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Être confronté à une photo de soi peut souvent provoquer un sentiment de malaise. Malgré un effort considérable pour se préparer avant une sortie ou une occasion spéciale, le résultat photographique peut être déconcertant. Pourquoi tant d’entre nous ressentent-ils une aversion envers notre image sur les photos ? Explorons ce phénomène psychologique.
L’effet de désensibilisation
Il est courant de se sentir dégoûté en découvrant des photos de soi. Selon le Dr Matt Johnson, neuroscientifique, ce sentiment est lié à un phénomène psychologique appelé l’effet de désensibilisation. Nous préférons généralement les images que nous voyons plus souvent, comme notre reflet dans le miroir. Ce dernier, que nous observons régulièrement, nous semble plus familier et réconfortant.
La différence réside dans le fait que les photos capturent notre visage sous des angles et des éclairages différents, ce qui peut créer une déconnexion. Eloise Skinner, psychothérapeute, souligne que lorsqu’une photo est prise, elle peut montrer un aspect de nous que nous n’avons jamais vu, provoquant ainsi un choc visuel.
La perception déformée de soi
Contrairement au miroir qui inverse notre image, les photos montrent notre « vraie » apparence, souvent perçue comme moins flatteuse à cause de notre manque d’exposition à celle-ci. Cela peut susciter des pensées telles que « Oh mon Dieu, est-ce vraiment moi ? ». En revanche, les photos de nos amis semblent plus naturelles car nous les avons déjà vus sous cet angle dans la vie réelle.
Souvenez-vous de vos photos scolaires où les autres semblaient toujours normaux, tandis que la vôtre ressemblait à une photo de *Crimewatch*. Nous nous habituons à voir les vraies images des autres, ce qui n’est pas le cas pour nous-mêmes.
Études et expériences psychologiques
Dans les années 70, une étude a montré que des femmes préféraient leur image miroir, alors que leurs amis choisissaient la photo « vraie ». Ces résultats soutiennent l’idée que notre inconfort face aux photos est lié à nos habitudes d’exposition.
Les biais cognitifs en jeu
Nous ne sommes pas très bons pour évaluer notre apparence réelle. Le Dr William Van Gordon parle d’un biais connu sous le nom de « biais d’auto-amélioration », où nous avons tendance à surestimer nos caractéristiques positives. Cela pourrait être lié à notre évolution et à notre besoin de compétition.
Une étude de 2008 a révélé que lorsque les participants évaluaient des photos d’eux-mêmes avec des modifications esthétiques, ils choisissaient souvent les versions plus flatteuses. Ce phénomène contribue à notre mécontentement face à nos photos.
Perception de soi et des autres
La manière dont nous percevons notre attrait personnel et celui des autres est souvent biaisée par nos émotions. Lorsque nous regardons des photos de nos amis, nous sommes capables de les apprécier, même sous un angle peu flatteur, car nous les voyons dans leur ensemble. En revanche, nous avons tendance à nous concentrer sur nos propres défauts.
Une étude de 2021 a exploré comment nos auto-représentations mentales influencent notre perception de nous-mêmes. Les participants ont réalisé des portraits générés par ordinateur qui reflétaient leurs croyances personnelles.
Surmonter notre aversion pour les photos
Pour surmonter cette aversion, Eloise Skinner suggère de pratiquer la prise de bonnes photos. La connaissance des expressions et de leur apparence sur les photos peut aider à améliorer notre image de soi. Le Dr Johnson recommande également de s’exposer davantage à notre « vraie » image pour réduire le malaise au fil du temps.
En prenant conscience de nos biais cognitifs et en cultivant la bienveillance envers nous-mêmes, nous pouvons développer une perception plus équilibrée de nous-mêmes. La réalité est parfois plus nuancée que ce que montre l’objectif.