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Troubles scolaires : comprendre TDAH et HPI
Les troubles scolaires tels que le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), les « troubles dys », et le HPI (Haut Potentiel Intellectuel) renvoient à des réalités complexes et parfois mal comprises. Comment peut-on les diagnostiquer et les prendre en charge efficacement ?
Comment distinguer les élèves « dys » des élèves en difficulté scolaire ?
Il est essentiel de faire la distinction entre des élèves rencontrant des difficultés scolaires classiques et ceux souffrant de troubles neurodéveloppementaux. Selon Isabelle Ducos Filippi, le terme « dysorthographique » est pertinent, à condition de ne pas confondre les simples difficultés d’orthographe, qui peuvent être atténuées par l’entraînement, avec les troubles avérés. Les élèves dysorthographiques présentent des blocages nécessitant une approche spécifique, alors que d’autres pourraient bénéficier d’une plus grande exposition à la matière. Philippe Meirieu souligne quant à lui l’existence d’un continuum entre difficultés et dysfonctionnements graves : « On peut être prédisposé à la dysorthographie, mais un environnement adapté peut permettre d’éviter ce trouble ». Il insiste sur l’importance de l’interaction entre prédispositions et contexte.
« HP », « QI », « TDAH » : des termes qui posent question
Face aux idées reçues, Isabelle Ducos Filippi et Philippe Meirieu souhaitent clarifier la notion de Haut Potentiel. Selon eux, il n’y a pas de preuve scientifique établissant un lien entre le fait d’être HP et une prédisposition à souffrir d’émotivité ou d’hypersensibilité. Philippe Meirieu reste critique vis-à-vis de l’utilisation du Quotient Intellectuel (QI) comme référence unique : « Le QI réduit la personne à une simple valeur numéraire, sans prendre en compte des qualités telles que la créativité ou l’autonomie ». Les termes « HP » et « TDAH » présentent le risque de réduire l’individu à une étiquette, soulignent-ils, en raison de l’éventail large des profils d’élèves concernés.
Une articulation délicate entre le singulier et le commun
Sur le plan politique, Philippe Meirieu critique les réformes successives introduites par les ministres de l’Éducation Nationale. Il remarque que pour ces derniers, l’éducation semble souvent utilisée pour promouvoir des idées personnelles plutôt que d’instaurer une écoute sincère des acteurs de terrain. Il propose la création d’une convention citoyenne sur l’école pour redonner du sens au métier d’enseignant, qui souffre d’un désamour croissant. Pour lui, l’école doit construire du commun : « avec la montée de l’individualisme, chaque parent désire que son enfant soit perçu comme une exception, bien que les fondateurs de l’école républicaine aient rappelé que celle-ci est conçue pour ‘apprendre ensemble’, où le ‘ensemble’ est tout aussi important que l’apprentissage ».