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Virus du Nil : 5 morts en Espagne suscitent la panique
La mobilisation se renforce dans le sud de l’Espagne, où le virus du Nil, transmis par des moustiques de plus en plus fréquents, a entraîné plusieurs décès. Cette situation, pourtant annoncée depuis des années par les scientifiques, soulève des inquiétudes croissantes.
Un drame humain à Isla Mayor
À Isla Mayor, près de Séville, Juanjo, fondateur de la plateforme Lutte contre le virus du Nil, a pris la parole lors d’une manifestation le 2 septembre. « Ce ne sont pas des balivernes, le moustique tue ! » a-t-il scandé devant les habitants de cette commune de 5 700 personnes, touchée par une invasion historique de moustiques cette année.
Ces insectes, vecteurs du virus du Nil, affectent gravement les 13 communes situées à l’embouchure du fleuve Guadalquivir. Depuis le début de l’été, quatre personnes ont perdu la vie et une dizaine d’autres ont été hospitalisées, certaines souffrant de séquelles graves. Au cours du dernier mois, un mouvement citoyen a vu le jour pour exiger des mesures adéquates face à cette menace qui progresse en Europe avec le changement climatique.
Une réaction tardive des autorités
Les tragédies récentes auraient pu être évitées, selon Jordi Figuerola, spécialiste à la Station biologique de Doñana. « Dans les rizières du delta de l’Èbre, un bacille est utilisé régulièrement pour contrôler les larves de moustiques, et ce problème ne devrait pas atteindre une telle ampleur », explique-t-il.
Juanjo demande désormais une coordination des efforts entre les gouvernements régional et provincial ainsi que les communes, après avoir été personnellement touché par la maladie. « Le premier décès de l’année dans mon village, La Puebla del Río, m’a poussé à agir. J’ai une fille de 7 ans et un fils de 15 ans, et j’ai eu peur », se remémore-t-il avec émotion.
Une épidémie récurrente
Ce n’est pas la première occurrence du virus du Nil en Espagne. En 2020, le pays avait déjà enregistré huit décès en Andalousie. Sur les 75 cas de méningites sévères liés à cette maladie, la province de Séville a signalé 54 d’entre eux. Une fillette ayant survécu est restée dans un état végétatif, souligne Juanjo.
Le 5 août, environ 300 personnes ont manifesté pour exiger une réponse immédiate des autorités. Le quotidien El País rapportait : « Deux morts et neuf hospitalisations sèment la panique dans 13 communes. » Face à cette crise, des techniciens du gouvernement andalous ont commencé à déployer des insecticides après la mobilisation citoyenne.
Des appels à l’action concertée
Bien que l’invasion de moustiques semble s’être calmée, la situation demeure critique, avec trois nouveaux décès confirmés entre le 20 et le 27 août, portant le total à cinq dans la province de Séville. « Cela fait des années que nous avertissons des dangers », affirme Jordi Figuerola, insistant sur les conditions climatiques favorisant la circulation de ce virus du Nil.
Le réchauffement climatique entraîne des conditions propices à la prolifération du virus, rendant les futures épidémies de plus en plus probables. Juanjo réclame l’union des actions entre les administrations locales, régionales, nationales, et même l’OMS, car il s’agit d’un problème de santé publique dépassant le cadre espagnol. En 2024, la France a d’ailleurs signalé onze cas « autochtones » qui ont résulté en hospitalisations.