Sommaire
Vidéosurveillance algorithmique : Vers une pérennisation par le gouvernement
Après plusieurs mois d’expérimentation, la vidéosurveillance algorithmique (ou « intelligente ») pourrait devenir une réalité permanente en France. Le ministre de l’Intérieur a annoncé le 2 octobre que le gouvernement envisageait de généraliser ce dispositif, mis à l’épreuve lors des JO 2024, au travers d’un nouveau projet de loi.
Expérimentation et cadre législatif
La vidéosurveillance algorithmique a été testée en prévision des JO 2024. Selon les informations fournies par le ministère de l’Intérieur, cette généralisation nécessitera un cadre légal, nommé dans un projet de loi à venir. Actuellement, l’expérimentation est limitée par la loi, prenant fin au 31 mars 2025.
Fonctionnement et technologie derrière la vidéosurveillance
Ce système repose sur des images collectées par des milliers de caméras installées dans des lieux publics tels que les rues et les gares, ainsi que par des drones, dont l’utilisation a été autorisée depuis 2023. La nouveauté réside dans l’intégration d’un logiciel spécifique doté d’intelligence artificielle capable d’analyser ces images en temps réel.
Lors de l’expérimentation des JO 2024, environ 500 caméras étaient utilisées pour détecter divers incidents potentiels, tels que des objets abandonnés, des armes, des chutes ou encore des mouvements de foule. Le décret stipule que les analyses effectuées ne peuvent servir d’élément à des décisions individuelles ou à des poursuites. Elles sont uniquement destinées à alerter les agents, qui restent responsables de l’intervention.
Les discussions autour de l’efficacité du dispositif
Laurent Nunez, préfet de Paris, a exprimé son soutien à ce dispositif, bien qu’il ait reconnu qu’aucune interpellation n’avait été réalisée grâce à ces outils durant l’expérimentation. Il a cependant défendu l’idée que cette technologie pourrait être bénéfique pour les forces de l’ordre dans la détection de troubles potentiels lors de manifestations sportives ou culturelles.
Il est prévu qu’un rapport d’évaluation sur l’efficacité de la vidéosurveillance algorithmique soit soumis au Parlement avant la fin de l’année, afin de clarifier son rôle et ses résultats dans le contexte français.
Protection de la vie privée et enjeux éthiques
La question de l’efficacité de la vidéosurveillance algorithmique est indissociable de celle de la protection de la vie privée. La CNIL a exprimé des préoccupations quant à une possible dérive vers une surveillance de masse et les risques associés. Selon elle, une généralisation non maîtrisée de ces systèmes pourrait altérer les comportements des citoyens dans les espaces publics.
La CNIL souligne la nécessité de prouver l’efficacité de ces dispositifs tout en minimisant la collecte de données personnelles. L’organisme insiste également sur l’importance de ne pas inclure la reconnaissance faciale dans ces systèmes, qui doivent se concentrer sur l’identification de comportements plutôt que d’individus spécifiques.
La vidéosurveillance algorithmique soulève ainsi des problématiques complexes qui nécessiteront un débat public éclairé et une réglementation adéquate pour éviter les abus.