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Hollywood et le film ‘La Substance’ : une critique du sexisme
Les bons films d’horreur ne se limitent pas à effrayer le spectateur, mais lui permettent également de réfléchir à des discours et des idées présentés dans un cadre artistique étonnant. ‘La Substance’ (The Substance), projeté lors du Festival du film d’El Gouna après sa première au Festival de Cannes, fait partie de ces films.
Un film d’horreur satirique
‘La Substance’ est un film d’horreur satirique réalisé par la française Quarli Varjet, mettant en vedette Demi Moore et Margot Kowaly. Le film a remporté le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes et est présenté pendant le festival d’El Gouna ainsi que sur la plateforme ‘Mubi’ en lien avec la saison d’Halloween américaine, la période la plus célèbre pour les films d’horreur chaque année.
Une histoire de déclin
Le film débute sur le célèbre Walk of Fame d’Hollywood, lorsque l’actrice fictive Elizabeth Sparkle reçoit sa propre étoile. Au début, cette étoile brille, mais au fil des ans, elle est recouverte de poussière et de saleté, tandis que le public, qui autrefois se pressait pour prendre des photos à ses côtés, se demande maintenant qui est cette Elizabeth Sparkle.
Ces premières scènes résument la vie de chaque star de cinéma, entourée de lumière et d’admiration du public pendant sa jeunesse, puis oubliée lorsque celle-ci s’estompe. Dans les scènes suivantes, nous découvrons Elizabeth célébrant son cinquantième anniversaire, alors qu’elle perd son emploi après que le directeur exécutif du studio décide de la remplacer par une actrice plus jeune.
Une solution désespérée
La protagoniste est choquée, ayant perdu sa place dans le monde et une carrière à laquelle elle a consacré sa vie. Elle se voit alors proposer une solution miraculeuse : un médicament vendu sur le marché noir qui crée une version plus jeune d’elle-même. Cependant, l’utilisateur doit respecter une condition essentielle : cette nouvelle version ne vit qu’une semaine, avant de revenir à l’ancienne version pendant une autre semaine, et ainsi de suite.
Comme dans de nombreux films et romans traitant d’accords similaires, plusieurs complications surviennent, entraînant des conséquences catastrophiques pour Elizabeth et sa version jeune, Sue.
Une critique du sexisme à Hollywood
Si nous analysons le film de manière externe, en tant que film d’horreur, et interne, à travers ses discours ou idées, nous constatons qu’il propose une horreur corporelle choquante. Cela commence avec les scènes de la sortie de Sue du corps d’Elizabeth, jusqu’aux dernières images qui capturent l’effondrement final de leurs corps. Cette horreur corporelle est un choix approprié pour les idées du film, qui se concentrent sur le lien entre la carrière d’une actrice, sa jeunesse et sa beauté physique, montrant à l’écran comment cette obsession se transforme en cauchemar.
Réflexion sur l’industrie cinématographique
Hollywood, la capitale du cinéma américain, a une réputation peu enviable à cet égard. Depuis la mise en place du système des stars, qui considère l’acteur comme le principal attrait d’une œuvre, l’industrie a tendance à traiter ses acteurs et surtout ses actrices comme des produits à exploiter jusqu’à leur expiration, puis à les jeter.
Par exemple, elle est connue pour donner des leçons de danse et d’interprétation aux actrices, pour les transformer conformément aux exigences du marché, jusqu’à ce qu’elles atteignent un âge où elles perdent leur beauté juvénile. À ce moment, les studios recherchent d’autres talents. Auparavant, ce contrôle s’effectuait par le biais de contrats exclusifs de plusieurs années, tandis qu’aujourd’hui, il s’agit de priver les actrices plus âgées de rôles adéquats, Demi Moore étant l’une des victimes de ce système, comme le montre son rôle dans ‘La Substance’.
Un message clair
Dans ses premières scènes, ‘La Substance’ révèle la vision de ses créateurs sur l’injustice qui touche les actrices à mi-chemin de leur carrière, à travers les dialogues. Nous voyons le directeur du studio humilier Elizabeth, croyant qu’elle n’entend pas, et demander son remplacement. La caméra illustre également ce phénomène lors de l’effacement du visage d’Elizabeth des panneaux publicitaires, remplacé par des affiches de Sue, la version plus jeune.
Un film complexe
Ce propos direct met en lumière toutes les idées du film dans la première demi-heure, suivie d’une heure à peu près sans événements notables, où Sue profite de sa vie de jeune femme convoitée, réussissant sans effort grâce à sa beauté éclatante, tandis qu’Elizabeth s’enfonce dans ses chagrins, passant d’une femme magnifique de cinquante ans à une vieille femme indifférente à son apparence, se vengeant des années de soins personnels en s’installant devant la télévision et en mangeant des aliments qui lui étaient interdits auparavant.
Une critique de la beauté moderne
‘La Substance’ aborde ouvertement la question de la marchandisation des femmes en général, et dans l’industrie cinématographique en particulier, tout en permettant d’explorer d’autres idées moins explicites, comme l’obsession des jeunes générations – en particulier la génération Z – pour la beauté, qui dépasse celle des générations précédentes. Cela est en partie dû à l’accent mis par les réseaux sociaux sur des normes de beauté différentes de celles du passé.
Auparavant, les femmes qui incarnaient l’idéal de beauté étaient les actrices de cinéma, perçues comme vivant dans un monde parallèle. Aujourd’hui, ces barrières n’existent plus. Le phénomène des influenceuses, des femmes ordinaires devenues célèbres grâce à leur présence sur les réseaux sociaux, a émergé. Avec l’accessibilité croissante des procédures esthétiques et l’utilisation de filtres sur les photos et vidéos, les adolescentes et jeunes femmes ressentent une pression énorme pour atteindre des standards de beauté irréalistes.
Un impact cinématographique
‘La Substance’ est une expérience cinématographique choquante à plusieurs niveaux, le premier et le plus évident étant l’horreur, et le second étant son engagement direct avec les valeurs d’Hollywood, qui privilégient l’apparence et la jeunesse au détriment du talent et de l’expérience des stars.