Rima Hassan : Une Artiste Engagée à la Biennale d’Art Contemporain de Tunis
La participation de l’eurodéputée et artiste Rima Hassan à la biennale d’art contemporain à Tunis soulève des réactions dans la communauté juive tunisienne. Du 9 octobre au 9 novembre, elle y exposera une série de portraits représentant des réfugiés palestiniens, une initiative qui vise à mettre en lumière les histoires et les luttes de cette population.
Des Portraits Évocateurs
Rima Hassan présente des visages dissimulés par des keffiehs, symbole du nationalisme palestinien, accompagnés de portraits où les visages sont découverts, révélant une identité et une histoire. Ces œuvres ont pour but de « faire vivre l’enfermement du camp, faire ressentir la coupure, la distance avec le monde », explique-t-elle.
Cette exposition est une composante de son projet _Nakba Survivor_, qui vise à « visibiliser les réfugiés palestiniens ». Ce projet évoque l’exode de 1948, connu sous le nom de Nakba, qui a contraint de nombreux Palestiniens à quitter leur terre et à s’installer dans des camps au Liban, en Syrie ou en Jordanie. En plus des portraits, les visiteurs pourront découvrir des capsules vidéo tournées sur place, plongeant dans l’atmosphère des camps, ainsi qu’une mosaïque de photos prises par les réfugiés eux-mêmes, offrant un aperçu brut du quotidien de ces apatrides.
Un Contexte Politique Chargé
Rima Hassan, figure marquante de La France insoumise (LFI), arrive à Tunis dans un contexte politique favorable à la cause palestinienne. Le consensus autour de cette cause a même conduit à des propositions législatives pour criminaliser les relations avec Israël. Le président tunisien, Kaïs Saïed, a toujours affiché son antisionisme, soutenu par une grande partie de la jeunesse tunisienne, qui a appelé au boycott des marques israéliennes.
En parallèle, l’artiste a émis des critiques acerbes à l’égard d’Israël, qualifiant ses actions de « monstruosité sans nom » et affirmant que l’événement du 7 octobre n’est pas perçu comme un acte de terrorisme en dehors de « la pensée hégémonique occidentale ». Ces déclarations ont suscité des controverses, même au sein du Nouveau Front populaire en France.
Un Projet Artistique et Militant
Rima Hassan affirme que son projet artistique est également profondément politique. Elle souhaite donner une voix aux 5,8 millions de réfugiés palestiniens, souvent non entendus. « Il y a cinq générations qui attendent une solution politique », souligne-t-elle. Ayant grandi dans le camp de Nayrab en Syrie, elle a émigré en France avec sa mère à l’âge de 10 ans, une expérience qui nourrit son engagement.