Le président Aleksandar Vucic a annoncé la tenue d’élections anticipées en Serbie le mois prochain, après avoir dissous le parlement face à la pression politique à l’intérieur du pays et de l’Union européenne. Le vote parlementaire et les élections locales parallèles se tiendront le 17 décembre, moins de deux ans après la victoire du Parti progressiste serbe aux élections.
Une situation politique et sociale tendue
Le président Vucic, qui entame son deuxième mandat, fait face à une critique croissante de l’opposition politique et du grand public suite à une série de fusillades en mai dernier ayant entraîné la mort de 18 personnes. Le président et son parti, au pouvoir depuis 2012, ont été accusés par les manifestants de promouvoir une culture de la violence tout en réprimant les médias et la liberté électorale. Plusieurs partis pro-UE ont déclaré à l’époque que le gouvernement avait ignoré les revendications des manifestants, et ont appelé à de nouvelles élections.
La Serbie est confrontée à une profonde crise politique et sociale, et il est nécessaire d’avoir des personnes responsables en politique qui seront capables de résoudre les problèmes plutôt que de les ignorer.
Les défis pour l’entrée dans l’Union européenne
Afin de pouvoir rejoindre l’Union européenne, la Serbie doit respecter les règles de l’UE, ce qui comprend la sanction de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, la lutte contre le crime organisé et la corruption, ainsi que le renforcement de l’état de droit et des droits de l’homme.
La normalisation des relations avec le Kosovo est également une condition préalable importante imposée par l’UE. Le Kosovo s’est autoproclamé indépendant en 2008, mais Belgrade le considère toujours comme faisant partie de son territoire. Plus de 100 pays reconnaissent le Kosovo en tant qu’État, mais il n’a pas encore obtenu le statut de membre des Nations Unies.
Une situation délicate à résoudre
Certains observateurs estiment que le président Vucic a convoqué des élections pour retarder le traitement de ce problème politiquement sensible. Une grande partie du Kosovo est habitée par des Albanais, bien que sa moitié nord soit habitée par des Serbes qui rejettent le gouvernement de Pristina. Le conflit entre les deux groupes ethniques a été le catalyseur de violences et de combats à la fin des années 1990, et des troupes de maintien de la paix de l’OTAN sont stationnées au Kosovo depuis lors. Les tensions se sont exacerbées en septembre suite à l’éruption de violences dans le nord du Kosovo, ce qui a conduit la Serbie à envoyer des troupes à sa frontière.
La Serbie est confrontée à des défis politiques et sociaux majeurs, tant à l’intérieur du pays qu’au niveau international. Les élections anticipées établiront le contexte pour le pays alors qu’il tente d’unifier et de résoudre les problèmes existants tout en se préparant à une éventuelle adhésion à l’UE.