Solution à deux États, irréalisable mais viable.
Apparemment, les options à long terme pour le conflit israélo-palestinien semblent toutes être irréalistes ou indésirables, y compris la solution des deux États vers laquelle toutes les parties se tournent généralement lorsque la résistance s’intensifie et les crises s’aggravent.
Malgré les prédictions selon lesquelles la solution des deux États était morte avant « le déluge d’Al-Aqsa », elle est ressuscitée en réaction directe au déluge.
Israël a sapé la solution des deux États en annexionnant Jérusalem, en étendant les colonies en Cisjordanie, en augmentant le nombre de colons, en construisant le mur de séparation et en commettant un génocide à Gaza.
Le président américain Joe Biden et les hauts responsables de la sécurité nationale ont publiquement affirmé à plusieurs reprises que cette solution était le seul moyen de créer une paix durable entre Israéliens, Palestiniens et les pays arabes. Les États-Unis ne sont pas seuls : l’appel a également été relayé par des dirigeants du monde arabe, de l’Union européenne, des puissances intermédiaires comme l’Australie et le Canada, et même la Russie qui est en conflit militaire avec l’Occident, ainsi que la Chine, principal rival de Washington.
Opinions divergentes sur la faisabilité de la solution
Les experts du Moyen-Orient du monde entier ont des opinions divergentes sur la possibilité d’appliquer cette solution après la guerre menée contre les Palestiniens. La revue « Foreign Affairs » a interrogé environ soixante-dix individus sur le sujet, posant une question unique : la solution des deux États au conflit israélo-palestinien est-elle devenue irréalisable ? La majorité n’était pas d’accord, 44 personnes ont refusé, tandis que 22 ont accepté et 6 ont été neutres sur la disparition de la solution des deux États. Cependant, ceux qui ont rejeté cette affirmation ont émis des conditions rendant sa réalisation douteuse.
Utilisations de la solution à deux États
Le discours sur les deux États peut servir à gérer les conséquences du déluge en isolant Israël politiquement et officiellement. Il peut également aider à absorber ou à canaliser la colère populaire chez les Arabes, les musulmans et certaines parties de l’opinion publique mondiale, ainsi qu’à contenir les divisions au sein de certains partis politiques, comme chez les démocrates aux États-Unis ou le travaillisme au Royaume-Uni.
Un autre aspect est que le discours sur la solution à deux États peut servir de couverture aux efforts en cours de restructuration de la région et constitue un moyen important d’intégrer Israël en tant qu’entité naturelle, offrant ainsi un élan à l’intégration de cette dernière selon la vision américaine.
Préservation du projet sioniste et de son rôle régional
La solution des deux États garantit la judaïté de l’entité sioniste. Selon Yossi Beilin, ancien ministre de la Justice israélien, « Israël a besoin d’un État palestinien à la base pour éviter de se retrouver sous le contrôle direct ou indirect de la majorité palestinienne et de perdre son caractère d’État juif démocratique ».
Cette divergence est à prendre en compte : malgré la montée du discours sur l’État palestinien, la société israélienne penche de plus en plus vers l’extrême droite. Le projet sioniste évolue de plus en plus à droite, avec un renforcement de la domination territoriale.
Conclusion
La solution des deux États reste une option sur la table, mais elle est utilisée pour maintenir le statu quo plutôt que de viser une application à court ou moyen terme, vu le manque d’engagement et de confiance actuels des deux peuples. La fluidité politique actuelle fondée sur cette solution contribue à persévérer dans le statu quo de manière indéfinie et a été efficace ces trente dernières années, depuis les accords d’Oslo.