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Risque de Maladie d’Alzheimer selon le Parent Malade : Mère ou Père ?
Depuis plusieurs années, nous savons qu’il existe une forme héréditaire de la maladie d’Alzheimer. Cependant, ce qui est moins connu, c’est quel parent – mère ou père – est plus susceptible de transmettre ce risque accru de développer cette maladie neurodégénérative dévastatrice. Une nouvelle étude publiée dans la revue JAMA Neurology le 17 juin 2024 apporte des réponses à cette question intrigante.
De l’importance de considérer les antécédents familiaux
Une équipe de chercheurs a analysé les données de santé de 4 413 adultes âgés de 65 à 85 ans. Leur objectif était d’examiner l’influence des antécédents familiaux sur le risque de changements biologiques dans le cerveau pouvant conduire au développement de la maladie d’Alzheimer. Les résultats ont révélé que ceux ayant des antécédents d’Alzheimer du côté de leur mère ou de leurs deux parents présentaient une augmentation significative des niveaux d’amyloïde dans le cerveau. Rappelons que les agrégats de protéines amyloïdes sont des marqueurs clés dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Le Dr Hyun-Sik Yang, neurologue au Mass General Brigham (Boston, États-Unis), a commenté : « Notre étude a révélé que si les participants avaient des antécédents familiaux du côté de leur mère, un taux d’amyloïde plus élevé était observé ».
Des données à prendre en compte en matière de prévention
Les chercheurs ont interrogé les participants sur l’apparition de pertes de mémoire chez leurs parents, la pose d’un diagnostic formel et la confirmation de la maladie lors d’autopsies. Ensuite, ils ont mesuré les niveaux d’amyloïde chez les participants via des imageries cérébrales. L’équipe a découvert que les antécédents maternels de troubles de la mémoire, à tout âge, étaient associés à des taux plus élevés d’amyloïde, même chez les participants asymptomatiques, c’est-à-dire sans perte cognitive apparente.
Les troubles de la mémoire précoces chez le père étaient également associés à des niveaux plus élevés d’amyloïde, bien que cet effet ne soit pas observé lorsque les troubles apparaissaient plus tardivement. « Si votre père présentait des symptômes précoces, cela est associé à des niveaux élevés chez [vous, sa progéniture] », a commenté Mabel Seto, premier auteur de l’étude. « Cependant, peu importe le moment où votre mère a commencé à développer des symptômes : si elle l’a fait, cela est associé à une teneur élevée en amyloïde. »
Bien que l’étude présente certaines limites (décès précoces de parents, facteurs sociaux et économiques influençant la pose du diagnostic, manque de diversité des participants), elle souligne l’importance des antécédents familiaux dans l’augmentation potentielle du risque de maladie d’Alzheimer. « Ce travail indique que l’héritage maternel de la maladie d’Alzheimer peut être un facteur important dans l’identification des individus asymptomatiques pour les essais de prévention en cours et futurs », a conclu Reisa Sperling, coauteure de l’étude.
Implications pour le futur et la prévention
Cette étude ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour la prévention de la maladie d’Alzheimer. En identifiant les individus asymptomatiques à haut risque en fonction de leurs antécédents familiaux, notamment maternels, il est possible de cibler des stratégies de prévention plus précises et efficaces. Les chercheurs appellent à des études complémentaires pour valider ces findings et approfondir la compréhension de l’héritage génétique associé à la maladie d’Alzheimer.
Par ailleurs, ces résultats mettent en lumière la nécessité d’une vigilance accrue et de dépistages réguliers pour les personnes avec des antécédents familiaux de trouble de la mémoire. Une attention particulière doit être accordée à la période de l’apparition des symptômes, surtout si ceux-ci se manifestent précocement chez le père.
Conclusion : un pas de plus vers une meilleure compréhension
Cette étude permet de mieux comprendre comment les antécédents familiaux influencent le risque de maladie d’Alzheimer. Si les facteurs de risque du côté maternel semblent plus déterminants, les premiers symptômes chez le père ne doivent pas être négligés. Les professionnels de santé et les chercheurs disposent maintenant de nouvelles données pour affiner les stratégies de prévention et potentiellement améliorer le pronostic des personnes à risque élevé de développer la maladie d’Alzheimer.