Sommaire
Soutien démocratique au génocide, l’UNRWA en exemple
Environ 17 pays, pour la plupart démocratiques, ont jugé éthiquement justifié de couper le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans les circonstances humanitaires les plus difficiles que l’humanité connaisse au XXIe siècle.
Neutralisation et starvation
Depuis le début de l’enquête sur les allégations d’implication de certains employés de l’UNRWA dans l’attaque du 7 octobre, environ 17 gouvernements ont suspendu leur financement à l’agence. Une commission d’enquête a été mise en place sous la présidence d’une ancienne ministre des Affaires étrangères française pour enquêter sur les allégations israéliennes le 15 février dernier. Trois organisations européennes de recherche et de défense des droits de l’homme participent aux travaux de la commission.
Depuis le lancement de l’enquête, des délais ont été fixés pour sa conclusion. Le comité doit présenter un rapport provisoire fin mars au secrétaire général des Nations unies, tandis que le rapport final sera soumis fin avril de cette année. Les pays ayant suspendu leur financement à l’UNRWA ont ainsi le luxe de priver les Palestiniens de nourriture et de paralyser le fonctionnement de l’organisation la plus essentielle de la bande de Gaza en ces jours critiques, où des enfants meurent de faim dans le nord de la bande de Gaza.
Mépris et irrespect
Depuis le premier jour, il était clair à l’échelle internationale qu’il était essentiel de commettre le crime avec le moins de témoins possible. L’UNRWA était un dilemme chronique, son existence étant aussi ancienne que le conflit lui-même, et son authenticité dans la tragédie palestinienne était profondément enracinée. En raison de cette authenticité, l’UNRWA assumait des rôles complexes allant au-delà de la simple distribution d’aide humanitaire.
Aucune agence internationale ne détient autant d’informations et de documents sur la tragédie humanitaire palestinienne que l’UNRWA. Ainsi, les déclarations méprisantes de Netanyahu envers la communauté internationale ou l’ONU, affirmant qu’il n’y aurait plus de place pour l’UNRWA à Gaza après la guerre, sont-elles représentatives de son mépris à l’égard du concept de communauté internationale ou des Nations unies en général.
Un tournant décisif
La guerre actuelle enregistre un tournant décisif pour de nombreuses questions. Les affrontements et les alignements ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’époque coloniale du début du XXe siècle. Et pour ne pas oublier l’enquête en cours, que se passera-t-il si le comité découvre que 7, plus ou moins, des employés de l’UNRWA ont participé à l’attaque d’octobre?
En fin de compte, l’histoire retiendra que 17 pays démocratiques ont trouvé moralement justifié de couper le soutien à l’unique organisation internationale capable d’atténuer la famine, contribuant ainsi à une crise humanitaire tragique.