Sommaire
Les défis de l’accès au vaccin RSV aux États-Unis
Carina Marquez, professeure associée de médecine à l’Université de Californie à San Francisco, est une fervente partisane de la prévention. Elle s’est réjouie lorsque, l’année dernière, les autorités sanitaires des États-Unis et d’Europe ont approuvé les premiers vaccins contre le virus respiratoire syncytial (RSV). Ces vaccins ont le potentiel de réduire les milliers d’hospitalisations et de décès liés à ce virus chaque année aux États-Unis. Cependant, leur efficacité dépend de leur administration aux personnes qui en ont le plus besoin. « Il est vraiment important de garantir un accès égal », souligne Marquez. « Les inégalités d’accès entraînent des disparités dans les hospitalisations et les décès. »
Disponibilité des vaccins RSV
Actuellement, trois vaccins sont disponibles aux États-Unis : Arexvy de GSK et mRESVIA de Moderna, approuvés pour les adultes âgés, ainsi qu’Abrysvo de Pfizer, destiné aux adultes et aux femmes enceintes. Toutefois, des disparités commencent déjà à se dessiner concernant leur adoption. Les adultes âgés hispaniques et noirs sont en retard par rapport à leurs pairs blancs, selon les données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Bien que le CDC recommande un vaccin RSV pour tous les individus de 75 ans ou plus, seulement 19 % des Hispaniques de ce groupe d’âge ont été vaccinés cette année, contre 35 % des Blancs, 31 % des Asiatiques et 24 % des Noirs.
Impact des inégalités sur la santé
Cette situation préoccupe Marquez, qui a observé comment les inégalités d’accès et la confiance envers les vaccins contre la Covid-19 ont pu aggraver les résultats de santé pour les Américains latinos et noirs durant la pandémie. Bien que les recherches sur les disparités raciales concernant les infections à RSV soient limitées, une étude suggère que le RSV touche les Latino, les Noirs et les Amérindiens à des âges plus précoces que les Américains blancs. « Le moment d’agir est maintenant », affirme-t-elle. « Surtout à la lumière de la méfiance ou de l’hésitation qui ont émergé après le vaccin Covid. »
Une étude inédite sur la vaccination des Latinos
Ce mois d’octobre, Marquez lance une étude de cinq ans financée par les National Institutes of Health pour examiner comment inciter un groupe communautaire spécifique – les Latinos de San Francisco – à se faire vacciner. Les données préliminaires qu’elle a recueillies l’année dernière auprès de 300 participants à un sondage montrent que beaucoup étaient intéressés par le vaccin RSV, mais qu’il y avait aussi un « grand besoin d’informations supplémentaires. »
Adapter les interventions aux besoins spécifiques
Identifier et traiter les préoccupations spécifiques autour des vaccins RSV sera essentiel. « Étant donné qu’il s’agit d’un nouveau vaccin pour nos aînés, nous devons comprendre les approches les plus efficaces pour faciliter son adoption », déclare Diane Havlir, cheffe de la division VIH et maladies infectieuses de l’Hôpital général Zuckerberg de San Francisco, qui aide à l’étude. « L’adoption du vaccin est plus efficace lorsqu’elle est adaptée et fournie dans le contexte des normes et croyances culturelles. »
Comprendre la diversité au sein de la communauté latino
L’étude de Marquez comprendra des sondages posant des questions non seulement sur les craintes liées à la sécurité des vaccins, mais également sur des données démographiques spécifiques. « La communauté latino est très hétérogène, et pour adapter les interventions, nous avons besoin de données plus désagrégées », explique Marquez. Des caractéristiques telles que la langue parlée, la durée de séjour aux États-Unis, le statut d’assurance et la manière dont ils obtiennent leurs informations de santé pourraient influencer leur façon d’apprendre sur le vaccin. « Réfléchir aux réseaux sociaux, en particulier ceux des personnes âgées, va être clé. »
L’importance des relations intergénérationnelles
Marquez suppose que les adultes latinos âgés pourraient recevoir des informations de santé davantage de la part de leur famille, de leurs amis et d’organisations communautaires plutôt que par des campagnes sur les réseaux sociaux, qui peuvent être efficaces pour cibler les jeunes. L’étude cherchera à déterminer si un petit-enfant pourrait encourager un grand-parent à se vacciner, s’appuyant sur des preuves antérieures montrant qu’une connaissance personnelle ayant reçu des vaccinations est un puissant motivateur.