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Vaincre la dépression : un défi à relever
En France, la dépression est une maladie de plus en plus reconnue et moins stigmatisée qu’auparavant. Pourtant, les chiffres liés à cette pathologie sont en constante augmentation. Selon Santé Publique France, les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur et comportements suicidaires ont fortement augmenté depuis 2021, et cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes adultes. En 2021, environ 20,8 % des jeunes de 18 à 24 ans souffraient de dépression, une hausse significative par rapport aux 11,7 % en 2017, un contexte qui précède la pandémie de Covid-19.
Les nouvelles pistes de recherche sur la dépression
Face à cette croissance inquiétante, de nombreuses études se penchent sur la dépression pour identifier des traitements plus efficaces. Récemment, des chercheurs de l’Université Deakin en Australie ont exploré l’efficacité de deux interventions simples : des conseils en nutrition et un programme d’activité physique régulière. Leur étude, publiée le 31 juillet dans la revue médicale The Lancet, propose une alternative à la psychothérapie traditionnelle pour traiter la dépression légère à modérée.
Les résultats de l’étude
Pour cette étude, les chercheurs ont suivi 182 participants souffrant de dépression légère à modérée, répartis en deux groupes. Le premier groupe a bénéficié d’une « thérapie de style de vie », où diététiciens et physiologistes de l’exercice ont intégré des conseils pratiques sur la nutrition et l’activité physique. À l’aide d’un Fitbit, un dispositif d’activité physique, les participants ont pu suivre leur progression, se concentrant sur une alimentation variée, riche en fibres et la réduction de graisses saturées et de sucre ajouté.
En parallèle, le deuxième groupe a suivi une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) avec l’aide de psychologues. Les méthodes utilisées visaient principalement à gérer les pensées et comportements négatifs, accompagnées de cahiers d’exercices pour encourager la pratique des techniques apprises.
A la fin de ces huit semaines, les résultats étaient impressionnants. Les participants du premier groupe affichaient une réduction de 42 % de leurs symptômes dépressifs, contre 37 % pour ceux du groupe TCC. Ainsi, 42 participants ont réellement constaté une amélioration grâce à une meilleure nutrition et à un mode de vie plus actif.
Un regard neuf sur la santé mentale
Cette étude constitue une avancée majeure. Comme l’a expliqué la professeure Adrienne O’Neil, l’auteur principal de l’étude : « Contrairement à d’autres domaines comme la cardiologie, les modifications du mode de vie ont souvent été sous-estimées en santé mentale. » Cette recherche démontre que ces approches pourraient devenir des éléments centraux dans le traitement de la dépression. Il est important de reconnaître l’importance des soins fondés sur le mode de vie, confirmant ainsi leur place au sein des soins psychiatriques traditionnels.
Le contexte de l’étude
Il convient néanmoins de noter que cette étude s’est déroulée pendant la pandémie de Covid-19, ce qui pourrait influer sur les résultats. Les chercheurs prévoient d’autres études pour déterminer si ces résultats seraient également observés lorsque les participants ne seraient pas soumis à des confinements. De plus, l’échantillon était limité et majoritairement composé de femmes. Des recherches plus larges seront nécessaires pour confirmer ces bienfaits dans des populations diversifiées.
Un appel au bon sens
Scarlett Smout, chercheuse associée au Centre Matilda de recherche sur la santé mentale, souligne : « L’idée que les professionnels de santé paramédicaux soient formés pour fournir des interventions en santé mentale est encourageante, surtout face à la pénurie de psychiatres. Cependant, il est primordial que les patients aient accès à une gamme complète de soins, aussi bien axés sur le mode de vie que sur la psychothérapie. »
Distinguer le blues de la dépression clinique
Il est essentiel de différencier le blues passager de la dépression clinique. La dépression légère à modérée, qui fait l’objet de cette étude, se distingue des formes plus sévères. Pour aider à cette identification, l’Inserm et la Haute Autorité de Santé ont défini plusieurs symptômes caractéristiques de la dépression. En voici les principaux :
- Tristesse continue ou humeur basse
- Désintérêt pour des activités autrefois appréciées
- Fatigue persistante
- Idées sombres récurrentes
- Appétit changeant (perte ou compulsivité alimentaire)
- Difficultés de concentration
- Sentiments d’inutilité ou de culpabilité excessive
- Symptômes physiques divers (maux de ventre, troubles du sommeil)
- Ralentissement psychomoteur (retard dans les mouvements ou la parole)
Si vous vous reconnaissez dans au moins deux des trois premiers symptômes, il est crucial de consulter un professionnel de santé. Selon les critères établis, une dépression est considérée comme légère à modérée lorsque le patient présente 5 à 7 des symptômes listés, et sévère au-delà de 8 symptômes.
Les bases d’un changement de mode de vie
Adopter des changements dans son mode de vie peut sembler difficile, mais de petites étapes peuvent suffire à amorcer une transformation positive. Voici quelques suggestions :
- Manger équilibré : Intégrez davantage de fruits, légumes et céréales complètes dans votre alimentation.
- Pratiquer une activité physique régulière : Même 30 minutes de marche par jour peuvent avoir des effets significatifs sur l’humeur.
- Se créer un réseau de soutien : Entourez-vous de proches, amis ou de personnes qui comprennent votre situation.
- Prendre du temps pour soi : Pratiquez des activités qui vous rendent heureux, que ce soit la lecture, le jardinage ou la méditation.
- Établir une routine : Une structure dans votre journée peut apporter un sentiment de contrôle.
Ces changements, bien qu’apparemment simples, peuvent avoir un impact considérable sur votre santé mentale. Ils fonctionnent mieux lorsqu’ils sont intégrés à une approche globale, incluant possiblement des soins professionnels.
La nécessité d’une approche intégrative
Au regard de l’évolution des connaissances en santé mentale, il apparaît crucial de développer une approche intégrative pour la prise en charge de la dépression. Cela passe par la combinaison de traitements traditionnels tels que la psychothérapie et des interventions basées sur les modes de vie. L’accompagnement par des nutritionnistes et des spécialistes de l’exercice physique pourrait non seulement alléger la charge des professionnels de santé, mais également offrir une assistance concrète aux patients.
Perspectives futures
La recherche continue sur la dépression est prometteuse et ouvrira probablement la voie à de nouvelles méthodes de traitement. Tout en validant ces résultats, il est important d’intégrer ces nouvelles pistes dans le cadre d’une santé mentale globale. Les équipes de santé mentale doivent être renforcées pour offrir aux patients, et particulièrement aux jeunes, des soins diversifiés et adaptés à leurs besoins spécifiques.