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Un jour gravé dans la mémoire, inoubliable pour toujours
Il y a un an aujourd’hui, des nouvelles sont parvenues sur un séisme dans les provinces de l’est de la Turquie. À ce moment-là, nous ne réalisions pas que ce séisme serait le plus important et destructeur des cent dernières années.
Une catastrophe de grande ampleur s’est abattue sur nous. Deux séismes distincts d’une magnitude de 7,7 sur l’échelle de Richter ont touché onze provinces d’une superficie équivalente aux Balkans, nous poussant à nous rendre immédiatement sur les lieux.
Un enfant élevé au rythme des séismes
J’ai grandi dans une ville sujette aux séismes. La ville de Sakarya se trouve sur une faille qui a connu des tremblements de terre dévastateurs. Dans mon enfance, nous entendions constamment les récits terrifiants du violent séisme de 1968. Puis, j’ai moi-même vécu la violence de la secousse en 1999.
Un séisme d’une magnitude de 7,4 a frappé notre ville, provoquant d’énormes dégâts. Nos proches, nos voisins et nos amis ont été ensevelis sous les décombres. Les rues, les maisons et les écoles qui étaient le témoin de nos souvenirs ont été entièrement détruites, entraînant la perte de près de 18 000 vies en 1999.
Lorsque je me suis rendu dans les villes durant le séisme de l’année 2023, j’ai réalisé que nous avions été témoins d’un tremblement de terre plus important et plus destructeur que tout ce que nous avions vécu auparavant.
Des villes effacées de la carte
Onze provinces ont été touchées par le séisme, mais cinq villes ont été gravement endommagées, lançant ainsi une course contre la montre pour les secourir.
Hatay, Adiyaman, Kahramanmaras, Malatya, Gaziantep… Cette vaste région, abritant environ 13 millions d’habitants, rendait impossible la réponse à tous les besoins en matière de recherche et de sauvetage.
Les cris de détresse des personnes piégées sous les décombres, attendant d’être secourues, résonnaient constamment. Nous, journalistes, faisions de notre mieux, mais nous étions désespérés, cherchant à apporter de l’aide en même temps.
La nuit était dure et glaciale. Les habitants de toute la Turquie se sont mobilisés pour aider, mais ce n’était pas suffisant. Les dommages étaient si graves que certaines phases des villes ont été complètement anéanties, rendant l’accès impossible. Certaines parties de ces villes ont aujourd’hui disparu de la carte.
Un magnifique exemple de solidarité
Les institutions gouvernementales étaient dépassées par une catastrophe de cette ampleur. Ainsi, tout le pays s’est mobilisé pour apporter son aide. Les hommes d’affaires ont envoyé tout ce qu’ils pouvaient dans la région : grues, pelleteuses, générateurs, machines, vêtements et nourriture.
La solidarité ne provenait pas uniquement de la Turquie, mais également de nombreux pays à travers le monde. Notre principal défi était le manque d’équipes de recherche et de sauvetage. Des tentes et des conteneurs d’abri étaient également nécessaires.
Pendant cette période, le Qatar a acquis une place spéciale dans le cœur du peuple turc grâce à son assistance. Grâce aux efforts considérables du Cheikh Mohammed bin Nasser bin Jassem Al Thani, ambassadeur du Qatar à Ankara, et du Dr Mustafa Koksoy, ambassadeur de Turquie à Doha, 1000 tonnes d’aide en nature et 56 millions de dollars d’aide financière ont été envoyés en Turquie.
Les récits de solidarité que j’ai pu observer dans les villes ne seront jamais oubliés. Les gens se sont unis d’une manière sans précédent, et ni la politique, ni la religion, ni les divergences d’opinion n’ont pu briser cette union.
Nous pouvons dire que nous avons réussi à passer le test de la solidarité en tant que nation face à cette catastrophe majeure, mais on ne peut en dire autant des politiciens.
Un bilan désastreux
Il a fallu un certain temps avant de pouvoir établir le bilan des victimes, des blessés et des immeubles détruits. Les institutions gouvernementales ont mis 15 jours à reprendre leur pleine capacité de fonctionnement.
Cependant, lorsque nous avons pris du recul pour évaluer l’ampleur de la situation, nous avons compris qu’aucun pays au monde n’aurait pu faire face à une telle catastrophe seul. Voici le bilan :
- 57 000 personnes ont perdu la vie.
- 107 000 personnes ont été blessées.
- 200 000 bâtiments ont été gravement endommagés.
- 38 000 bâtiments ont été complètement détruits.
- 13 millions de personnes ont été affectées par ce séisme.
- 691 000 personnes vivent encore dans des abris temporaires.
Vivre avec les séismes
La Turquie est un pays sujet aux séismes. De puissants tremblements de terre ont secoué le pays pendant des centaines d’années. Malheureusement, nos villes n’ont pas été construites en conséquence. La plupart des bâtiments qui se sont effondrés lors du dernier séisme n’avaient pas été érigés selon des normes parasismiques.
Nos institutions n’étaient pas préparées à affronter de tels séismes d’envergure. À présent, nous tirons des enseignements de tout cela, et il est crucial d’en tirer des leçons, car nous prévoyons l’arrivée d’un important séisme à Istanbul.
La plupart de la ville (Istanbul) regorge de bâtiments qui ne sont pas résistants aux séismes. Il est possible que nous assistions à la plus grande transformation urbaine au monde à Istanbul.
Par conséquent, environ 1,5 million de bâtiments devront subir une transformation urbaine. Parmi ces bâtiments, 90 000 devront être démolis et reconstruits immédiatement. Malgré cela, les routes, les places, les barrages, les ponts et les tunnels seront repensés et renforcés.
En résumé, nous devons être prêts à affronter de nouveaux séismes sans oublier la journée du 6 février 2023.