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La stratégie controversée de Netanyahu pour Gaza : privatisation et occupation
Depuis longtemps, l’opposition israélienne critique le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahu pour son manque de vision et de plan d’action concernant l’avenir du conflit. Cependant, comme le souligne Noga Landau, rédactrice en chef adjointe du journal Haaretz, l’absence de plans cohérents ne signifie pas qu’il n’existe pas de politique chez Netanyahu.
Landau affirme que Netanyahu suit effectivement une politique claire, mais elle précise dans son article que les politiques de Netanyahu se traduisent par des actions concrètes sur le terrain, plutôt que par des discours ou des déclarations officielles.
Une stratégie d’occupation progressive
Selon Landau, au fil des années de son mandat, Netanyahu a tiré profit d’un flou délibéré, diffusant des messages contradictoires en hébreu et en anglais. Cependant, elle souligne que « la réalité ne ment pas ». De cette manière, de grandes parties de la Cisjordanie ont été annexées de facto, sans législation qui soit « destinée à être impressionnante de manière absurde ». Ce phénomène se reproduit actuellement dans la bande de Gaza.
Elle explique que malgré les attaques de ses adversaires, Netanyahu met en œuvre un plan par étapes, qui repose d’abord sur l’occupation de vastes étendues de Gaza, le déplacement des populations, la destruction de leurs maisons, et la construction de nouvelles routes et d’infrastructures militaires à long terme.
Privatisation de la gestion de Gaza
Cette phase est actuellement en cours, avec un plan visant à transférer le contrôle civil de Gaza à des entreprises privées, spécifiquement à des « entités locales disposant d’une expertise administrative non liée à des États ou des organisations soutenant le terrorisme », Israël en assumant les coûts.
Landau révèle qu’une décision est en train de se former pour nommer une entreprise privée israélo-américaine pour cette tâche, après que l’armée a refusé d’assumer cette responsabilité. L’entreprise pressentie serait connue sous le nom de « GDC », une entreprise de construction militaire ayant opéré en Irak et en Afghanistan durant les occupations américaines.
Les études réalisées au fil des années sur cette stratégie montrent qu’elle comporte de nombreux risques. Les entités chargées de ce type de tâches sont souvent des « entreprises de mercenaires », et de nombreuses questions se posent quant à leur respect du droit international et des normes internationales.
Une vision à long terme pour Gaza
Landau souligne que cela conduit essentiellement à une privatisation du gouvernement militaire à Gaza, en le confiant à des entreprises privées avec des intérêts financiers, sans autre considération. « L’objectif est de transférer la responsabilité morale et légale d’Israël vers ces milices armées ».
La planification de Netanyahu pour l’après-guerre à Gaza consiste en « occupation militaire, mercenaires et colonies, une recette assurée pour la catastrophe à venir ».
Elle cite le fondateur et directeur exécutif de la société, Moti Kehana, qui a déclaré dans une interview à Yedioth Ahronoth que « si quelque chose se passait, nous enverrions un message aux habitants de Gaza : ne jouez pas avec nous ». Landau compare cet avertissement à celui des gangs de mafia.
Une politique de long terme
Elle exprime son opinion que l’intention d’Israël est de ne pas donner à l’Autorité palestinienne un accès à Gaza, dans le but de l’affaiblir, une politique que Netanyahu a appliquée tout au long de son mandat.
Elle souligne que le plan actuel accorde aux entreprises de construction privées les clés du contrôle civil sur Gaza, ce qui pourrait transformer la région en un nouvel Irak, une situation qui serait « une tragédie sur plusieurs générations ».