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Doner kebab : nouvelle source de tensions entre Turquie et Allemagne
Après plusieurs affrontements dans le domaine de la politique, du sport et de la culture, le célèbre plat de « doner kebab » (similaire au shawarma) vient de rejoindre la liste des tensions entre la Turquie et l’Allemagne. Il n’est pas clair où ce tir de tiraillement entre les deux parties aboutira dans les mois à venir.
Retour sur le rejet de l’Union Européenne
Suite à des consultations de trois mois, l’Union Européenne a rejeté une demande de la Turquie visant à accorder au doner kebab un statut spécial au sein des États membres, en tant que spécialité traditionnelle protégée, soumise à des normes de fabrication spécifiques devant être respectées dans le secteur de la restauration. Ce pas de la Turquie, soumis en avril 2024 et rejeté fin juillet, visait à restreindre l’utilisation du doner kebab uniquement aux producteurs respectant les méthodes de production enregistrées et les spécifications du produit.
Conflit culturel et juridique en arrière-plan
Le rejet de cette demande turque semble également révéler un conflit culturel et juridique latent autour de la « propriété intellectuelle ». Bien que le porte-parole de la Commission Européenne n’ait pas dévoilé les États ayant opposé leur veto à la demande turque, des sources de « Euronews » indiquent que l’Allemagne se trouve derrière cette opposition.
Le rejet a principalement émané du ministère allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture, qui s’est appuyé sur les réactions et les positions de groupes représentant les producteurs allemands.
Le doner kebab, un plat emblématique
Le doner kebab ne se limite pas à un simple plat populaire consommé dans les rues allemandes. Il est également considéré comme un produit culturel traditionnel du patrimoine turc, tout comme la pizza napolitaine ou le jambon ibérique de la cuisine espagnole, qui bénéficient d’un statut spécial au sein de l’Union Européenne.
En raison de l’opposition des producteurs allemands, l’Europe devra maintenant continuer ses discussions pendant plusieurs mois pour résoudre le différend et parvenir à un accord concernant le statut du doner kebab.
Les implications de la « dénomination d’origine protégée »
Selon les précisions de Euronews, la Turquie cherche à obtenir une protection liée à la « spécialité traditionnelle », semblable à celle accordée à la pizza napolitaine ou au jambon ibérique. Bien que ces spécialités soient parfois liées à un système de « dénomination d’origine protégée », elles ne font pas partie des « indications géographiques », le niveau de protection le plus strict pour les produits alimentaires en Europe.
La protection permet de préserver les noms et d’éviter les abus, tout en fournissant des informations aux consommateurs concernant les produits. Cependant, cette étiquette peut aussi provoquer des controverses.
Origines du doner kebab : turc ou allemand ?
Le terme « doner » dérive du verbe turc « dönmek », qui signifie tourner ou pivoter. La plupart des Européens le connaissent sous le nom de « doner kebab », ajouté au terme arabe qui englobe tous les types de viandes cuites à la broche.
Bien que l’Allemagne, notamment Berlin, se présente comme le berceau du doner kebab dans les années 1970, cela n’a pas été établi de manière officielle. Des historiens de la gastronomie indiquent que les premières versions modernes du doner kebab remontent au XIXe siècle, sous l’Empire ottoman, dans la ville turque de Bursa.
Le coût et l’avenir du doner kebab en Allemagne
Le défi actuel réside dans la capacité des hommes politiques allemands et des producteurs à maintenir le doner kebab comme plat abordable pour tous, en raison des hausses de prix continues. Le coût du sandwich a doublé en une décennie, atteignant 7 euros, principalement en raison de l’inflation.
Les experts craignent que le débat au sein de l’Union Européenne sur le « statut traditionnel » suscité par les producteurs turcs entraîne une nouvelle augmentation des prix, nuisant à l’industrie du doner kebab.
Conclusion sur les implications sanitaires
Ce n’est pas la première fois que le doner kebab fait l’objet de controverses. En 2017, il a été menacé par des autorités sanitaires de l’UE, qui ont même proposé d’interdire le doner kebab à cause des niveaux élevés de phosphates utilisés dans les viandes congelées. Bien que le corps humain nécessite du phosphate, des quantités excessives peuvent nuire à la santé.
Pour conclure, la situation autour du doner kebab, entre tensions politiques et enjeux de santé, reste complexe et évolutive, nécessitant une attention continue des parties concernées.