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Préparation mondiale à la prochaine pandémie avec un vaccin inédit
Des chercheurs ont développé une technique vaccinale novatrice promettant une protection contre un large éventail de coronavirus potentiellement à l’origine de futures épidémies, y compris ceux encore inconnus. Cette étude a été menée par des équipes de l’Université de Cambridge et d’Oxford au Royaume-Uni, ainsi que de l’Institut de technologie de Californie aux États-Unis, et publiée le 6 mai dans la revue « Nature Nanotechnology ».
Cette approche, baptisée « vaccinologie proactive », consiste à créer un vaccin avant même l’apparition de l’agent pathogène responsable de la maladie. Le vaccin fonctionne en entraînant le système immunitaire à reconnaître certaines zones de 8 différents coronavirus, incluant le SARS-CoV-1 et le SARS-CoV-2, ainsi que plusieurs virus actuellement présents chez les chauves-souris et susceptibles de se transmettre à l’homme, provoquant ainsi une pandémie.
Nommé « Quartet Nanocage », le vaccin repose sur une structure appelée nanoparticule, une sphère composée de protéines liées ensemble par de fortes interactions. Des chaînes d’antigènes de différents virus sont attachées à ces nanoparticules grâce à une nouvelle « protéine super glue ». Plusieurs antigènes sont inclus dans ces chaînes, dressant le système immunitaire à cibler des zones spécifiques communes à une grande variété de coronavirus.
Selon la Fondation nationale pour les maladies infectieuses aux États-Unis, les coronavirus forment une large famille de virus respiratoires incluant le COVID-19, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SARS). Ces virus peuvent provoquer des maladies chez les animaux et les humains, se répandant principalement entre les chameaux, les chats et les chauves-souris, et parfois évoluer pour infecter les humains.
Chez l’homme, ils peuvent causer des infections respiratoires allant du simple rhume à des maladies plus sévères comme la pneumonie. Les coronavirus humains ont été identifiés pour la première fois dans les années 1960, et sont étroitement surveillés par les autorités de santé publique.
Comment fonctionne le nouveau vaccin ?
L’efficacité du vaccin réside dans le fait que les régions spécifiques du virus ciblées par le vaccin se retrouvent également dans de nombreux autres coronavirus liés. En formant le système immunitaire à attaquer ces régions, il offre une protection contre d’autres coronavirus non inclus dans le vaccin, y compris ceux non encore identifiés.
Par exemple, bien que le nouveau vaccin ne cible pas directement le « SARS-CoV-1 », responsable de l’épidémie de SARS en 2003, il stimule néanmoins une réponse immunitaire contre ce virus.
Rory Hills, chercheur en pharmacologie à l’Université de Cambridge et auteur principal de l’étude, souligne : « Notre but est de créer un vaccin qui nous protège contre la prochaine pandémie de coronavirus, avant même qu’elle ne commence ».
Le professeur Mark Howarth, du département de pharmacologie à Cambridge et principal auteur du rapport, ajoute : « Nous ne devons pas attendre l’apparition de nouveaux coronavirus… Nous connaissons suffisamment les coronavirus et les différentes réponses immunitaires pour commencer à construire des vaccins préventifs contre les coronavirus encore inconnus à ce jour ».
Cette recherche a démontré que le nouveau vaccin induit une réponse immunitaire large, y compris chez les souris préalablement immunisées contre le SARS-CoV-2. Le design du nouveau vaccin, nettement plus simple que celui d’autres vaccins à large spectre actuellement en développement, pourrait accélérer son cheminement vers des essais cliniques, offrant ainsi un outil prometteur dans la préparation contre de futures pandémies.