Une experte des mouvements islamistes dans la région affirme que le monde se trompe en assimilant le mouvement de résistance islamique du Hamas à l’État islamique. Monica Marks, professeure adjointe à l’Université de New York à Abu Dhabi et spécialiste des mouvements islamistes dans la région, souligne que de nombreux Israéliens ont comparé le Hamas à l’État islamique depuis l’attaque surprise du Hamas plus tôt ce mois-ci.
Dans un article pour le magazine Time, Marks note que le hashtag « #HamasIsISIS » s’est répandu sur les réseaux sociaux, même si les dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont souvent assimilé les deux groupes.
Les chercheurs qui étudient les mouvements islamistes, comme Marks, ainsi que les responsables de la lutte contre le terrorisme, réalisent depuis longtemps que cette comparaison est erronée. Marks cite une déclaration de Gershon Baskin, chef de l’équipe de négociation avec le Hamas sur la question des prisonniers israéliens depuis 2006, affirmant que « le Hamas ne partage pas l’idéologie de l’État islamique ».
Marks souligne deux points essentiels qui expliquent la différence entre le Hamas et l’État islamique. Premièrement, le Hamas est un mouvement islamique palestinien et national, tandis que l’État islamique est décrit par Marks comme un mouvement islamique transnational cherchant à unir la nation islamique sans être lié à aucun projet national. L’objectif principal du Hamas est la libération de la Palestine, selon Marks, une demande de nature locale, alors que l’État islamique est considéré comme un mouvement « réactionnaire » soutenu par l’Iran chiite.
Le deuxième point de divergence réside dans leur « extrémisme religieux relatif », selon Marks. Elle déclare que le Hamas est conservateur sur le plan religieux, mais ne persécute pas ou ne tue pas impitoyablement les non-musulmans à Gaza. Le Hamas fait preuve de tolérance envers les femmes non voilées et les chrétiens et leurs églises coexistent dans Gaza, géré par le mouvement. En revanche, l’État islamique est considéré comme « plus religieusement extrémiste ».
Marks attribue les comparaisons entre le Hamas et l’État islamique au désir d’exploiter politiquement cette comparaison, car assimiler le Hamas à l’État islamique permet aux dirigeants israéliens de réduire les critiques concernant leur mauvais traitement des Palestiniens.
Elle conclut en insistant sur le fait que garantir la liberté, les droits de décider de leur destin et le respect de la dignité des Palestiniens est la voie la plus efficace pour assurer la sécurité d’Entité sioniste à long terme.