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Les risques de la Dépakine pour les pères
La Dépakine, connue pour ses effets néfastes sur la santé des enfants lorsqu’elle est consommée par les femmes enceintes, pose désormais question concernant son utilisation par les futurs pères. Des études récentes soulèvent des préoccupations quant à un éventuel risque lié au valproate, le principe actif de la Dépakine, pris au moment de la conception.
Dangers avérés chez l’enfant
Le valproate de sodium, commercialisé sous le nom de Dépakine par le laboratoire Sanofi, est reconnu pour ses dangers quand il est administré à des femmes enceintes. En effet, l’exposition du fœtus au traitement peut provoquer des malformations dans 10 % des cas et entraîne des troubles du développement, comme des retards cognitifs ou des troubles autistiques, dans au moins un tiers des situations.
Ces risques sont bien documentés, surtout avec le contexte des procédures judiciaires en cours en France, qui ont déjà abouti à plusieurs verdicts défavorables pour Sanofi, jugé coupable d’avoir sous-informé les patientes sur les dangers associés à la prise de ce médicament.
L’impact du valproate sur la qualité du sperme
Bien que les effets de la Dépakine soient clairement établis chez les femmes, la question de son impact sur les hommes et leur descendance était moins explorée. Cependant, l’Agence européenne du médicament (EMA) a récemment mis en lumière une étude scandinave suggérant un léger risque de troubles du développement chez les enfants dont le père a utilisé du valproate. Cela représente une augmentation de 5 % des naissances concernées.
Cependant, l’EMA a précisé que la méthodologie utilisée n’était pas suffisamment robuste pour confirmer définitivement l’existence de ce risque, ce qui souligne la nécessité de prudence dans l’interprétation des résultats.
Mesures préventives mises en place
Face à cette inquiétude croissante, certaines autorités de santé ont pris des mesures strictes. Au Royaume-Uni, la MHRA a recommandé de ne pas commencer un traitement par Dépakine pour les personnes de moins de 55 ans, qu’elles soient hommes ou femmes. Sanofi a déclaré respecter cette décision et se préparer à sa mise en œuvre. À l’inverse, en France, l’Agence du médicament (ANSM) conseille aux médecins d’informer leurs patients sur ce risque potentiel, incitant ceux sous valproate à éviter de concevoir.
Le débat scientifique en cours
Malgré ces préoccupations, certains experts affirment que la position britannique pourrait être trop radicale étant donné que la Dépakine reste essentielle pour certains patients épileptiques. Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Neurology Neurosurgery and Psychiatry conclut qu’il n’existe pas de lien clair entre l’utilisation de Dépakine par le père et le développement de troubles chez l’enfant. Les auteurs de cette étude notent que la majorité des recherches ne montrent pas de risque accru pour les pères qui prennent ce médicament.
Cependant, cette étude est critiquée car elle inclut souvent d’autres traitements anti-épileptiques, tandis que l’analyse de l’EMA n’a pas été considérée. Parmi les experts, l’épidémiologiste Catherine Hill insiste sur l’importance des données fournies par l’EMA concernant le potentiel risque et souligne qu’il est nécessaire d’approfondir la recherche sur ce sujet.
Un dilemme persistant
Le manque de données spécifiques sur les conséquences liées à la paternité sous valproate rend le débat particulièrement complexe. La sage-femme britannique Kim Morley explique que prescrire du valproate reste un dilemme délicat, exposant à un besoin crucial d’informations claires pour les patients. Alors que les femmes sont mieux étudiées quant aux effets du valproate, il y a un vide significatif concernant les implications pour les hommes.