu?
Beaucoup, explique Ghada, ont été témoins de massacres se déroulant sous leurs yeux et ont préféré mourir dans leurs maisons avec leurs familles, espérant être secourus, identifiés ou au moins enterrés dignement plutôt que d’être abandonnés aux animaux sauvages.
Des décisions déchirantes face à l’évacuation
Lors de l’évacuation, la famille a dû prendre des décisions rapides sur ce qu’il fallait emporter et ce qu’il fallait abandonner, souvent à contre-cœur des souhaits des enfants qui souhaitaient garder leurs possessions les plus précieuses.
Un destin de pions dans un conflit régional
Les larmes ont coulé lorsque les enfants ont réalisé que leurs souhaits étaient rejetés par leurs parents dans le chaos de l’évacuation. Amal, une adolescente rêvant de devenir médecin, s’interrogeait sur le sort de ses livres et affaires scolaires.
La famille d’Aqil s’est réfugiée à Al-Mawasi, considérée comme une zone sûre près de la Méditerranée, mais le voyage, qui aurait dû être facile, s’est transformé en un cauchemar sous la menace constante de drones israéliens.
Une fois arrivés, ils n’ont trouvé aucun abri pour les protéger du froid mordant et ont dû construire des abris de fortune avec les couvertures et le peu de plastique qu’ils avaient emporté.
Une nuit sans fin
Même à Al-Mawasi, autrefois charmante destination balnéaire pour les familles de Gaza, dormir s’avérait impossible en raison du froid, du noir complet, du bruit des bombardements, des vents hurlants et des pleurs des adultes et des enfants dans les tentes voisines – créant une atmosphère d’oppression constante.
Ghada Aqil rappelle que les difficultés endurées par sa famille ne sont qu’une infime partie de celles rencontrées quotidiennement par les habitants de Gaza, qui se voient réduits à de simples pions dans un jeu de pouvoir régional.
Elle souligne enfin l’hypocrisie des prétendus engagements de la Grande-Bretagne et des États-Unis envers le droit international, en contraste avec leur manque d’action pour Gaza, et exprime sa crainte de ne recevoir des nouvelles de sa famille la prochaine fois que dans le cadre d’une tragédie encore plus grande.