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Les nuits tropicales à Nice : un été insupportable
Cette année, la capitale azuréenne a vécu un été particulièrement éprouvant avec une série de 61 nuits où la température n’est pas descendue en dessous de 20 °C. Les conséquences s’avèrent sévères, notamment dans les secteurs très urbanisés.
Le témoignage poignant de Marie-Adeline Daumas
Lorsque Marie-Adeline Daumas a reçu les clés de son logement social, situé derrière la gare en plein centre de Nice, elle a ressenti une immense joie. « Je me suis dit : enfin, fini les galères », confie cette mère célibataire de deux enfants. Avec un espace lumineux et deux chambres, l’appartement semblait être un véritable havre de paix. Cependant, dès le premier été, en 2023, la réalité s’est avérée bien plus difficile. Son appartement T3 souffre d’une surchauffe insupportable, atteignant plus de 29 degrés dans la chambre de son fils. Chaque matin, ses enfants se réveillent en laissant des marques de sueur sur leurs matelas, fatigués et cernés.
La canicule écrasante de l’été 2024
Entre juillet et début septembre, Nice a subi plus de soixante jours de canicule, avec des températures diurnes atteignant 32 °C, mais ressenties comme 40 °C en raison de l’humidité ambiante. Même les zones habituellement plus fraîches, comme les fonds de vallées, ont enregistré des températures anormalement élevées, culminant à 36 °C. L’eau des plages a frôlé les 30 °C, et la nuit, les matériaux urbains relâchant la chaleur accumulée rendent toute possibilité de rafraîchissement impossible. Ainsi, la ville a expérimenté une succession de nuits qualifiées de « tropicales ».
Des conditions de vie difficiles dans les immeubles
Marie-Adeline vit dans un immeuble mélangeant logements sociaux et privés. Dans sa ruelle, deux entrées mènent respectivement aux appartements privés et sociaux. Alors que les logements privés bénéficient de climatiseurs, le bâtiment des logements sociaux est étrangement conçu, avec un patio créant un effet de puits de chaleur, ce qui rend l’air irrespirable.
À bout de nerfs, Marie-Adeline a dû se réfugier chez sa mère, qui réside dans un ancien immeuble aux murs épais. Là-bas, elle peut au moins aérer son espace. Malgré ses efforts pour contacter son bailleur, Unicil, aucune amélioration n’a été apportée. « On vit dans des conditions où on n’est pas respectés en tant qu’humains », déplore-t-elle, émue. Elle s’interroge : « J’aimerais que les bailleurs viennent passer une semaine chez moi l’été. Que je prenne leur baraque et qu’ils s’installent chez moi. Je leur laisse les clés. Peut-être qu’après on pourra discuter. »
Un problème amplifié par le réchauffement climatique
En janvier dernier, la Commission européenne avait déjà averti que le pourtour méditerranéen subissait les effets du réchauffement climatique plus rapidement que d’autres régions d’Europe. Les villes, à cause de l’artificialisation des sols, se retrouvent encore plus vulnérables face à ce phénomène, aggravant ainsi les situations de chaleur extrême.
Les conditions de vie dans des logements sociaux tels que ceux de Marie-Adeline illustrent donc les défis croissants posés par le changement climatique en milieu urbain, exacerbant les inégalités et rendant la vie insupportable pendant les périodes caniculaires.