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Sanctions américaines contre Intellexa et son logiciel espion Predator
Le 16 septembre, le département du Trésor des États-Unis a annoncé l’imposition de nouvelles sanctions à l’encontre de cinq individus ainsi qu’une entité commerciale liée au consortium Intellexa. Ce dernier est en effet connu pour son logiciel espion, Predator, qui a ciblé des journalistes, des personnalités politiques d’opposition en Grèce, au sein du Parlement européen, ainsi que des responsables des Nations Unies et même Tsai Ing-wen, l’ancienne présidente taïwanaise.
Des sanctions visant la vente de Predator
Les sanctions visent des cadres supérieurs engagés dans des sociétés du consortium Intellexa. Ces derniers seraient liés à la commercialisation de Predator auprès de plusieurs gouvernements autoritaires. L’entité commerciale Aliada, associée à Intellexa et située dans les Îles Vierges britanniques, a également été pointée du doigt, ayant facilité des transactions atteignant plusieurs dizaines de millions de dollars pour le compte de la société.
Un outil d’espionnage redoutable
Le logiciel espion Predator, à l’origine conçu pour assister les forces de l’ordre dans la lutte contre le crime organisé, a été détourné par des gouvernements cherchant à surveiller leurs adversaires politiques ou les médias. Ce programme accorde un accès quasi total au téléphone ciblé, permettant la lecture des SMS, la localisation, et même le vol de mots de passe.
Des victimes à travers le monde
En été 2022, il a été révélé que Predator avait été détecté sur les appareils de deux journalistes grecs ainsi que sur ceux de Nikos Androulakis, un leader de l’opposition socialiste. Malgré cela, la Cour suprême grecque a déclaré récemment que les services de renseignement n’étaient pas impliqués dans cette affaire, ce qui a ravivé les tensions autour de l’enquête.
Les investigations ont pris une nouvelle dimension en octobre de l’année précédente, lorsque le consortium European Investigative Collaborations (EIC) et le média Mediapart ont divulgué que Predator avait ciblé des journalistes et des personnalités publiques en Europe, aux États-Unis et en Asie. Un client de Predator, ayant des liens avec le gouvernement vietnamien, aurait pris pour cible 50 comptes sur les réseaux sociaux, piégeant leurs propriétaires après qu’ils aient cliqué sur un lien diffusant le logiciel espion. Nexa Technologies, anciennement connue sous le nom d’Amesys, est accusée d’avoir contribué à la commercialisation de Predator, notamment au Vietnam et à Madagascar.
Des sanctions lourdes contre NSO Group
Parallèlement à ces événements, le logiciel espion Pegasus développé par la société israélienne NSO Group fait également l’objet de sévères sanctions américaines. En 2021, Pegasus a compromis plusieurs centaines de téléphones, y compris ceux de journalistes, de dissidents politiques et d’avocats, entraînant des suspicions à l’égard de gouvernements dans une dizaine de pays.
Ces développements soulignent l’importance croissante de la cybersécurité face à l’espionnage numérique, un enjeu de taille pour de nombreuses démocraties à travers le monde.