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Sur les ruines des mosquées, les Gazaouis célèbrent Tarawih
La petite Marah al-Mashoukhi ne ressent pas la joie habituelle qu’elle associe chaque année à l’arrivée du mois béni de Ramadan, en raison de la violente guerre israélienne contre la bande de Gaza pour le sixième mois consécutif, privant les Gazaouis de leurs vies, biens et mosquées.
Cette enfant est issue d’une famille voisine de la mosquée Al-Farouq, au cœur du camp de réfugiés Al-Shabora, l’une des plus anciennes mosquées de la ville de Rafah, dans le sud de la bande, détruite par des raids aériens israéliens le 22 février dernier, marquant la deuxième fois que cette mosquée est détruite par l’occupation après sa destruction totale lors de la guerre de 2014.
Les forces d’occupation ont détruit près de mille mosquées entièrement ou partiellement depuis le début de la guerre contre la bande de Gaza en octobre de l’année dernière (Al Jazeera)
Marah partage avec Al Jazeera Net : « Nous jeûnons mais cela ne nous procure pas la même joie que les années précédentes pour ce Ramadan (…). Ils ont détruit notre mosquée et il n’y a aucun endroit où nous pouvons effectuer la prière de Tarawih. »
Des enfants brandissent le drapeau palestinien au-dessus des décombres de la mosquée Al-Farouq détruite dans le camp de réfugiés d’Al-Shabora à Rafah (Al Jazeera)
Ramadan différent
Mahmoud Al-Humaidah (l’un des fidèles de la mosquée Al-Farouq) endure ses douleurs et insiste pour assister à la prière de Tarawih sur un fauteuil roulant, affirmant ce jeune homme qui a survécu à une attaque aérienne israélienne il y a 4 mois : « Assez de meurtres et de destructions. »
Malgré sa profonde tristesse face à la situation de la mosquée, au froid et aux vents nocturnes qui se renforcent, Mahmoud fait preuve d’une détermination et d’un acharnement à assister aux prières, surtout la prière de Tarawih dans les rues et les places entourant la mosquée.
Il considère que « ce Ramadan cette année est différent de tous les autres » et pointe du doigt la mosquée en ruine, se remémorant le Ramadan de l’année précédente, lorsque la mosquée regorgeait de fidèles de tous âges, même la salle réservée aux femmes affichait complet pendant Ramadan, car tout le monde dans la bande de Gaza cherchait à gagner les récompenses des prières dans les mosquées durant ce mois béni.
Al-Humaidah affirme que « l’occupation a détruit la mosquée et nos souvenirs, privant la joie d’emmener nos enfants à la prière, de rencontrer parents et proches. »
Les Gazaouis de tous âges célèbrent la prière de Tarawih dans les rues après la destruction de leurs mosquées (Al Jazeera)
Bien présents ici
Au cours des premiers jours du mois sacré de Ramadan, environ mille fidèles voisins de la mosquée Al-Farouq continuent à prier dans les rues et les places environnantes, selon Charif Abu Sanjar, responsable du comité de reconstruction de la mosquée. Il voit dans ce grand nombre de fidèles un message indiquant que « notre peuple palestinien est enraciné dans sa terre, autour de ses mosquées et coupoles, et insiste sur la joie et la célébration des rituels du Ramadan malgré les douleurs et les souffrances ».
Abu Sanjar déclare à Al Jazeera Net que la destruction de la mosquée Al-Farouq s’inscrit dans le contexte de la guerre menée par l’occupation contre les mosquées de la bande de Gaza, ayant entraîné la destruction de près de mille mosquées entièrement ou partiellement.
Peu avant Ramadan, des avions de combat israéliens ont détruit la mosquée Al-Farouq dans le camp de réfugiés d’Al-Shabora, l’une des plus anciennes et plus grandes mosquées de la ville de Rafah, à la frontière égyptienne avec Gaza (Al Jazeera)