Turquie : tensions politiques grandissantes et appels aux élections
La Turquie traverse une période de forte turbulence politique depuis la fin du mois d’août. Les discussions concernant les dangers potentiels des coups d’État militaires refont surface, alors que l’opposition intensifie ses demandes pour des élections présidentielles et parlementaires anticipées.
Suite à une cérémonie de remise de diplômes pour de nouveaux officiers de l’armée, un groupe de diplômés, mené par la sous-lieutenante İbro Eroğlu, s’est rassemblé en brandissant des épées et chantant ensemble : « Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal ».
Cette vidéo des diplômés s’est répandue sur les réseaux sociaux, suscitant un large débat, notamment en raison de leur serment sur « l’indépendance de la République démocratique laïque de Turquie ».
Réactions controversées
Pour certains, le comportement des diplômés est perçu comme une normalité, soulignant qu’être associé au fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, est un honneur qui transcende les disputes politiques, grâce à son rôle lors de la guerre d’indépendance et à la fondation de la Turquie moderne.
En revanche, d’autres estiment que cet acte constitue une violation de la discipline militaire et une tentative d’entraîner l’armée dans le conflit identitaire entre conservateurs et laïques, évoquant même un coup d’État imminent pour préserver l’identité laïque considérée comme un pilier de la Turquie indépendante.
Le débat s’est étendu au-delà des réseaux sociaux, atteignant les programmes de discussion et même des déclarations de responsables de haut niveau, y compris du président Recep Tayyip Erdoğan.
Appels aux élections anticipées
Parallèlement à ce débat, la vie politique est également en ébullition avec des appels de l’opposition pour des élections anticipées. Özgür Özel, président du Parti républicain du peuple, a proposé que ces élections aient lieu en novembre 2025.
Ce climat de tension politique a exacerbé les divisions sur des bases politiques et idéologiques, influençant même les événements apparemment dépourvus de connotations politiques.
Retour des kémalistes
Selon des médias turcs, İbro Eroğlu a contacté un chef militaire pour justifier le rassemblement des diplômés, affirmant vouloir se démarquer des groupes et des mouvements religieux, en réponse aux accusations concernant leur infiltration dans l’académie militaire.
Le discours de la sous-officier rappelle l’influence de la Gülen et de ses méthodes non conventionnelles pour infiltrer les institutions militaires, exacerbant les tensions entre les kémalistes et leurs adversaires.
Les conflits entre ces factions culminèrent dans le cadre des procès de l’affaire Ergenekon, où de nombreux militaires furent arrêtés sous l’accusation de complot contre le gouvernement.
Réactions d’Erdoğan
Le public turc a attendu plus d’une semaine pour obtenir une réaction d’Erdoğan sur ces événements. Pendant ce temps, des fissures apparentes se formaient même au sein de son propre parti, l’AKP.
Les déclarations d’Omer Celik, porte-parole de l’AKP, ont semblé empathiques envers les diplômés, ce qui a entraîné des critiques de la part de nombreux membres du parti.
Notez que Devlet Bahçeli, chef du Parti d’action nationaliste, a clairement désapprouvé les comportements observés, appelant à ne pas se cacher derrière Atatürk et affirmant que « l’armée turque est l’armée de la loi ».
Élections et avenir politique
Alors que les tensions politiques persistent, les appels à des élections anticipées continuent. Cependant, l’opposition, notamment le Parti républicain du peuple, peine à obtenir la majorité requise au sein du Parlement.
Erdoğan a déjà annoncé que les élections se tiendront en 2028, s’appuyant sur une promesse de réforme économique et un réajustement interne au sein de son parti.
Toutefois, malgré ces obstacles, l’opposition intensifie ses efforts pour pousser à cette option, cherchant à illustrer l’incapacité du gouvernement à gérer le pays efficacement.
Conclusion
Ces événements illustrent les dynamiques complexes et les tensions croissantes au sein de la politique turque. La situation évolue rapidement et des développements futurs devraient influencer le paysage politique du pays.