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Définition : qu’est-ce que l’obésité infantile ?
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit l’obésité comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Chez les enfants et les adolescents, il est parfois difficile de l’identifier à l’œil nu. On se réfère alors à l’indice de masse corporelle (IMC) chez l’enfant, au tour de taille (TT) et aux courbes de corpulence établies en fonction des âges et des sexes.
Il est normal qu’un bébé soit potelé jusqu’à l’âge d’un an. Mais dès qu’il commence à marcher, l’enfant commence à s’affiner, jusqu’à l’âge de cinq-six ans environ, explique la Dre Véronique Nègre, pédiatre.
La coordinatrice des Centres Spécialisés Obésité (CSO) de la région PACA et présidente de l’Association pour la Prévention et la prise en charge de l’Obésité Pédiatrique (APOP) ajoute : « Ensuite, et jusqu’à la fin de la croissance, sa corpulence augmente à nouveau pour se rapprocher de sa morphologie d’adulte. »
Il convient idéalement de surveiller deux à trois fois par an l’évolution de la courbe de corpulence d’un enfant, pour s’assurer qu’elle ne présente pas une ascension brutale qui témoignerait d’une prise de poids préoccupante.
Comment calculer l’IMC de mon enfant ?
Le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) est extrêmement important pour dépister précocement une obésité infantile. L’IMC est par ailleurs le seul indicateur approuvé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il se différencie selon des fourchettes et s’établit en kilos/m².
Si vous souhaitez calculer l’indice de masse corporelle de votre enfant, vous pouvez utiliser notre calculateur d’IMC ci-dessous :
Qu’est-ce que le rebond d’adiposité ? Pourquoi le surveiller ?
Le rebond d’adiposité correspond au moment où l’enfant reprend naturellement du poids vers l’âge de cinq ou six ans. Si celui-ci survient avant cinq ou six ans, on parle de rebond d’adiposité précoce. C’est un signal d’alerte à prendre très au sérieux, car plus le rebond d’adiposité est précoce, plus il prédispose à la prise de poids.
La courbe de corpulence des enfants souffrant d’obésité montre souvent un rebond d’adiposité vers l’âge de 3 ans. Ce phénomène témoigne d’une prédisposition, en particulier génétique, au surpoids ou à l’obésité : les enfants naissent avec un appétit trop important par rapport à leurs besoins.
Dre Véronique Nègre
Il est donc important d’identifier ce rebond d’adiposité précoce afin de mettre en place un suivi et un accompagnement des parents permettant à l’enfant d’apprendre à manger à la juste quantité.
Les chiffres de l’obésité infantile en France et dans le monde
L’OMS rapporte qu’en 2022, on estimait à 37 millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans en surpoids. Plus de 390 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids et parmi eux, 160 millions étaient obèses. Autrefois considéré comme un problème des pays à revenu élevé, le surpoids est en hausse dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
En France, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’obésité infantile concerne 16 % des garçons et 18 % des filles : des chiffres à peu près stables depuis une dizaine d’années.
Quelles sont les causes de l’obésité infantile ?
Nous ne sommes pas tous égaux face à la prise de poids et l’alimentation n’est pas la seule cause d’obésité chez l’enfant.
Dre Véronique Nègre
Plusieurs autres facteurs de risque, souvent imbriqués, peuvent aussi expliquer une obésité infantile.
Dans le cas d’une obésité dite « commune » (la plus courante)
L’obésité peut être favorisée par des facteurs génétiques, environnementaux, sociaux et psychologiques :
- Un surpoids ou une obésité parentale, notamment de la mère ;
- L’exposition du fœtus à plusieurs facteurs prédisposants pendant la grossesse : tabagisme maternel, prise de poids importante, ou encore diabète mal équilibré ;
- Un manque d’activité physique et une augmentation de la sédentarité associés à une alimentation trop riche en produits gras et sucrés, ou gras et salés ;
- Un manque de sommeil ;
- Des facteurs psychologiques (dépression, mais aussi négligences parentales, harcèlement scolaire ou abus sexuels) ;
- Des troubles du comportement alimentaire, par exemple l’hyperphagie boulimique ;
- Une attitude parfois inadaptée de l’entourage (mesures alimentaires trop restrictives ou permissives).
Les difficultés socio-économiques favorisent également l’obésité infantile, relève la Dre Véronique Nègre. Les femmes sont parfois moins bien suivies et sensibilisées pendant leur grossesse, et pour certaines familles, la priorité n’est pas de manger équilibré, mais de manger tout simplement.
L’industrie agroalimentaire est de plus en plus pointée du doigt. L’OMS estime qu’elle pourrait jouer un « rôle non négligeable pour réduire l’obésité de l’enfant, en abaissant la teneur en graisses, en sucres et en sel des aliments manufacturés pour nourrissons et jeunes enfants… »
Dans le cas d’une obésité dite « secondaire » (plus rare)
L’obésité peut aussi être liée :
- À la prise de médicaments, notamment d’antiépileptiques, de psychotropes ou de corticoïdes (obésité iatrogène) ;
- À une anomalie hormonale (obésité endocrinienne) ;
- Ou à une anomalie génétique, par exemple le syndrome de Prader-Willi (obésité génétique).
À savoir : Au moment de la puberté, les jeunes filles ont plus de risque de prendre du poids. Leur corps se prépare à une éventuelle maternité et stocke plus de masse grasse, tandis que les jeunes garçons ont plutôt tendance à prendre de la masse musculaire et à s’affiner à l’adolescence.
Obésité infantile : quelles conséquences pour la santé ?
Certaines conséquences s’installent silencieusement et risquent de resurgir à l’adolescence ou à l’âge adulte, tandis que d’autres se manifestent plus directement.
