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Iran se lance dans la course au leadership en intelligence artificielle
À travers les décennies, l’Iran a fait face à des restrictions internationales dans divers domaines de la recherche scientifique et technologique. Cependant, le pays a réalisé des avancées notables dans certains secteurs, notamment la technologie des nanomatériaux. Depuis l’an 2000, Téhéran a su s’imposer dans ce domaine, se classant au quatrième rang mondial selon Web of Science, avec 8791 publications.
Malgré ces capacités scientifiques, l’Iran souffre d’un retard technologique dans d’autres secteurs, poussant le pays à chercher à se démarquer dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et à l’intégrer dans la gouvernance et la vie quotidienne.
Une priorité stratégique pour Téhéran
L’intelligence artificielle est devenue un sujet central à l’agenda des dirigeants iraniens, qui montrent un intérêt croissant pour ce domaine. Selon l’Institut politique et économique pour le Moyen-Orient (MEPEI), Téhéran a adopté un document stratégique national complet concernant l’IA.
Dans ce cadre, l’agence de presse iranienne a annoncé l’ouverture de l’Organisation nationale de l’intelligence artificielle en juillet 2024. Cette initiative vise à positionner l’Iran parmi les dix premières nations utilisant l’IA pour la gouvernance et l’économie numérique d’ici 2034.
Le document stratégique insiste sur la nécessité de transformer l’Iran en une nation intelligente, soulignant que la simple numérisation n’est pas suffisante et que le changement réel nécessite de tirer parti des capacités complètes de l’IA.
Le lancement officiel de cette organisation marque un tournant important dans le développement numérique et l’IA en Iran, avec la présence du président par intérim, Mohammad Mokhber, chargé de superviser le démarrage opérationnel de l’organisation.
Quels défis pour les capacités en intelligence artificielle de l’Iran ?
Bien que l’Iran dispose de compétences scientifiques avancées, son retard technologique dans les secteurs industriels et militaires la rend vulnérable face à des adversaires tels qu’Israël, qui domine dans l’adoption des technologies de l’IA pour des applications militaires. Par exemple, Israël est capable d’analyser d’énormes quantités de données en temps réel pour prendre des décisions rapides et précises.
Ce contexte ne reflète cependant pas l’ensemble du tableau. Malgré sa perception comme un pays dont l’infrastructure est fragile et facilement attaquable par les technologies modernes, l’Iran a progressivement construit, en coulisses, ses capacités cybernétiques contre les grandes puissances.
Les activités cybernétiques iranniennes font partie d’une stratégie hybride qui combine la puissance militaire traditionnelle et la guerre cybernétique, permettant à l’Iran d’exercer son influence dans la région sans confrontation militaire directe.
Selon les informations disponibles, les agences cybernétiques iranniennes opèrent souvent dans l’ombre, utilisant une approche multidimensionnelle pour démontrer leur pouvoir et leur influence au Moyen-Orient.
Intégration de l’IA dans les opérations cybernétiques
Ces dernières années, l’Iran a commencé à utiliser l’intelligence artificielle pour développer des systèmes complexes optimisant ses opérations cybernétiques. D’après Lawfare, Téhéran utilise des opérations électroniques dans le cadre de stratégies géopolitiques plus larges, recourant à la surveillance électronique pour obtenir un avantage stratégique.
Des hackers iraniens ont récemment été impliqués dans des cyberattaques, par exemple, en juin et juillet 2024, ils ont volé des informations de la campagne présidentielle de Donald Trump, les transmettant à des responsables de la campagne de Biden.
De plus, des acteurs liés à l’Iran ont exploité des outils d’IA comme ChatGPT pour créer du contenu trompeur, aggravant la situation de désinformation.
Collaboration technologique avec des alliés
La Chine s’affirme comme un partenaire stratégique de l’Iran dans plusieurs domaines, notamment la technologie de l’IA et la cybersécurité. Les deux pays cherchent à renforcer leurs capacités mutuelles face à l’influence des États-Unis et de leurs alliés. Un accord de coopération a été signé en mars 2021, faisant de la Chine le principal investisseur en technologies en Iran.
Par ailleurs, la Russie, un autre acteur majeur dans le domaine de l’IA, a également commencé à renforcer ses relations avec l’Iran, en signant un mémorandum de coopération en matière d’éthique de l’IA en février 2024.
Vers l’avenir
À l’avenir, l’intelligence artificielle pourrait jouer un rôle crucial dans les conflits militaires, car les armées du monde entier commencent à s’appuyer sur cette technologie pour analyser le champ de bataille. Les cyberattaques deviendront également inévitables dans ce contexte, permettant aux adversaires d’attaquer les infrastructures vitales de leurs ennemis.
Dans ce paysage en évolution rapide, il est essentiel que les acteurs internationaux s’adaptent à ces transformations et reconsiderent les règles du jeu afin de faire face à ces nouveaux défis.