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Impact de la précarité menstruelle en France : chiffres clés et enjeux
Ce 28 mai marque la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, une date qui n’a pas été choisie au hasard, puisque le chiffre 28 évoque la durée moyenne du cycle féminin, et le 5 lié au mois de mai, la durée moyenne des règles.
Une somme colossale à l’échelle de la vie d’une femme
En France, une femme sur trois est confrontée à la précarité menstruelle, particulièrement les jeunes. C’est ce qu’a révélé le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes le 28 mai 2024. Selon le communiqué, 4 millions de femmes et personnes menstruées manquent de protections périodiques en France. À l’échelle mondiale, l’ONG Plan International estime que plus de 500 millions de femmes connaissent la précarité menstruelle.
Un rapport de l’Assemblée nationale publié en février 2020 estime que le budget alloué aux règles par une femme tout au long de sa vie menstruée varie entre 8 000 et 23 000 euros. Cette estimation inclut 5 jours de menstruations par mois, avec une moyenne de 5 protections par jour, sur 38 ans. Elle prend également en compte le renouvellement des sous-vêtements, du linge de lit, l’achat éventuel d’antidouleurs, et les visites chez le gynécologue.
De la substitution au repli et aux infections
Dans son 3e baromètre “Hygiène et précarité en France”, l’Ifop, mandaté par l’association Dons solidaires, rapportait en mars 2023 qu’environ 4 millions de femmes (31 %) ont déjà manqué de protections périodiques par manque de moyens. Près de 2,8 millions de femmes déclarent ne pas en disposer suffisamment de façon régulière. Ce chiffre a augmenté significativement depuis 2021.
Le manque d’accès aux protections périodiques affecte particulièrement les jeunes femmes (20 % des 18-24 ans) et les catégories les plus précaires (24 %).
Par manque d’argent, 11 % des femmes interrogées ont déclaré devoir parfois utiliser des produits de substitution tels que des mouchoirs ou du papier toilette en lieu et place de tampons et serviettes, une tendance également à la hausse par rapport à 2021 (6 %).
Les conséquences de la précarité menstruelle sont nombreuses :
- Risque d’absentéisme scolaire ou professionnel par peur ou honte des fuites.
- Risque infectieux lié à l’utilisation de produits de substitution inadéquats.
- Isolement social et repli sur soi.
D’où l’importance de garantir un accès facile et peu coûteux aux produits d’hygiène menstruelle, surtout en cette période d’inflation. Conscient du problème, l’État a mis en place des mesures, comme la distribution gratuite de plus de 30 millions de protections périodiques en 2023. En 2024, l’État prévoit de consacrer plus de 5,4 millions d’euros à ces actions et de rembourser les protections périodiques réutilisables pour les moins de 25 ans et les bénéficiaires de la protection complémentaire santé solidaire (C2S).
Les dessins de trois illustratrices pour briser le tabou des règles
À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’ONG CARE France a également lancé une initiative visant à briser le tabou des règles. Trois illustratrices ont utilisé leurs talents pour dénoncer les absurdités entourant ce sujet souvent ignoré. Par exemple :
- Cécile Dormeau a mis en lumière la honte et le tabou des règles, notamment chez les hommes.
- Hina Hundt a abordé les fausses croyances et mythes sur les règles, qui peuvent entraîner des violences et des discriminations sexistes.
- Margaux Motin a souligné les dangers de la précarité menstruelle.
CARE France a également lancé un hashtag sur les réseaux sociaux : #RespectezNosRègles, pour sensibiliser à cette cause.
Le témoignage vidéo de Marie-Amélie : « J’ai vécu l’anxiété menstruelle »
Cet article présente de manière approfondie l’impact de la précarité menstruelle en France, en détaillant les statistiques, les conséquences et les initiatives mises en place pour y remédier.