Des risques psychosociaux
L’enfant ou l’adolescent en surpoids peut être l’objet de moqueries, voire de harcèlement et se sentir exclu socialement. Cela peut générer une baisse de confiance en soi, un risque élevé de troubles du comportement, de désinvestissement scolaire ou de difficultés d’apprentissage.
Les angoisses, le rejet et le manque d’estime de soi peuvent aussi être à l’origine de conduites addictives ou de troubles du comportement alimentaire (TCA) qui participent à l’aggravation de l’obésité:
L’environnement joue un rôle essentiel, mais l’entourage doit aussi se mobiliser pour soutenir l’enfant ou l’adolescent en situation d’obésité… Dre Véronique Nègre
Pour aider votre enfant à avoir une meilleure image de lui et à reprendre confiance en lui, il faut par exemple éviter les commentaires négatifs sur son poids ou son apparence et mettre l’accent sur les bonnes habitudes à prendre.
Des risques médicaux
Outre les complexes, il ne faut pas négliger les conséquences physiques à long terme. Les enfants en situation d’obésité sont plus susceptibles de le rester à l’adolescence et à l’âge adulte. Ils sont alors exposés à plusieurs maladies :
- Risque de résistance à l’insuline (souvent le signe avant-coureur d’un diabète) ;
- Risque accru d’anomalies sanguines du cholestérol et/ou des triglycérides ;
- Risque accru d’hypertension ou d’asthme; ;
- Risque accru de troubles du sommeil (apnées obstructives du sommeil, ronflements, somnolence) et réveils nocturnes ;
- Risque de troubles musculo-squelettiques (douleurs, etc.) ;
- Mauvaise tolérance à l’effort (essoufflement, etc.).
À l’âge adulte, ces risques incluent aussi les complications cardiovasculaires et un risque accru de développer certains types de cancer (cancer de l’endomètre, du sein ou du côlon).
L’excès de poids entraîne aussi des conséquences morphologiques et esthétiques (vergetures, gynécomastie, hypersudation, verge enfouie, etc.) qui peuvent être source de souffrance physique et psychique.
Quand peut-on dire qu’un enfant est obèse ?
Les parents et l’entourage ont parfois du mal à se rendre compte que l’enfant ou l’adolescent glisse dans l’obésité. Mais certains signes ne trompent pas :
- Vous devez habiller votre enfant avec des vêtements dont le tour de taille est de plus en plus large ;
- Votre enfant est essoufflé durant ses déplacements quotidiens ou lorsqu’il pratique une activité physique ;
- Votre enfant se plaint des moqueries de son entourage sur son apparence, se renferme sur lui-même ou adopte des comportements à risque (troubles du comportement alimentaire, par exemple).
Certains signes alertent particulièrement les professionnels de santé lors des visites médicales :
- Un rebond d’adiposité précoce ou une ascension continue de la courbe IMC depuis la naissance ;
- Une évolution très précoce et/ou rapide de la courbe de corpulence, quel que soit l’âge de l’enfant.
D’autres signes peuvent parfois amener à rechercher une obésité « secondaire » :
- Un ralentissement de la croissance, visible sur la courbe de taille du carnet de santé ;
- Une anomalie morphologique ou sensorielle ;
- Un retard de développement physique ou mental.
Faut-il mettre son enfant au régime ?
Surtout pas ! Cela risquerait d’induire des carences ou des comportements alimentaires compulsifs. Les régimes à visée amaigrissante, quelle qu’en soit la nature (hypocalorique ou hyperprotidique, etc.), sont proscrits chez l’enfant. Au mieux, ils sont inefficaces ; au pire, ils sont nocifs à long terme et deviennent le terreau d’addictions amplifiées à la nourriture.
On ne cherche jamais à faire ‘maigrir’ un enfant en surpoids par le biais d’un régime.
Dre Véronique Nègre
« L’idée est plutôt de l’aider à ralentir sa prise de poids, le temps qu’il s’affine naturellement pendant la croissance. Cela n’a aucun intérêt et cela peut être dangereux de faire perdre du poids à un enfant en période de croissance, qui en reprendra forcément avant d’arriver à sa morphologie d’adulte », insiste la pédiatre.
Les professionnels préconisent en revanche que toute la famille participe à l’effort fourni par l’enfant ou l’adolescent en situation d’obésité : manger plus équilibré et pratiquer une activité physique est intéressant pour tous, que l’on soit en surpoids ou non.
L’enfant intégrera beaucoup plus rapidement les nouvelles normes alimentaires ou sportives s’il les pratique collectivement, en famille.
Dre Véronique Nègre
Obésité infantile : qui consulter ? quelle prise en charge ?
La clé d’une prise en charge réussie est la proximité, insiste Véronique Nègre. La prise en charge de l’obésité infantile débute généralement chez le médecin traitant (pédiatre et généraliste). Idéalement, elle doit être pluridisciplinaire (médicale si besoin, alimentaire, sportive, psychologique, etc.).
Si le médecin détecte l’obésité suffisamment tôt, il peut assurer lui-même le suivi et coordonner l’accompagnement de l’enfant ou de l’adolescent par plusieurs professionnels.
- S’il en existe un dans sa région, le médecin traitant peut orienter la famille vers l’un des douze réseaux RePPOP (Réseau de Prévention et de Prise en charge de l’Obésité Pédiatrique).
- Si la prise en charge ne paraît pas assez efficace au bout d’un ou deux ans, l’enfant peut être orienté vers un CSO à compétence pédiatrique (Centre Spécialisé Obésité).
Concernant l’accueil des enfants ou adolescents souffrant d’obésité en établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR), la Dre Véronique Nègre se