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Les régimes riches en protéines peuvent nuire à votre santé
Nombreuses mises en garde contre les régimes riches en protéines
Une étude de l’Université de Genève a mis en lumière les risques toxiques potentiels des régimes alimentaires riches en protéines, qui peuvent provoquer des troubles neurologiques graves.
Il est courant de suivre des régimes alimentaires riches en protéines, connus sous le nom de « régimes paléolithiques » ou « régimes de l’âge de pierre ». Ce régime comprend la consommation de fruits, légumes, viandes maigres, poissons, œufs, noix et graines. Bien qu’efficace pour la gestion du poids et le contrôle du diabète, ce type de régime alimentaire n’est pas exempt de risques.
Les excès de protéines peuvent entraîner une production accrue d’ammonium, imposant une charge substantielle sur le foie. Un surplus d’ammonium peut provoquer des troubles neurologiques et, dans les cas les plus sévères, conduire au coma.
Les chercheurs de l’Université de Genève ont utilisé des souris pour étudier les effets de ce régime. Les résultats de l’étude, publiés dans le Journal of Biological Chemistry, soulignent la nécessité de la prudence lors de l’adoption de ces régimes.
L’excès de protéines mène à une production accrue d’ammonium, mettant le foie à rude épreuve (Pixabay)
Perte de poids pour contrôler le diabète
Le diabète de type 2 est une maladie métabolique de plus en plus fréquente. En raison d’un mode de vie sédentaire et d’autres facteurs alimentaires, le pancréas endommagé lutte pour réguler les niveaux de sucre dans le sang. Bien que les traitements actuels aident à contrôler la progression de la maladie, ils ne la guérissent pas. La perte de poids est souvent une composante essentielle du traitement.
Le professeur Pierre Miclère, du département de physiologie cellulaire et du métabolisme de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, qui a dirigé cette étude, explique que « les régimes alimentaires riches en protéines animales et végétales, connus sous le nom de régimes paléolithiques, peuvent être utilisés pour stabiliser le diabète de type 2 et gérer le poids ».
Ce régime est inspiré des régimes basés sur la viande prévalant avant l’ère de l’agriculture. Mais quels sont ses effets sur le corps humain ? Est-il sain ? C’est ce que les chercheurs ont tenté de découvrir.
Le foie sous pression
L’ammonium est un produit naturel de la dégradation des protéines, éliminé par le foie grâce à une enzyme appelée glutamate déshydrogénase. En cas d’excès de protéines, cette enzyme à son tour est mise sous pression. Pour étudier les effets des régimes riches en protéines, l’équipe de Pierre Miclère a nourri des souris saines et des souris dépourvues de glutamate déshydrogénase hépatique avec des aliments imitant un régime paléolithique.
Les scientifiques ont constaté que chez les souris saines, malgré une production accrue d’ammonium due à l’excès de protéines, le foie parvenait à gérer cet excès grâce à l’action de la glutamate déshydrogénase, éliminant ainsi la toxicité de l’ammonium avant qu’il ne cause des dommages.
Carolina Łuczkowska, ancienne doctorante au département de physiologie cellulaire et du métabolisme de la Faculté de médecine de l’Université de Genève et chercheuse principale de l’étude, explique que « chez les souris dépourvues de glutamate déshydrogénase, le foie est incapable d’éliminer l’excès d’ammonium toxique dérivé des protéines. Il n’est pas nécessaire d’attendre des semaines ou des mois, un simple changement alimentaire de quelques jours suffit pour en observer les conséquences majeures ».
Ces résultats indiquent que, si l’enzyme glutamate déshydrogénase est affaiblie, les régimes alimentaires riches en protéines peuvent provoquer un excès nocif d’ammonium. L’ammonium qui n’est pas éliminé par le foie peut entraîner de graves troubles, notamment neurologiques.
Pierre Miclère conclut, selon le site EurekAlert, qu' »il est important d’être bien informé avant d’adopter un régime alimentaire riche en protéines ».