# Surmonter le deuil : des experts proposent des étapes saines
Lorsque quelqu’un de proche décède, que ce soit subitement ou après une longue lutte contre la maladie, la famille du défunt et ses proches traversent une période difficile marquée par les douleurs de la séparation.
Les psychologues parlent souvent des « étapes du deuil » que traverse une personne, mais de nouvelles théories évoquent désormais une série de « tâches » à accomplir pour garantir un « deuil sain », en particulier dans les cas de pertes tragiques comme le décès d’un enfant, la mort causée par un accident, une catastrophe naturelle, un meurtre ou un suicide.
## Les étapes d’un « deuil sain »
Afin de bien gérer leur chagrin, il est crucial pour les personnes endeuillées de comprendre la réalité de la mort et la nécessité de l’accepter, explique Marie Rascher Hield, co-présidente de l’Association fédérale pour le conseil sur les événements de deuil.
Selon le thérapeute et consultant en deuil, Roland Kachler, « le processus de deuil ne suit pas une ligne droite; c’est une spirale (…) Tous ceux qui pleurent doivent faire face à la question de savoir comment survivre et continuer à vivre ».
Certains préfèrent voir ou toucher le défunt, en fonction du degré de parenté, même en cas de suicide ou d’accident. Rascher Hield affirme que « l’image du corps ne vous hantera pas (…) vous chercherez à continuer de communiquer avec le défunt dans votre mémoire et vous le reverrez sous son apparence naturelle ».
![Surmonter le deuil](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2023/11/shutterstock_2161634953-1699865023.jpg?resize=770%2C513)
Les proches du défunt doivent aider et soutenir les personnes endeuillées durant cette période difficile (Shutterstock)
## Comment aider une personne endeuillée?
Au début, la personne endeuillée a besoin de la présence de proches pour accomplir certaines tâches simples sans qu’ils aient à le demander, comme préparer un repas de temps en temps, par exemple.
Kachler explique que ces gestes sont « des expressions initiales d’attention » et ajoute qu’il ne suffit pas de dire « tu peux toujours compter sur moi » et d’attendre que la personne endeuillée vous demande quelque chose. « Ils ne contacteront personne dans cette situation. Ils sont absorbés par eux-mêmes et ne veulent pas être un fardeau pour les autres ».
Kachler précise que certains conseils tels que « tu devrais essayer de ne pas y penser » peuvent être inefficaces. Au contraire, il recommande à la personne endeuillée de conserver le souvenir du défunt et de l’intégrer dans sa vie, car cette relation d’amour peut perdurer même si le sentiment de tristesse s’atténue.
## Que peut faire une personne endeuillée?
Pour beaucoup de personnes endeuillées, il est utile de rassembler des souvenirs, d’organiser des photos et de leur consacrer un espace dans la maison. La personne endeuillée peut également s’asseoir calmement dans un endroit significatif de sa relation avec le défunt afin d’avoir une conversation intérieure avec lui.
Par ailleurs, il est vital d’apprendre à vivre avec l’idée de la perte d’un être cher. Voir la place vide de son conjoint à la table du dîner ou le cartable non utilisé de son enfant rend la perte encore plus pénible.
Kachler souligne l’importance de « vivre avec son chagrin », tandis que Rascher Hield conseille également de tenir un journal de ses émotions ou d’écrire des lettres au défunt pour exprimer ce que l’on ressent, car cela aide à extérioriser sa tristesse.
![Chagrin et réconfort](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/media00-1716203824.jpeg?resize=770%2C513)
Certaines nouvelles pratiques peuvent aider ceux qui pleurent à surmonter leur épreuve (dpa)
## S’adapter à la vie
Les experts soulignent l’importance de s’adapter à la vie sans le défunt et de progresser. Kachler déclare que « la place vacante restera toujours ainsi, mais la vie continue et le défunt fera partie de celle-ci en tant que partenaire intérieur ou source d’énergie ».
Il ajoute que la vie de l’individu doit avoir un sens et apporter de nouveau de la joie.
Le thérapeute reconnaît que surmonter la perte d’un proche est difficile, mais il conseille de s’occuper prudemment des petites tâches que l’on maîtrise et de résoudre les problèmes par des dialogues intérieurs avec le défunt.
Rascher Hield recommande également de se rappeler ce qu’on aimait faire avant la perte du proche, et de redécouvrir soi-même.
Cachler offre de l’espoir à ceux qui accomplissent les « multiples tâches du deuil sain », affirmant que « quand toutes sont terminées, c’est terminé », bien que cela ne signifie pas que le chagrin disparaîtra totalement sans laisser de trace.
Enfin, des moments reviendront où l’on se souviendra de la tragédie, mais la douleur ne sera pas aussi intense qu’au début, se manifestant plutôt comme une « tristesse limitée » ou un simple sentiment de mélancolie.