Accord de paix au Liban : échec stratégique pour Netanyahu
Lorsque la résolution 1701 a été adoptée pour annoncer la fin de la guerre de 2006, elle ne reflétait pas l’ampleur de la victoire militaire obtenue par le Hezbollah sur le terrain. Cela est d’autant plus vrai que l’entité sioniste a dû chercher à mettre un terme aux hostilités, surtout après la défaite massive de ses chars dans la vallée de la Hjir.
Il est évident que la responsabilité principale de la non-représentation de la résolution 1701 par rapport à l’équilibre des forces militaires sur le terrain revient à l’Amérique, ainsi qu’à l’équation politique libanaise qui n’a pas non plus tenu compte de ce rapport de forces. À l’époque, le gouvernement était opposé à la résistance.
Des restrictions ont été imposées à certains articles de la résolution, que le Hezbollah a dû contourner lors de la mise en œuvre de celle-ci, pour établir un état de fait qui reflète plus précisément l’équilibre des forces que ce que la résolution ne prévoyait.
La référence à cet exemple peut être utile pour analyser certains points de l’accord récent, conclu le 27 novembre 2024. Cet accord contient des dispositions qui ne reflètent pas l’équilibre des forces global, ni le rapport de forces sur le terrain, tout en exprimant le rôle biaisé des États-Unis et de la France en faveur de l’entité sioniste. De plus, il y a eu une « feuille de garanties américaines pour l’application de l’accord » (en dehors de l’accord), destinée à sauver la face de Netanyahu, qui a échoué à atteindre les objectifs qu’il avait proclamés lors de son agression militaire contre le Hezbollah et le Liban.
Il est également révélateur de la volonté secrète, en particulier américaine, envers le axe de la résistance dans la période à venir, après cette date, en particulier sous la présidence de Trump, qui a insisté, en coulisses, sur la nécessité d’un accord pour mettre fin à la guerre au Liban.
Dès lors, l’analyse des textes de l’accord et des « ententes » américaines-sionistes (la feuille de garanties) concernant la période post-accord ne doit pas se limiter à ces seuls éléments. En effet, il est crucial de lire le contexte précédent cet accord comme un revers significatif pour les objectifs que Netanyahu avait fixés lors de la guerre contre le Hezbollah.
Ce fait explique en grande partie la critique à laquelle Netanyahu a été soumis en raison de cet accord, qui a illustré son échec à atteindre les objectifs qu’il avait fixés pour son agression, avec des conséquences majeures concernant le retour des personnes ayant quitté leurs colonies dans le nord de la Palestine et leur sécurité future.
Suite à la signature de l’accord, le cessez-le-feu a été mis en œuvre et les Libanais déplacés ont commencé à retourner chez eux, brandissant des signes de victoire depuis les fenêtres de leurs voitures. L’accord a été perçu, à juste titre, comme une défaite pour l’agression et un échec pour Netanyahu, indépendamment des textes de l’accord et des engagements américains envers lui concernant son application.
Par conséquent, le futur de cet accord a été décidé dès le départ, car il a symbolisé la défaite de l’agression et le cessez-le-feu, tandis que le Hezbollah reste le principal acteur dans sa mise en œuvre, tout comme cela s’était produit avec la résolution 1701 après la guerre de 2006.
Cela est naturel et logique, compte tenu des rapports de forces globalement établis, notamment sur le sol libanais, et représente la tendance générale à laquelle les événements se dirigeront, ainsi que l’avenir de la situation actuelle et à venir au Liban, tout comme le conflit dans la région.
Avant de poursuivre une évaluation de la situation pour 2025, nous devons observer attentivement quelles stratégies et politiques Donald Trump proposera à l’échelle mondiale (dans le cadre de son conflit avec la Chine) ou au niveau régional, surtout en ce qui concerne son affrontement avec l’Iran.
Comme cela s’est produit avec la résolution 1701, bien que les deux périodes soient différentes, l’accord rencontrera une dynamique de mise en œuvre qui ne correspondra pas nécessairement aux dispositions de l’un ou l’autre de ses articles. Cela signifie que l’accord ouvrira la voie à de larges crises lors de sa mise en œuvre, en raison des efforts des États-Unis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (l’engagement spécifique entre eux et Netanyahu), pour garantir des gains que Netanyahu n’a pas pu réaliser sur le champ de bataille et ne pourra pas accomplir s’il tente de revenir à l’agression.
En effet, il sera confronté à des rapports de forces qui ne lui sont pas favorables et à une résistance qui sort victorieuse de deux mois d’agression avant l’accord, ce qui a contraint Netanyahu à rechercher un cessez-le-feu, bien qu’à contrecœur. Sinon, il n’y aurait aucune raison qui l’obligerait à se retirer, autre que les résultats de son échec sur le champ de bataille.
Il convient donc de lire cet accord comme un document qui ne sera pas appliqué selon les textes ou comme Netanyahu et les États-Unis souhaitent qu’il le soit, mais plutôt en termes de dynamique de conflit, résultant des rapports de forces sur le terrain et de la situation générale du conflit, non seulement au Liban mais également dans la région, qui s’est formée depuis la guerre des inondations dans la bande de Gaza et dans le monde.
Il est essentiel de considérer la phase d’application de l’accord à la lumière de la nouvelle étape qui suivra la prise de fonction de Trump, qui déterminera ses priorités stratégiques concernant les grandes puissances, la Chine, la Russie, l’Europe, et en particulier son approche envers l’Iran et l’axe de la résistance, notamment dans le contexte de la guerre face à une résistance victorieuse, si Dieu le veut, à Gaza.
Il est crucial de ne pas négliger les dimensions du bombardement mené par l’aviation sioniste sur Saïda le 28 novembre, le jour suivant la mise en œuvre de l’accord, sous prétexte de répondre à une violation des termes de l’accord. Cette agression flagrante a été renforcée par le fait que les États-Unis ont été prévenus, selon la « feuille de garanties », ce qui menace de faire voler en éclats l’accord à peine conclu.
La détention par l’entité sioniste du droit d’intervenir de cette manière, révélant la nature d’une entente secrète entre les États-Unis et les sionistes, rend l’accord précaire, susceptible d’éclater avant même l’arrivée de Trump.
En fin de compte, l’accord conçu sous l’administration de Biden semble destiné à intensifier les tensions et à prolonger le conflit. Il devient donc impératif de réexaminer cet accord, même en tenant compte de ses origines, car Netanyahu et Biden le veulent comme un prolongement de l’agression.
Par ailleurs, il est clair que Netanyahu a, par ses propres actes, détruit son objectif de créer une séparation entre les résistances à Gaza et au Liban.
Il convient de noter que cet objectif n’aurait pas pu se réaliser, en raison de sa nature intrinsèque et stratégique, même si l’accord de cessez-le-feu avait été couronné de succès comme prévu.
Ainsi, le Liban officiel (gouvernement et parlement) et la résistance ont fait de leur soutien à l’accord une responsabilité directe de la guerre menée contre le Liban, mettant cette responsabilité sur les épaules de Biden et de Netanyahu (les États-Unis et l’entité sioniste). Cela est encore plus pertinent lorsque ces deux leaders menacent l’accord par un bombardement qui pourrait entraîner un retour à la violence. Que signifierait en effet le droit d’attaquer à leur guise, ou à la première occasion ?
En résumé, l’accord de cessez-le-feu au Liban se trouve à un tournant : il doit être préservé ou, comme le souhaite Netanyahu, entraîner un retour à la guerre.