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Turquie : Un projet spatial ambitieux en Somalie pour 6 milliards $
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a récemment annoncé un projet ambitieux visant à établir une base spatiale en Somalie, avec un investissement colossal de 6 milliards de dollars. L’annonce a été faite lors d’une réunion du comité central du Parti de la justice et du développement, présidé par Erdoğan.
Il a déclaré : « Nous allons créer une base spatiale en Somalie », soulignant l’entrée de la Turquie dans une nouvelle ère pour renforcer sa position dans la course mondiale à l’espace.
Approbation du projet
Le parlement somalien a donné son feu vert au projet, qui devrait faire de la Turquie l’un des rares pays ayant la capacité de lancer des fusées depuis des sites stratégiques à l’échelle mondiale.
La base prévue permettra à la Turquie de mener des essais de fusées balistiques et de fusées spatiales, renforçant ainsi ses capacités technologiques et marquant son apparition dans un secteur traditionnellement dominé par les grandes puissances.
Le projet nécessite de grands investissements et des partenaires internationaux, avec les Émirats parmi les principaux candidats pour contribuer au financement.
Ambitions turques
Erdoğan a lancé le programme spatial national turc en février 2021, fixant 10 objectifs ambitieux pour renforcer la position de la Turquie dans le domaine spatial. Parmi ces objectifs, l’envoi d’un citoyen turc dans l’espace a été réalisé le 18 janvier 2024, lorsque l’astronaute Alper Gözler Oji a décollé vers la station spatiale internationale dans le cadre de la mission « Axiom Mission 3 » (Ax-3).
La Turquie vise également à développer son propre système de localisation, à établir un port spatial et à accroître ses investissements dans les technologies de surveillance spatiale et d’astronomie.
Elle cherche à renforcer ses capacités en matière de satellites, ayant lancé le satellite « Türksat 5B » en décembre 2021, suivi du lancement du satellite « Türksat 6A » en juillet, entièrement développé avec des capacités nationales.
Partenariat stratégique
Le chercheur en affaires turques, Ali Asmar, souligne que le choix de la Somalie pour le projet spatial turc n’est pas anodin, mais résulte d’une analyse approfondie de la géographie et des opportunités stratégiques du pays.
La proximité de la Somalie de l’équateur offre un avantage compétitif pour le lancement de fusées et de satellites, réduisant ainsi les besoins en carburant grâce à la vitesse de rotation de la Terre.
De plus, les vastes étendues de terres non habitées en Somalie garantissent la sécurité des opérations de lancement et minimisent les risques liés aux débris spatiaux.
Défis et perspectives
Malgré les défis de l’instabilité politique et sécuritaire en Somalie, Asmar affirme que la Turquie s’appuie sur une méthodologie multidimensionnelle pour relever ces défis, combinant coopération sécuritaire, investissement développemental et coordination internationale.
Le projet spatial véhicule également des messages politiques importants, renforçant les relations bilatérales entre Ankara et Mogadiscio et faisant preuve des ambitions turques d’autonomie technologique face aux grandes puissances.
Contexte africain
Le chercheur en relations internationales, Mustafa Yatim, souligne que l’Afrique est l’une des régions les plus complexes du monde, où les crises économiques et politiques se mêlent aux ambitions stratégiques des puissances. Bien que la Turquie ait pris un peu de retard par rapport à des pays comme la Chine et la Russie, elle adopte une politique dynamique axée sur le soutien humanitaire et le développement économique.
Le projet de la base spatiale démontre l’ambition d’Ankara de se positionner en tant qu’acteur technologique mondial, intégrant tous les outils de puissance douce et dure pour renforcer son influence régionale et internationale.
Malgré les obstacles, Yatim affirme que la Turquie mise sur une approche intégrée, soutenant les forces somaliennes tout en entretenant des relations étroites avec la communauté internationale.
Conclusion
Cette initiative symbolise non seulement le renforcement des capacités technologiques de la Turquie, mais aussi un pivot stratégique vers l’Afrique, mettant Ankara au cœur de la compétition internationale, notamment face à des puissances traditionnelles comme la France.