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Changements de style de vie pour soulager la dépression légère
Une personne sur cinq dans sa vie fera l’expérience d’un épisode dépressif. Bien que cette maladie soit largement reconnue, de nombreux cas restent non détectés et non traités, ce qui accroît les risques de suicide et entraîne une dégradation de la qualité de vie sociale et personnelle. La Haute Autorité de Santé (HAS) indique qu’environ 40 % des personnes souffrant de dépression n’accèdent pas aux soins disponibles, ce qui a des conséquences néfastes sur leur quotidien. De plus, même lorsque la dépression est correctement diagnostiquée, l’utilisation des antidépresseurs est souvent inappropriée : ils sont trop souvent prescrits pour des dépressions légères et trop peu pour des dépressions sévères, souvent sans accompagnement psychothérapeutique.
Une meilleure hygiène de vie pour un meilleur bien-être
Pour les personnes diagnostiquées, il est conseillé, en complément de leur suivi médical, d’agir sur leur quotidien afin d’améliorer leur état psychique. Adopter un bon rythme de sommeil, pratiquer une activité physique régulière et maintenir une alimentation équilibrée sont des actions cruciales.
Cette approche est d’autant plus pertinente que des études récentes, comme celle publiée dans The Lancet Regional Health, confirment l’efficacité d’une bonne hygiène de vie pour les personnes souffrant de dépression légère. Selon cette recherche, une alimentation saine et un exercice régulier pourraient être tout aussi efficaces qu’une psychothérapie traditionnelle pour traiter la dépression. Les chercheurs du Food and Mood Centre de l’Université Deakin ont observé que ces résultats ouvrent de nouvelles possibilités pour ceux qui ont des difficultés à accéder aux soins de santé mentale ou qui ont des limitations financières.
Nutrition et mouvement : les clés pour surmonter la dépression
Il est important de préciser qu’un simple état de tristesse ou de « déprime » ne constitue pas une dépression. La HAS souligne la nécessité de vérifier si plusieurs symptômes sont présents, tels que l’humeur dépressive, la perte d’intérêt ou d’énergie, la difficulté de concentration, une estime de soi diminuée, des sentiments de culpabilité, des idées suicidaires, ainsi que des troubles du sommeil ou de l’appétit. Ces symptômes doivent être présents quotidiennement depuis au moins deux semaines pour poser un diagnostic approprié.
La reconnaissance du niveau d’intensité de la dépression est également essentielle. Dans le cadre d’une dépression légère, les personnes ont des difficultés à mener leurs activités quotidiennes, mais parviennent à s’en sortir avec des efforts. L’importance de cette étude est accentuée par l’augmentation des cas de dépression liée à la pandémie de COVID-19, avec environ 50 millions de nouveaux cas signalés à l’échelle mondiale.
Des options de traitement novatrices
La crise des services de santé mentale a laissé de nombreuses personnes sans accès aux soins nécessaires. Cette étude mettait l’accent sur des individus souffrant d’un niveau élevé de détresse, incluant ceux avec une dépression légère, mais sans diagnostic formel de trouble mental. Les participants ont suivi un programme en ligne composé de séances de groupe. Une partie a bénéficié d’un programme « style de vie », co-animé par un diététicien et un physiologiste de l’exercice, qui leur a proposé de suivre des objectifs précis en matière de nutrition et d’activité physique.
Les recommandations incluaient :
- Manger une variété d’aliments.
- Choisir des aliments végétaux riches en fibres, y compris des graisses de haute qualité.
- Limiter la consommation d’aliments riches en graisses saturées et en sucres ajoutés.
- Participer à une activité physique plaisante.
Comparaison avec la psychothérapie
Le groupe de contrôle a participé à des séances de psychothérapie fondées sur la thérapie cognitivo-comportementale, méthode bien établie pour traiter la dépression. Les résultats après huit semaines ont révélé une diminution des symptômes de dépression de 42 % dans le groupe « style de vie » et de 37 % dans le groupe de psychothérapie, suggérant que les deux traitements sont comparables en termes d’efficacité.
Les participants des deux groupes ont également augmenté leur niveau d’activité physique. Bien que cela ait été anticipé pour le groupe « style de vie », il n’était pas attendu dans le groupe de psychothérapie. Ce changement pourrait être le fruit d’une prise de conscience des participants sur leur participation à l’étude ou être le résultat d’effets bénéfiques de la psychothérapie.
Les implications pour la santé mentale
Le coût des programmes était légèrement inférieur pour le groupe de style de vie, s’élevant à 482 dollars australiens contre 503 dollars pour ceux ayant suivi une psychothérapie. Ces découvertes soulignent l’importance des changements de style de vie dans la gestion de la dépression. Les interventions basées sur l’alimentation et l’exercice pourraient offrir des solutions plus accessibles, en particulier pour ceux qui hésitent à recourir à des thérapies classiques.
Ces méthodes peuvent même être combinées avec des traitements psychologiques pour une approche multidisciplinaire. En France, le CHU de Montpellier a lancé une brochure en ligne mettant en avant six piliers pour sortir de la dépression : activités agréables, activités physiques, alimentation, connexion avec la nature, soutien social et sommeil.