L’Italie enquête sur Shein pour des allégations de greenwashing
L’autorité italienne de régulation antitrust a récemment lancé une enquête concernant la société Infinite Style Services, responsable du site web du géant chinois de la fast fashion, Shein. Cette enquête vise à examiner des déclarations environnementales jugées “génériques, vagues, déroutantes et trompeuses”. Il est à noter qu’un nouveau cadre réglementaire européen contre le greenwashing sera mis en œuvre dans tous les États membres d’ici 2026.
Une accusation de greenwashing
Le 25 septembre, l’autorité de la concurrence italienne (AGCM) a annoncé l’ouverture d’une enquête sur Infinite Style Services Co., une entreprise basée à Dublin qui gère le site de Shein. L’AGCM met en exergue le caractère potentiellement trompeur des informations environnementales présentes sur le site. Ces allégations sont notamment formulées dans les sections intitulées “#SheinTheKnow”, “evoluShein” et “Social Responsability”.
Des promesses de durabilité douteuses
Selon l’AGCM, Shein chercherait à véhiculer une image de durabilité grâce à des affirmations qui manquent de clarté. Par exemple, le site présente une collection qualifiée de “durable”, alors même que ces vêtements ne peuvent pas être recyclés et que les consommateurs n’ont pas accès à des informations sur la proportion de fibres “vertes” utilisées. En outre, Shein affiche son engagement en faveur de la décarbonation, en contradiction avec les rapports de développement durable de 2022 et 2023 qui évoquent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Une étude menée par l’association environnementale “Les amis de la Terre” a révélé que la firme chinoise ajoutait quotidiennement entre 7 000 et 10 000 nouveaux modèles de vêtements, soit environ 1 million de produits, ce qui pourrait entraîner des émissions de CO₂ estimées entre 15 000 et 20 000 tonnes par jour.
Des conséquences potentielles pour Shein
En réponse à ces accusations, Shein a déclaré dans un communiqué son intention de respecter les lois et réglementations en vigueur et de garantir la transparence envers ses clients. Si l’AGCM conclut que Shein a effectivement usé de déclarations environnementales trompeuses, la société pourrait faire face à des amendes allant de 5 000 à 10 millions d’euros, un montant relativement faible au regard de son chiffre d’affaires de 32 milliards de dollars (environ 28,6 milliards d’euros) réalisé l’année dernière.
Les nouvelles réglementations européennes
Cette annonce intervient dans le contexte d’un renforcement des règles contre le greenwashing au sein de l’Union Européenne. D’ici 2026, ces nouvelles normes interdiront aux entreprises de formuler des déclarations environnementales vagues, telles que les mentions “économes en énergie” ou “respectueux de l’environnement”, sans preuves substantielles.
Par ailleurs, plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la France, les Pays-Bas et la Pologne, ont sollicité Bruxelles pour surveiller de près Shein et son concurrent Temu, notamment en ce qui concerne la vente de produits potentiellement dangereux. Fin juin, la Commission européenne avait déjà demandé aux deux entreprises des informations supplémentaires sur leur conformité au Digital Services Act (DSA) en matière de protection des consommateurs.