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Destruction systématique des terres agricoles à Gaza
En plus de la politique de famine, de déplacement et de meurtre, l’occupation a intensifié, depuis le 7 octobre 2023, la destruction systématique du secteur agricole à Gaza. Les zones ciblées représentent l’épine dorsale de l’agriculture dans la région, où plus de 63 % des terres agricoles de Gaza sont situées, fournissant la majeure partie de la nourriture à plus de 2,3 millions d’habitants.
Impact environnemental dévastateur
Une évaluation préliminaire du Programme des Nations Unies pour l’environnement, publiée en juin, a révélé que les effets environnementaux avaient atteint les sols, ce qui a des répercussions négatives sur la sécurité alimentaire. Ce rapport a qualifié ces effets de « sans précédent ». Les déchets toxiques, provenant de métaux, de plastiques et de déchets électroniques, polluent considérablement le sol, entraînant la désertification, l’érosion et la dégradation des terres, selon une étude du Gulf Research Center, publiée en novembre dernier.
Il est difficile de prédire les dommages environnementaux causés par l’occupation israélienne à Gaza en raison de la guerre qui dure depuis plus d’un an. Des matériaux toxiques, tels que le phosphore blanc, utilisés par l’armée israélienne, pénètrent dans le sol, contaminant et détruisant les écosystèmes, ce qui affecte la fertilité et, par conséquent, les cultures.
Conséquences sur la sécurité alimentaire
La problématique est d’autant plus préoccupante que l’agriculture à Gaza occupe plus de 40 % des terres et fournit environ 20 à 30 % des aliments consommés quotidiennement. Les destructions causées par la guerre ont stoppé la production de ces terres, limitant l’accès des habitants aux aliments essentiels nécessaires pour une alimentation saine. Les moyens de subsistance des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs vulnérables ont été gravement affectés, posant de graves problèmes pour l’avenir.
De plus, le blocus imposé par Israël sur la population de Gaza, qui compte plus de deux millions d’habitants, avec des restrictions strictes sur l’entrée de l’aide humanitaire, a conduit environ 500 000 personnes à faire face à des niveaux catastrophiques de faim, selon un rapport de l’Organisation mondiale de l’alimentation en juillet dernier.
Aperçu des destructions agricoles
Le 27 octobre, les forces d’occupation israéliennes ont envahi Gaza par plusieurs axes, débutant par le nord, puis avançant vers l’est, le sud et le centre. Cela signifie que les tanks et les forces militaires israéliennes ont envahi toutes les terres agricoles de Gaza, de Beit Hanoun au nord à Rafah au sud, en passant par Khan Younis et les camps de Gaza.
Dans ce contexte, la FAO a publié un rapport en octobre 2024, indiquant que la guerre avait causé des dommages à 67,6 % des terres agricoles (plus de 10 000 hectares). En comparaison, cette proportion était de 57,3 % en mai et de 42,6 % en février. De plus, 71,2 % des vergers et des arbres fruitiers et 67,1 % des cultures de champ (notamment à Khan Younis) ont été endommagés.
Difficultés rencontrées par les agriculteurs
Le directeur exécutif du Centre national pour la justice environnementale en Jordanie, le Dr Mohammad Ayadat, souligne que « les chiffres réels sont bien plus élevés que ceux annoncés », indiquant une diminution de la capacité des agriculteurs à accéder à leurs terres, notamment dans les zones frontalières vitales pour la production agricole.
Il explique que l’utilisation de bombes au phosphore, interdites par le droit international, a eu un impact direct sur la fertilité des sols et la production future des cultures. Les données montrent que plus de 75 % des terres agricoles ont été isolées ou complètement détruites, entraînant une augmentation de la salinité des sols et une dégradation de leur qualité.
Conséquences sur l’accès à la nourriture
Avant le 7 octobre, Gaza était largement autosuffisante en matière de production de légumes, de lait, de volailles et de fruits. Cependant, la guerre continue a bouleversé cet équilibre, rendant le régime alimentaire des habitants dépendant des aliments en conserve fournis par l’aide humanitaire, lorsque celle-ci parvient à entrer.
Le rapport de la FAO a révélé que plus de la moitié des puits d’eau destinés à l’usage agricole ont subi des dommages importants, et ces destructions entraînent d’énormes pertes dans la production agricole et perturbent la capacité à reprendre les activités agricoles après la fin de la guerre.
Initiatives de résilience
Malgré la situation désastreuse du secteur agricole, des initiatives émergent. La directrice de l’Association arabe pour la protection de la nature en Jordanie, Meryem Al-Jaajaa, décrit le projet « Renaissance des fermes de Gaza » comme une « résistance verte ». Ce projet a permis de cultiver environ 600 dunams de terres avec des semences, touchant près de 270 agriculteurs dans le nord, le centre et le sud de Gaza.
Ce projet, en collaboration avec la municipalité de Gaza, a permis de planter des semences et des plants de légumes sur des terres d’environ 6,5 dunams, et plus de 900 kilos de semences de melokhiya ont été replantés dans le nord de Gaza.
Un avenir incertain
La guerre a profondément affecté la sécurité alimentaire à Gaza, exacerbant les risques de famine. Selon un rapport de l’UNICEF, plus de 50 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë, et neuf enfants sur dix manquent de nutriments essentiels pour un développement sain.
Les experts s’accordent à dire que le secteur agricole est crucial pour les habitants de Gaza sur les plans environnemental, social et économique. Il constitue une source de nourriture, offre des opportunités d’emploi et joue un rôle dans la préservation de l’environnement. Les destructions actuelles menacent non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la survie économique et environnementale de la région.