Un réfugié de 70 ans à Gaza : Les fils d’Al-Aqsa peuvent blesser Israël
À Gaza, le réfugié septuagénaire Abd Rabbo Abou Jabal est assis dans une tente délabrée dans la région d’al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. Il a dû fuir sa maison à Rafah, à la frontière avec l’Égypte, après des avertissements israéliens demandant l’évacuation en vue d’une opération militaire terrestre.
Malgré la profondeur de la tragédie qui a frappé environ 2,3 millions de Palestiniens vivant dans cette petite enclave côtière et la guerre israélienne qui en a déplacé plus de 85 % dans des tentes et des centres d’hébergement, Abou Jabal n’a pas perdu ce qu’il appelle son « sentiment de fierté ». Il est accompagné d’une « séduction de victoire » depuis l’attaque d’al-Aqsa le 7 octobre dernier, qu’il considère comme l’un des événements les plus importants de la lutte palestinienne depuis la Nakba en 1948 et la création de l’État d’Israël sur les ruines de la Palestine historique.
Départ précipité de Rafah
Le site Al Jazeera a rendu visite à Abou Jabal dans sa tente, où il se trouve en face de l’entrée, vêtu de vêtements traditionnels. Avec un sourire orné de sa barbe blanche, il a commencé l’entretien en disant : « Je suis plus vieux qu’Israël. Moi, mes enfants et mes petits-enfants avons plus de droits sur cette terre, et nous retournerons non seulement à notre maison à Rafah, mais aussi à Brir. »
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Tu es donc un réfugié de Brir, Hadj?
Oui, je suis né à Brir en 1947, un village appartenant à la province de Gaza avant la Nakba en 1948. Toutes les démarches administratives et officielles de Brir et des villages environnants se faisaient à Gaza, que ce soit sous l’Empire ottoman ou sous le mandat britannique.
Lors de la Nakba, pour échapper aux crimes horribles commis par les gangs sionistes, comme Israël le fait maintenant à Gaza, ma famille a émigré vers Gaza. Après environ deux ans, nous avons déménagé dans le camp de réfugiés de Rafah, où notre famille s’est agrandie et réside encore. Nous croyons que notre grand retour vers Brir est proche, si Dieu le veut.
La zone d’al-Mawasi est encombrée de dizaines de camps de tentes se succédant le long de la mer, de Rafah au sud à Deir al-Balah au centre de la bande de Gaza (Al Jazeera)
Lutte pour le droit au retour depuis une tente
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Tu parles du droit au retour alors que tu es déplacé dans une tente ?
Bien sûr, nous retournerons à Brir et dans toutes nos villes et villages de la Palestine historique. Israël commet des crimes pour prolonger sa durée de vie, car il sait qu’il n’a pas d’avenir sur cette terre. Comme il nous a expulsés par la terreur en 1948, il suit la même politique depuis huit mois à Gaza, mais il y a une grande différence entre la génération de la Nakba et la génération actuelle. Nos pères et grands-pères étaient pauvres et simples, et n’avaient pas les moyens de lutter contre les gangs sionistes.
Quand la Nakba a eu lieu, le Palestinien était simple, pauvre et peu éduqué. Les pays colonisateurs ont réussi à imposer la Déclaration Balfour, et la tragédie palestinienne, qui a maintenant 76 ans, s’est produite. Ce serait injuste de blâmer nos pères et grands-pères pour la perte de la Palestine. Leurs combattants vendaient leurs biens ou l’or de leurs femmes pour acheter de vieilles armes afin de lutter contre des avions, des chars et des canons que la Grande-Bretagne avait donnés aux gangs sionistes.
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Crois-tu que la génération actuelle est capable de mener cette lutte ?
Bien que la supériorité d’Israël soit écrasante grâce au soutien inconditionnel de l’Amérique et des pays occidentaux, la génération actuelle d’al-Aqsa est équipée pour griffer l’occupant. Ils sont éduqués, croyants, et capables d’utiliser leur savoir pour développer leurs outils et leurs armes.
Assez pour vaincre ?
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Est-ce suffisant pour la libération et la victoire ?
Bien sûr que non, mais cela prive Israël de sécurité et de stabilité. Nous inculquons à nos enfants et petits-enfants l’amour de la Palestine et la foi en leur droit au retour. J’ai personnellement cinq fils et cinq filles, tous éduqués grâce à mes efforts malgré les difficultés financières. J’ai même des enfants titulaires de doctorats.
Malgré mon âge avancé, j’insiste toujours sur l’importance de raconter les histoires de Brir et de la Palestine à mes descendants pour qu’elles restent gravées dans leur mémoire. C’est important pour occuper l’occupant et rendre son occupation coûteuse. Cependant, la libération complète et la victoire nécessitent une unité arabe et islamique.
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Pourquoi l’unité arabe et islamique est-elle essentielle ?
Imagine si les frontières arabes entourant la Palestine s’étaient jointes à la résistance le 7 octobre, Israël n’aurait pas survécu sur la carte. La libération de la Palestine nécessite des régimes arabes révolutionnaires qui placent les intérêts de leurs peuples et la sécurité nationale arabe en premier. Ces régimes devraient forcer le monde à appliquer les lois et normes démocratiques et des droits de l’homme qu’ils prônent, mais que nous ne voyons pas appliquées à Gaza, alors que le monde nous regarde nous faire massacrer.
Valeur de l’éducation dans la lutte
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Parles beaucoup de l’importance de l’éducation et de la connaissance dans la lutte pour la libération ?
Oui, sans notre avancée en connaissance et éducation, la résistance n’aurait pu réussir l’attaque d’al-Aqsa avec des équipements simples, ni se maintenir face à un assaut brutal. Cette guerre a dépassé les crimes des gangs sionistes de la Nakba de 1948.
Les gangs sionistes ont chassé par la force les habitants des villages palestiniens en 1948 (Al Jazeera)
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L’objectif d’Israël est-il l’expulsion par ces crimes ?
Sans aucun doute, Gaza est devenue une épine dans le pied d’Israël. Cette guerre folle vise à forcer les habitants à émigrer, prendre le contrôle de Gaza et éliminer la question palestinienne, mais les Palestiniens ont arrêté ce plan par leur patience, leur persévérance et leur conscience.
Je choisis de mourir ici plutôt que de migrer. Ma dignité réside dans rester à Gaza, et c’est ce que j’ai transmis à mes enfants durant de longues années. J’ai construit une vie pour eux ici, je les ai éduqués, mariés et installés afin qu’ils n’aient jamais à envisager l’émigration.
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Que réponds-tu à ceux qui critiquent l’attaque d’al-Aqsa à cause de la violence et des conséquences qu’elle a entraînées ?
Je dis que ce qui est pris de force ne peut être repris que par plus de force. L’opération d’al-Aqsa est un jalon dans l’histoire de la lutte palestinienne, et nous devons en être fiers. C’est grâce à la génération d’al-Aqsa que nous retournerons dans nos maisons et notre pays. Regardez comment le monde entier parle à présent de la Palestine et des droits du peuple palestinien, après des décennies de partialité aveugle envers Israël et de confusion des consciences.