Victoire de Bozorgkian : Impact sur la politique iranienne
Après plus de 19 ans depuis le départ de Mohammad Khatami, dernier président réformiste du palais présidentiel de Téhéran, les réformistes reviennent au pouvoir à travers les élections présidentielles anticipées de leur 14e session, remportées par Masoud Bozorgkian, chirurgien cardiaque et thoracique, homme politique.
Après des débats acharnés entre réformistes et conservateurs pendant 25 jours lors des deux tours de campagne avant le premier et le deuxième tour, le ministère iranien de l’Intérieur a annoncé ce samedi matin la victoire du réformiste Masoud Bozorgkian avec environ 55 % des voix des électeurs, battant le conservateur Saïd Jalili, tandis que le taux de participation au deuxième tour des élections était de 49,8 %.
Politique intérieure
Dans son analyse des résultats des élections présidentielles de l’Iran en 2024, Mohammed Ali Abtahi, activiste politique réformiste et ancien chef de cabinet du président iranien Mohammad Khatami, décrit la victoire de Bozorgkian comme un événement monumental dans l’histoire du pays. Il affirme que le retour des réformistes à la présidence aura un impact positif sur de nombreux aspects internes, régionaux et internationaux.
Abtahi s’attend à ce que son pays connaisse une plus grande ouverture en matière de libertés politiques et sociales sous Bozorgkian, notamment en ce qui concerne la politique de restriction d’Internet et du voile obligatoire, soulignant une nette différence entre un président de la République et un ministre de l’Intérieur qui approuvent ces politiques et d’autres qui les rejettent complètement.
Politique étrangère
Concernant la politique étrangère, l’activiste politique réformiste estime que son mouvement politique œuvrera à équilibrer les relations de Téhéran avec les puissances orientales et occidentales, tout en renforçant celles avec les pays voisins. Il souligne que le gouvernement de feu le président Ebrahim Raisi a réalisé de grandes avancées dans la réparation des relations avec les pays régionaux, et que les réformistes travailleront à renforcer ces liens davantage qu’auparavant.
Abordant les pressions exercées sur le peuple iranien en raison des sanctions étrangères, Abtahi rappelle les positions de Bozorgkian pendant sa campagne et son engagement à lever les sanctions, à réduire les tensions avec l’Occident et à résoudre les problèmes épineux entre Téhéran et les capitales européennes et américaines. Il souligne que la protection des intérêts iraniens sera la priorité du futur gouvernement.
Le dossier nucléaire
Après que le président iranien élu a confirmé, lors de ses débats télévisés, son intention de négocier pour lever les sanctions contre le peuple iranien, Ali Abdelali Zadeh, activiste réformiste de la campagne électorale, a souligné la possibilité pour Téhéran de négocier même avec le candidat républicain Donald Trump en cas de victoire de ce dernier aux présidentielles américaines.
De son côté, l’ancien ambassadeur iranien en Norvège, au Sri Lanka et en Hongrie, Abdolreza Faraji Rad, prévoit une intégration réussie du gouvernement de Bozorgkian dans ses éventuelles négociations avec les États-Unis pour lever les sanctions contre Téhéran dans la prochaine étape.
Amélioration économique
Sur le plan économique, la Bourse de Téhéran a salué la victoire des réformistes aux élections présidentielles en clôturant son indice principal à 2 188 000 points, enregistrant une hausse de 88 179 points, après des années de déclin constant. La monnaie iranienne s’est également renforcée après l’annonce de la victoire de Bozorgkian à la présidence, se rapprochant de 20 000 rials contre un dollar, passant de près de 615 000 rials la semaine dernière à 597 000 rials ce samedi.
Bozorgkian a affirmé son intention de résoudre la crise due au non-signement des lois du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ainsi que de poursuivre les pourparlers visant à lever les sanctions, facilitant ainsi le transfert des actifs iraniens gelés à l’étranger vers le pays et l’annulation des sanctions visant à réduire les exportations de pétrole brut iranien à zéro.
Les observateurs de l’économie iranienne estiment que le prochain gouvernement accordera une importance primordiale à l’attraction des investissements étrangers, notamment dans les secteurs pétrolier et gazier, ainsi qu’à la modernisation de ses compagnies aériennes, qui ont été mises à mal par les sanctions américaines imposées au secteur du transport aérien.