Sommaire
Un ouvrier décède assombrissant le chemin olympique français
Sous une pluie douce mais constante, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées sur le Pont d’Austerlitz, le pont sur la Seine, un samedi de fin avril, se protégeant avec des écharpes, des capuches et des parapluies.
Certains brandissaient des pancartes appelant à « Justice pour Amara ». D’autres affichaient : « Amara, victime de graves manquements à la sécurité sur le lieu de travail ».
Un hommage à Amara Dioumassy
Le rassemblement à Paris, organisé par l’une des plus grandes centrales syndicales de France, la Confédération Générale du Travail (CGT), était en l’honneur d’Amara Dioumassy, tué le 16 juin 2023 alors qu’il travaillait en tant que superviseur sur un projet de construction au Bassin d’Austerlitz pour améliorer la qualité de la Seine.
Dioumassy, un père de 12 enfants âgé de 51 ans originaire du Mali, a été percuté par un camion près de la fin de son quart de travail.
« Nous avons organisé cette mobilisation pour honorer notre frère, camarade et collègue », a déclaré Lyes Chouai, délégué syndical CGT pour Sade, l’entreprise qui employait Dioumassy.
« Il y avait de graves problèmes de sécurité. Il n’y avait pas de panneaux pour les passages piétons, pas de régulation du trafic, les camions ne disposaient pas d’avertisseur sonore en marche arrière, malgré une visibilité réduite. Personne ne dirigeait les camions », a-t-il ajouté.
Situation des lieux et projets en cours
Le projet du Bassin d’Austerlitz, d’un coût de 100 millions d’euros selon la mairie, vise à stocker les eaux de pluie et les eaux usées, évitant qu’elles ne se déversent directement dans la Seine.
Anne Hidalgo, maire de Paris, a approuvé une demande de commémoration pour Dioumassy près du lieu de l’accident.
« Une allée dans le Square Marie-Curie portera son nom », a déclaré la ville de Paris.
Les enjeux des chantiers liés aux Jeux Olympiques
De nombreux grands projets de la ville pour les Jeux, tels que ceux visant à nettoyer la Seine, entraînent des coûts de main-d’œuvre.
Les accidents et les violations des droits des travailleurs ne sont pas propres à la construction olympique, mais la pression pour tout terminer dans les délais impartis aux Jeux peut entraîner des manquements en termes de sécurité.
Cette tendance a été observée par Jules Boykoff, chercheur et auteur du livre Power Games: A Political History of the Olympics, à travers plusieurs sites, y compris Londres et Rio de Janeiro.
La Charte sociale et les actions entreprises
Avant les Jeux, le Comité d’Organisation de Paris 2024 et ses partenaires ont établi une « charte sociale » avec des objectifs sociaux, économiques et environnementaux, signée par les syndicats et les organisations patronales le 19 juin 2019.
La Charte promettait de « lutter contre le travail illégal, les pratiques anticoncurrentielles et la discrimination, et de surveiller les conditions de travail et de limiter l’emploi précaire ».
Conclusion
Les syndicats continuent à réclamer de meilleures conditions. Interrogé lors du rassemblement sur ce qu’il espérait voir changer, Chouai a déclaré qu’ils veulent la justice.
« Nous voulons la justice pour Amara. La justice serait que la direction, les entreprises multinationales chargées des projets de construction, soient tenues responsables de leur manque de sécurité », a-t-il déclaré.