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Sport et Règles Douloureuses: Conseils pour Briser le Tabou
Aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, la nageuse chinoise Fu Yuanhui a brisé un solide tabou en attribuant ses mauvaises performances à ses règles. Parler de menstruations, surtout en pleine compétition, était autrefois impensable. Alors que les mentalités évoluent depuis cet événement, il reste encore du chemin à parcourir.
Une campagne pour encourager les sportives à parler de leurs saignements
En vue des prochains Jeux olympiques de Paris, le Collège national des gynécologues-obstétriciens de France (Cngof) et le Fonds pour la santé des femmes lancent la campagne d’informations « Brisons les règles » avec le soutien financier de la société Hologic. Une vidéo percutante montre une jeune femme dont le pantalon blanc est taché de sang, suscitant des réactions variées autour d’elle. « On ne devrait pas craindre la tache visible. C’est un signe indirect que les règles sont trop abondantes », rappelle la Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep).
Cette campagne vise à encourager les sportives, et toutes les femmes, à parler de leurs saignements, des douleurs menstruelles et de la fatigue associée. « Nous avons les JO en France. Il est important que les sportives fassent avancer ce sujet dans la société française et cassent le tabou des règles douloureuses. Les règles, c’est naturel. Pas la douleur », rappelle Julie Gayet, marraine du Fonds pour la santé des femmes.
Une femme sur cinq est concernée
Selon une enquête réalisée auprès des équipes féminines de rugby, 20 % des jeunes femmes se plaignent de règles trop abondantes. Pour 44 % d’entre elles, ces saignements sont douloureux et gênent leurs entraînements. 65 % estiment que les règles ont un impact sur leurs performances sportives, mais seulement 54 % osent en parler à un médecin.
Les adolescentes de 15-17 ans ne sont pas épargnées. Une autre étude menée lors d’ateliers de sensibilisation sur les cycles menstruels à l’Insep montre que 56 % des jeunes filles se sentent gênées durant leurs entraînements menstruels. Les principaux symptômes gênants sont la douleur, suivie de la fatigue et du ballonnement abdominal.
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Il ne faut pas hésiter à consulter
« Cette douleur n’est pas physiologique », rappelle la Dr Carole Maître. Autrement dit, c’est un signe d’alarme qui devrait inciter à consulter un médecin. La fatigue ne doit pas non plus être négligée, car elle peut indiquer une anémie due à des pertes sanguines trop importantes. Prendre du fer en automédication ou se reposer quelques minutes ne résoudra pas le problème. Il est indispensable de consulter un professionnel de santé.
Un test pour savoir ce qui est normal, ou pas
Mais comment savoir si les règles sont anormalement abondantes et comment évaluer la douleur ? Beaucoup de jeunes filles manquent de repères. Les gynécologues recommandent le score de Higham, un test scientifique basé sur le nombre de serviettes et de tampons utilisés. On peut le télécharger sur le site des Hospices civils de Lyon ici.
Les résultats du test peuvent être discutés avec un gynécologue ou un médecin généraliste, qui proposera une prise en charge adaptée en cas d’anomalie. Plusieurs causes peuvent expliquer des règles douloureuses : polypes, fibromes, endométriose, déséquilibre hormonal, ou troubles de la coagulation. Il est important d’en parler.
Témoignage de Marie-Amélie Lefur : "j'ai vécu l'anxiété menstruelle"
Marie-Amélie Lefur, multiple championne paracyclisme, partage son expérience avec les règles douloureuses et explique comment elle a surmonté ces défis. « Mes règles ont souvent été une source d'anxiété majeure, particulièrement durant les compétitions. Cela affecte énormément ma concentration et mes performances. Grâce à l'aide de mon médecin et des mesureurs de flux sanguin, j'ai pu mieux comprendre et gérer mes symptômes. »